La question a fait sourire Nate Thompson : comment comparer Carey Price à Connor Hellebuyck ?

En visioconférence, l’ancien du Canadien s’est gratté la tête. Et a commencé à patiner. Les deux sont « très, très bons ». Ils appartiennent à l’« élite ». Ils ont gagné le trophée Vézina…

« La seule différence, c’est que Price est dominant depuis plus longtemps », a fini par avancer Thompson, ne risquant pas de se tromper ni – surtout – de se mettre les pieds dans les plats.

PHOTO PERRY NELSON, USA TODAY SPORTS

Nate Thompson

Nombreux sont en effet les points communs entre les gardiens qui s’affronteront dans cette série de deuxième tour entre le Tricolore et les Jets. Tous deux sont des bourreaux de travail, qui affichent une technique et une mobilité impressionnantes pour des athlètes de leur gabarit. Leur calme et le contrôle de leurs émotions sont au nombre de leurs forces. Et surtout, ils marchent sur les eaux par les temps qui courent.

Price, ce n’est plus un secret pour personne au Québec et en Ontario, a été la principale raison expliquant que le Canadien ait vaincu les Maple Leafs de Toronto. Hellebuyck n’a pas été en reste, tenant en respect Connor McDavid et les Oilers d’Edmonton.

Les statistiques de l’Américain sont hors de ce monde : en quatre matchs jusqu’ici, il présente une moyenne de buts accordés de 1,60 et un taux d’arrêts de ,950. À ce chapitre, il éclipse notamment Price, qui n’a certainement pas à rougir de sa moyenne de 2,24 et de son taux de ,932.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Carey Price

Quand on continue de creuser, les deux portiers continuent d’épater. En 7 matchs face aux Leafs, Carey Price a « sauvé » 4,02 buts de plus qu’anticipé, statistique compilée par le site Evolve Hockey et qui indique le nombre de buts contre qu’un gardien a évités à son équipe par rapport à la qualité des tirs qu’il a reçus (GSAx, en anglais). En soi, il s’agit d’un accomplissement de taille. Or, un seul gardien a fait mieux : Hellebuyck, avec 6,82 buts sauvés en seulement 4 matchs.

Il n’y avait rien de surprenant, en somme, à entendre Blake Wheeler, capitaine des Jets, parler d’un « jeu de patience » pour qualifier la série à venir. Une partie d’échecs pendant laquelle chaque équipe attendra l’erreur de son adversaire pour en profiter.

Attaques timides

La remarque de Wheeler n’est pas sans fondement. Sur papier, les Jets constituent une équipe franchement mieux nantie que le Canadien en attaque. Or, contre des Oilers nettement moins doués défensivement que les Maple Leafs, ils ont présenté des statistiques offensives similaires à celles du CH.

On constate surtout que les Jets ont été légèrement plus opportunistes que le Tricolore. Ils ont, au demeurant, été meilleurs en avantage numérique. Du reste, en matière de lancers réussis, de tentatives de tirs et de chances de marquer de qualité à cinq contre cinq, les indicateurs sont comparables. Et dans les deux cas, ils n’ont rien de transcendant.

Voilà en outre que les deux clubs devront se mesurer à un gardien en pleine possession de ses moyens.

Pour Paul Maurice, entraîneur-chef des Jets, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver de quelle manière son équipe comme ses adversaires pourront marquer des buts. En créant « du chaos et de la confusion » devant le filet.

« On parle de temps et d’espace pour tous les joueurs ; pour un gardien, ça se traduit en distance des tirs et en temps alloué pour voir la rondelle arriver. Si on les lui donne, il fera l’arrêt », a-t-il expliqué.

À vue dégagée, cela prendra des tirs parfaits pour battre Price et Hellebuyck, a-t-il prévenu. « Mais comme tout le monde, s’ils ne voient pas d’où le disque arrive, c’est plus difficile de réagir. »

Nouveau canevas

S’ils veulent continuer à signer des performances à la hauteur de celles qu’ils ont offertes au premier tour, Price et Hellebuyck devront toutefois obtenir davantage d’aide que lorsque leurs équipes se sont affrontées pendant la saison.

