En novembre 2013, une centaine d’anciens joueurs de la Ligue nationale de hockey intentaient une poursuite judiciaire contre la LNH. Ils accusaient la ligue d’avoir failli à sa tâche de protéger les hockeyeurs des blessures à la tête et de ne pas les avoir prévenus des risques inhérents à la pratique de leur sport.

Cinq ans plus tard, Gary Bettman et les propriétaires de la LNH acceptaient de verser 18,9 millions à plus de 300 joueurs pour régler l’affaire hors cour.

Dans un tel contexte, il est toujours surprenant de voir d’anciens joueurs monter aux barricades pour protéger la culture de la violence au hockey dans des incidents regrettables comme celui dont a été victime Jake Evans, du Canadien, mercredi soir à Winnipeg.

« Une magnifique mise en échec, a lancé Sean Avery, un agitateur notoire à l’époque, sur Twitter. Ce sont les séries éliminatoires. Garde ta %$&$$ tête haute !!! Tu n’auras pas de passe-droit. Tu entends le train arriver ? C’est Mark Scheifele. Il va t’enterrer. C’est ce qui arrive quand tu te sens trop confortable avec les règles. Tu baisses ta garde. J’espère que le kid est correct, mais garde la tête haute. »

L’ancien défenseur Mike Commodore blâme aussi Evans sur le jeu. « Pas une seule fois il n’a regardé autour de lui après avoir traversé les cercles en zone offensive. Il regardait seulement la rondelle. Croyait-il que Winnipeg allait arrêter de jouer ? Contourner le filet n’était pas le jeu à faire non plus. Il aurait dû amener la rondelle dans le coin, écouler des secondes ou la passer à un coéquipier. Qu’aurait pu faire Scheifele ? Le laisser marquer ? Jouer la rondelle ? Scheifele n’est pas un joueur salaud. Evans s’est mis dans une position vulnérable. »

Avery et Commodore aiment se retrouver au centre de controverses. Mais ils ne sont pas les seuls à penser ainsi.

Ils seront probablement les premiers à exiger que Scheifele jette les gants contre l’un des plus costauds du Canadien, Joel Edmundson ou Josh Anderson, afin de faire respecter le « code ».

Voyez-vous l’extraordinaire contradiction dans laquelle se placent ces acteurs du milieu du hockey ? Dans un premier temps, on exige des millions à la LNH parce qu’on ne les a pas défendus adéquatement des coups à la tête, mais on défend et nourrit la culture de la violence dans le monde du hockey en protégeant les agresseurs et en blâmant les victimes.

Mark Scheifele n’a jamais cherché à empêcher Jake Evans de marquer dans un filet désert. Il commence à patiner à folle allure, en repli défensif, de la ligne bleue en zone défensive du Canadien.

S’il ne ralentit pas son élan en entrant en zone défensive, il a peut-être le temps de nuire à la tentative de marquer de l’attaquant du CH. Mais Scheifele ralentit pour mieux viser Evans.

Il ne se préoccupe même pas de la rondelle et frappe Evans au moment où le disque est déjà dans le fond du filet et alors que son adversaire est dans une position vulnérable.

La mise en échec, par définition, sert à séparer le joueur de la rondelle. Dans ce cas-ci, Scheifele cherche uniquement à faire mal à son jeune adversaire dans une cause perdue.

Scheifele n’a peut-être pas d’antécédents en termes de suspension dans la LNH, mais auparavant dans le match, il assène un coup de poing à Ben Chiarot, étendu sur la glace, sans casque. Clairement, on sent un joueur frustré et capable de poser un geste déplacé et dangereux.

Chapeau à Nikolaj Ehlers, l’attaquant des Jets, qui cherche à protéger Evans, inerte sur la glace, pendant que les joueurs des deux équipes se bousculent autour du joueur blessé. Un grand esprit sportif dans un monde où il n’y en a pas beaucoup.

Le Canadien a disputé son meilleur match des séries éliminatoires dans tout ça…

À lire

1- Mark Scheifele devrait être exclu pour le reste des séries, écrit Alexandre Pratt. Ça n’arrivera malheureusement pas…

2- Le Canadien vient de mettre sous contrat son espoir en défense Mattias Norlinder, choix de troisième ronde en 2019 obtenu dans l’échange de Max Pacioretty. Norlinder, 21 ans, a terminé l’année en force à Frolunda en amassé cinq points en sept matchs de séries éliminatoires. S’il ne parvient pas à mériter un poste au camp d’entraînement du CH, il disputera une saison supplémentaire en Suède.

3- « Un jeu hautement inhabituel ». C’est tout ce que l’entraîneur Paul Maurice a trouvé à dire pour protéger son meilleur attaquant Mark Scheifele après la rencontre.