Quatorze mois après la dernière partie devant des spectateurs, les partisans du Canadien ont retrouvé avec joie les gradins du Centre Bell, samedi soir, à l’occasion du sixième match du Tricolore contre les Maple Leafs de Toronto, qui s’est conclu par une victoire des locaux.

« C’est le meilleur match que j’ai vu de ma vie ! J’ai encore des frissons », s’exclame Stefano Musacchio à sa sortie de l’aréna. À l’intérieur, l’ambiance était telle, dit-il, que les gradins semblaient complets, alors qu’ils n’ont accueilli que 12 % de leur capacité. Et surtout, ce n’était rien de comparable au hockey sur écran. « Je pense que je ne me suis jamais senti aussi heureux depuis un an et demi. Ça a valu la peine d’être patient », rigole Yannick Lecours.

Les minutes précédant la victoire, la nervosité a monté d’un cran sur la terrasse de La Cage, à l’extérieur de l’amphithéâtre, où se sont réunis des partisans et des passants curieux. Chaque tir bloqué par Carey Price provoquait un cri enthousiaste.

« Je suis excité, essoufflé, sans voix. Je suis passée à travers toutes les émotions ce soir », lance Nicolas Lauzon. Et il n’est pas le seul. L’euphorie collective a atteint un sommet au tir vainqueur de Jesperi Kotkaniemi, jusqu’à pousser certains partisans à faire fi des règles sanitaires à la sortie.

Entre les nombreuses accolades et les masques parfois absents, des policiers ont gardé la foule à l’œil, sans toutefois remettre de constats d’infraction en lien avec la Loi sur la santé publique, a rapporté le Service de police de la Ville de Montréal, tard samedi soir.

Quelques heures avant la mise au en jeu, les chandails bleu-blanc-rouge coloraient déjà les rues du centre-ville. Ils ont pris la poussière, cette année, et leurs propriétaires n’ont jamais été aussi emballés de les enfiler. « Je me sens comme un enfant ! », lance Mathieu Garceau, moins d’une heure avant le match. Il était là, le 10 mars 2020, pour la dernière partie au Centre Bell devant spectateurs.

« Avoir su que c’était la dernière fois, j’en aurais profité plus ! » De l’atmosphère, de la foule, des coups de patin sur la glace : rien n’égale l’expérience en aréna, s’entendent les partisans.

  • Laveir Batson et Lyndon Lauder sont au nombre des 2500 partisans du Canadien qui renouent avec le Centre Bell, samedi soir.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Laveir Batson et Lyndon Lauder sont au nombre des 2500 partisans du Canadien qui renouent avec le Centre Bell, samedi soir.

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  • PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

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« On est très excités de retrouver les joueurs. Ce sera différent pour eux aussi », croient Earl Ralph et sa femme, Susan, partisans du Tricolore depuis 20 ans. Samedi, avec quelque 2500 partisans, ils se sont époumonés pour encourager leur équipe.

Pour des raisons de distanciation physique évidentes, les spectateurs étaient divisés en 10 zones, avec chacune une entrée et des toilettes séparées. Il était interdit d’acheter de la nourriture et des boissons, et le port du masque était requis en tout temps.

Comme des heures d’arrivée ont été recommandées pour chaque zone, il y avait peu d’attroupements aux portes de l’amphithéâtre.

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Donald Poulin et Alexandre Jean ont déboursé 1500 $ pour leur place dans les gradins du Centre Bell.

Des places à 2000 $

Assis sur la terrasse de la Cage aux Sports, Alexandre Jean et Donald Poulin font le plein avant une soirée qui s’annonce grisante. À leurs pieds, des pancartes indiquent : « Pardonne-moi maman, j’ai vendu mon petit frère pour être ici ! »

C’est que les prix annoncés par le Canadien (entre 150 $ et 330 $) ont explosé sur les sites de revente, en raison de la forte demande. Alexandre et Donald ont déboursé 1500 $ pour leur place.

Un achat qu’ils ne regrettent pas le moindrement. « Un an et demi sans hockey, ça vaut ça », rigole Alexandre.

Sur place, des revendeurs demandaient jusqu’à 2000 $ pour un billet, a constaté La Presse. Pour un bon siège, il faut doubler la somme.

À quelques minutes du match, Justin Louis et Max Ehrlich étaient toujours à la quête de billets. Leurs premiers billets, achetés 600 $ au coin de la rue, ont été refusés à l’entrée. « C’était trop beau pour être vrai », se désolé Justin. Mais le jeune homme ne baisse pas les bras, décidé à casser sa tirelire s’il le faut. Ce soir, il ira voir le Canadien. « Ç’a été une pause difficile, mais on est de retour. »