En neuf duels, les deux équipes ont totalisé 59 buts – 31-28 à l’avantage des Jets. Chacune a signé trois victoires en temps réglementaire, et les Manitobains ont ajouté trois gains en prolongation.

Sans être étincelant, Hellebuyck a été le meilleur avec une fiche de 6-3-0, une moyenne de buts accordés de 2,67 et un taux d’arrêts de ,916. Il a éclipsé Price (2-1-1, 3,03 et ,903) et Jake Allen (1-2-2, 3,36 et ,860).

Josh Morrissey n’a que faire de toutes ces tendances : le moment est venu, selon lui, de les « jeter par la fenêtre ».

Après tout, a-t-il rappelé, les Oilers avaient largement eu l’avantage sur les Jets pendant la saison (7-2-0 et 34 buts contre 22), et ils n’ont même pas été en mesure de signer une victoire au premier tour.

« Ce qui s’est produit pendant la saison ne compte plus », a souligné le défenseur, avant d’ajouter que cette nouvelle série mettrait aux prises « deux équipes qui atteignent leur sommet [peak] au bon moment ». On s’attend à un duel serré, résolument défensif, pendant lequel on se battra pour chaque pouce de glace, a estimé Nate Thompson.

Ce sera, a encore répété Josh Morrissey, une série axée sur la « patience ».

Apparemment, on n’y échappera pas.

En bref

Pas d’ajustements

L’entraîneur-chef des Jets a eu une réponse pour le moins surprenante lorsque La Presse lui a demandé quels ajustements il souhaitait voir son équipe apporter à l’approche du premier match contre le Canadien, dont l’arsenal offensif ne compte sur aucun émule de Connor McDavid ou de Leon Draisaitl. « On espère n’en apporter aucun », a rétorqué Paul Maurice. Contre les Oilers, insiste-t-il, ses hommes ont joué de la même manière contre les quatre trios adverses. La remarque est flatteuse, mais on se permettra une petite réserve devant l’hypothèse que Jujhar Khaira ait reçu la même couverture que McDavid. Le Canadien arrivera dans le même état d’esprit que ses prédécesseurs, a tout de même ajouté Maurice : « Ils ne voudront rien nous donner de facile. »

Pas de confrontations

Même s’il semble évident qu’après avoir tenu en échec Auston Matthews, Phillip Danault se retrouvera devant le défi de contenir Mark Scheifele et le gros trio offensif des Jets, Paul Maurice ne s’est pas avancé sur les confrontations qu’il prévoit mettre en place à compter de ce mercredi soir. « On n’est plus dans les confrontations rigides qu’on aurait imposées il y a deux ou trois ans, a-t-il noté. Dès que la rondelle est en jeu, on y va avec ce qu’on voit. Je ne voudrais pas casser le rythme de mon équipe simplement pour garder des confrontations en place. » Blake Wheeler, pour sa part, a mis en garde ses coéquipiers de ne pas se « laisser frustrer » par un adversaire qui réussirait à les contrer efficacement. Une référence au principal trio des Maple Leafs ? On ne le saura jamais.

Pas d’amis

Le journaliste Luc Gélinas, de RDS, a demandé au Québécois Pierre-Luc Dubois, des Jets, s’il s’attendait à ce que quelques-uns de ses amis se retrouvent parmi les 2500 spectateurs qui ont désormais accès aux matchs disputés au Centre Bell. « J’ai vu le prix des billets, alors je ne sais pas trop si je vais avoir des amis là ! », s’est exclamé Dubois en riant, faisant référence aux droits d’entrée qui se sont négociés jusqu’à 10 000 $ pour le sixième match du Canadien contre les Leafs. Dans la même veine, Dubois a rappelé que même s’il affrontait le club de son enfance, celui qui lui a fait vivre des « moments très spéciaux », il sait que « dès la première mise au jeu, le premier tir, la première mise en échec, ce sera une équipe comme les autres ».