(Toronto) Et si ce n’était qu’une question de repos pour Eric Staal ?

Il faudra reparler de cette théorie dans quelques matchs. Mais il était difficile de ne pas y penser, jeudi, en voyant aller le vétéran, frais comme rose. Même s’il n’a été employé qu’une dizaine de minutes, Staal était visible comme un gars qui en jouait 18.

En fait, il était visible comme il devait l’être à sa dernière saison au Minnesota, en 2019-2020, quand il avait amassé 47 points en 66 matchs et que son utilisation avoisinait les 17 minutes.

« Aucun doute, le repos a été un facteur, a tranché le vétéran, après l’entraînement optionnel de vendredi. Le Canadien avait un calendrier comprimé, c’était la même chose à Buffalo avec notre quarantaine. C’était une année folle. »

Une année folle ? Regardez un moment son emploi du temps des derniers mois.

  • Du 14 au 31 janvier : 10 matchs en 18 jours avec les Sabres de Buffalo ;
  • Du 1er au 14 février : les matchs des Sabres sont reportés en raison de cas de COVID-19 ;
  • Du 15 février au 25 mars : 22 matchs en 39 jours avec les Sabres ;
  • Du 26 mars au 4 avril : Staal est échangé au Canadien. Il conduit jusqu’à Montréal et doit se plier à une quarantaine de sept jours à son arrivée.
  • Du 5 avril au 10 mai : 21 matchs en 36 jours avec le Canadien.

Ajoutez à cela le fait qu’il a 36 ans, qu’il traînait une blessure en fin de saison, et qu’il fait tout ça pendant que sa conjointe et ses enfants sont demeurés au Minnesota, et ses performances très ordinaires à son arrivée à Montréal s’expliquent.

Dominique Ducharme l’a ensuite laissé de côté pour le dernier match de la saison, qui était sans enjeu, sous prétexte qu’il était blessé. Deux jours de congé et une semaine d’entraînement plus tard, Staal est sorti des blocs, jeudi. L’ancien des Hurricanes a généré des chances de marquer en plus de jouer avec robustesse.

« Avec la quantité de matchs qu’il y avait, c’était très exigeant, a admis Staal. On a assuré notre place en séries, donc on avait la chance de se reposer un peu. Je suis content d’où j’en suis physiquement. Je me sentais bien jeudi. Ça cliquait pour notre trio, Andy [Josh Anderson] bougeait bien, on était robustes et on était impliqués tôt dans le match. On doit continuer ainsi. »

En fait, il se sent si bien qu’il faisait partie des 18 patineurs qui ont participé à l’exercice optionnel. Phillip Danault, Artturi Lehkonen, Jake Evans, Ben Chiarot, Joel Edmundson et Carey Price sont les seuls qui n’ont pas chaussé les patins.

Après Staal, Kotkaniemi ?

Sa fin de saison difficile faisait en sorte qu’ils étaient plusieurs, sur le perron d’église virtuel, à exiger que Staal amorce les séries dans les gradins. C’était d’autant plus vrai que sa présence condamnait un jeune centre (Evans ou Jesperi Kotkaniemi) à une exclusion de la formation.

Evans a gagné son poste en fin de saison, donc Kotkaniemi a été laissé de côté jeudi. Maintenant, la possible blessure à Evans – qui a quitté le match de jeudi après deux périodes – ouvre la porte au numéro 15 du CH.

À l’entraînement vendredi, Kotkaniemi évoluait dans l’une des deux vagues de l’avantage numérique, prenant la place de Joel Armia. Ce dernier était pourtant sur la patinoire, mais pas dans les exercices de 5 contre 4. Evans était absent et son statut pour samedi demeure incertain.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

Après la séance, le jeune Finlandais s’est imposé des exercices additionnels de tirs depuis le cercle gauche avec l’entraîneur adjoint Alex Burrows. Il a ensuite retraité au vestiaire, tandis que Cole Caufield – lui aussi candidat à un retour si Evans doit s’absenter – a fait des minutes supplémentaires avec les surnuméraires.

Kotkaniemi a connu une fin de saison atroce : aucun but, 4 passes en 24 en matchs, avec un différentiel de -8, malgré le fait qu’il jouait en avantage numérique.

Ducharme n’a pas confirmé le retour dans la formation de Kotkaniemi, mais son enthousiasme cachait mal ses intentions.

« J’ai vraiment aimé sa semaine, a lancé l’entraîneur-chef. On a eu du temps pour travailler avec lui. Ça s’en vient. Il y a des chances qu’il soit « sharp » et prêt à jouer. » Dans une autre réponse, il ajoutera : « Avoir du temps de qualité pour s’entraîner, ça peut faire une différence pour un jeune. On s’attend à ce qu’il soit solide. »

L’été dernier, Kotkaniemi avait réagi positivement après la longue pause attribuable à la pandémie et avait connu de bonnes séries. Ducharme sera le premier à souhaiter que l’histoire se répète.

En bref

Faire à nouveau connaissance

Staal et son ailier droit Corey Perry se connaissent depuis un bout. En tant que compatriotes canadiens, joueurs dominants pendant une bonne partie de leur carrière et issus tous les deux du formidable repêchage de 2003, leurs destins se sont souvent croisés. Ils ont donc joué ensemble au Championnat du monde des moins de 18 ans de 2002, de même qu’aux Jeux de Vancouver. « À Vancouver, j’étais à l’aile avec lui et Ryan Getzlaf, s’est souvenu Staal. Ça a changé ensuite, mais on a une certaine familiarité dans ce type de matchs, quand l’intensité grimpe. J’aime jouer avec lui, car je sais qu’il sera là et qu’il fera tout ce qu’il faut. »

Un but mémorable

Le sublime but inscrit par Paul Byron jeudi a alimenté les discussions 24 heures plus tard. Le cliché du photographe Mark Blinch est vite devenu viral, mais pour Byron, il y avait plus. « Ma femme m’a envoyé une vidéo. C’était formidable de voir les enfants réagir au but », a reconnu le petit ailier. Le but gagnant du premier match a donc été inscrit par un joueur balancé trois fois au ballottage cette saison – pour de pures raisons administratives, certes – mais le traitement qu’il a subi ne reflétait visiblement pas son importance dans l’équipe. Byron est d’ailleurs un des adjoints au capitaine, Shea Weber. « Je sais que ça n’a jamais été personnel envers moi. Je sais que l’entraîneur et le directeur général m’aiment, ils me veulent dans l’équipe. Tu peux être au ballottage une journée, et le soir même, t’es dans la formation et tu joues en prolongation. »