Pour certaines organisations, remporter une ronde de séries éliminatoires constitue un exploit. Pas pour les Bruins de Boston.

Deux ans après avoir atteint la finale de la Coupe Stanley, Boston a été éliminé en deuxième ronde pour la seconde année consécutive, mercredi soir, contre les Islanders de New York.

Et cette fois, il est permis de se demander si on ne vient pas de vivre la fin d’un cycle. Deux éléments au cœur des succès des Bruins ces dernières années, Tuukka Rask et David Krejci, deviendront joueurs autonomes sans compensation à compter du 28 juillet.

Rask, 34 ans, offre encore des performances relevées, mais les blessures l’ont frappé durement ces dernières saisons. Il a joué diminué en séries et devra probablement se soumettre sous peu à une intervention chirurgicale.

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Tuukka Rask

Boston pourrait alléger sa masse salariale en confiant le filet au jeune Jeremy Swayman, épaulé par un adjoint d’expérience, l’an prochain, puisque Rask touchait 7 millions cette saison.

Krejci, 35 ans, a connu lui aussi une saison très productive, en saison régulière comme en séries, mais il avance en âge comme Rask et il coûte cher : 7,2 millions par saison.

« On verra, a lâché Rask, démoralisé, après l’élimination de son équipe en six matchs. Je n’ai aucune idée en ce moment. C’est une défaite difficile à accepter. Je vais m’accorder quelques nuits de sommeil, nous aurons nos réunions de fin de saison et on pourra ensuite planifier l’avenir. »

L’argent économisé avec les départs de Rask et Krejci pourrait permettre au DG Don Sweeney de combler des lacunes à d’autres positions.

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David Krejci (à droite)

La défense des Bruins a connu des ratés contre les Islanders, surtout après les blessures subies par Brandon Carlo et Kevan Miller.

On espérait en début de saison voir Matt Grzelcyk combler la perte de Torey Krug, mais on a sans doute sous-estimé l’apport de Krug, ou surestimé le potentiel de Grzelcyk.

Acquis pour un choix de troisième ronde le 11 avril, l’ancien défenseur du Canadien Mike Reilly a été le plus utilisé en séries après Charlie McAvoy et Carlo. Un autre ancien du CH, Jarred Tinordi, a disputé les trois derniers matchs des Bruins en raison des blessures.

Patrice Bergeron ne semble pas montrer de signes de vieillissement. Le trio qu’il forme avec Brad Marchand et David Pastrnak sera sans doute encore redoutable l’an prochain, mais le Québécois aura 36 ans cet été et il faudra songer à une relève au centre éventuellement, surtout si Krejci n’est pas retenu.

La relève des Bruins dans l’ensemble est mince. Boston a repêché une seule fois en première ronde lors des trois dernières années. Et cet unique choix, le centre John Beecher, a été sélectionné au 30e rang en 2019. Beecher a seulement 20 ans, il joue pour une bonne organisation à Michigan dans la NCAA, mais son potentiel offensif est très limité.

La banque d’espoirs en défense est mince également. Mais on se réjouit de la progression du choix de deuxième ronde en 2020, Mason Lohrei, ignoré à sa première année d’éligibilité l’année précédente.

Lohrei, 20 ans, vient d’être nommé le défenseur de l’année dans l’USHL (le circuit junior américain) avec 59 points en 48 matchs (l’espoir du CH, Sean Farrell, presque deux ans plus jeune, a mérité le titre de joueur par excellence avec 101 points en 53 matchs).

On devrait mieux mesurer le potentiel de Lohrei, un défenseur de 6 pieds 4 pouces, la saison prochaine à ses débuts à Ohio State, dans la NCAA, puisqu’il ne sera plus un doyen dans un circuit junior.

On a rappelé abondamment, ces dernières années, la gaffe de l’ancien directeur du recrutement des Bruins, Keith Gretzky, de repêcher successivement Jakub Zboril, Jake DeBrusk et Zach Senyshyn en première ronde en 2016.

Le sujet est revenu dans l’actualité ces dernières semaines lors de la série contre les Islanders, puisque le premier centre à Long Island, Mathew Barzal, était disponible lorsque les Bruins ont repêché leurs trois joueurs cette année-là, de même que Thomas Chabot, Kyle Connor, Brock Boeser et Sebastian Aho, entre autres.

Mais remâcher les erreurs du passé ne permettra pas aux Bruins d’avancer. À Sweeney de profiter des aubaines possibles à l’aube du repêchage de l’élargissement des cadres, ou des équipes coincées par le plafond salarial, pour combler des trous.

Les Bruins nous ont habitués ces dernières années à trouver des solutions surprenantes.