Disons les choses comme elles le sont : on ne s’est pas bousculé au portillon, cette année, pour participer au Championnat du monde de hockey.

Après une saison écourtée, mais épuisante, nombreux sont les joueurs vedettes exclus des séries éliminatoires qui ont décliné l’invitation à aller défendre les couleurs de leur pays.

Bien que, chaque année, cet évènement permette à de jeunes joueurs de s’illustrer sur la scène internationale, la formation canadienne qui amorcera vendredi son tournoi à Riga, en Lettonie, est plus verte que jamais.

Pas moins de 10 des 25 joueurs invités par le directeur général Roberto Luongo sont nés en 1999 ou après – on pourrait même dire 11 sur 26, puisque le défenseur Kevin Bahl, blessé, a été remplacé par Jacob Bernard-Docker.

Le Québécois Nicolas Beaudin fait partie de ces jeunes loups qui ont répondu à l’appel qui leur a été lancé.

Il n’était jamais allé en Europe, il n’avait jamais représenté le Canada à une compétition internationale, la fin de saison en queue de poisson des Blackhawks de Chicago l’a laissé sur sa faim et il vient de passer la dernière campagne à faire la navette entre l’équipe principale, son escouade de réserve et son club-école de Rockford.

Il n’a exprimé qu’une seule réserve : « Je ne voulais pas venir jusqu’ici pour ne pas jouer, a-t-il dit en entrevue téléphonique avec La Presse. Je leur ai fait savoir, et ils m’ont rassuré. »

Le manque d’expérience de cette très verte équipe canadienne sera compensé par la vitesse et le talent, assure Beaudin. Au cours des premiers entraînements du groupe, il a constitué ce qui sera probablement le troisième duo de défenseurs du club avec Bernard-Docker, des Sénateurs d’Ottawa.

Il a également l’occasion de voir à l’œuvre Owen Power, géant de 6 pi 5 po qui pourrait bien devenir le tout premier choix du repêchage de 2021. « Il est gros, il patine bien, il est fluide, il est intelligent avec son bâton… Ça devrait bien aller pour lui. »

Le groupe est dirigé par l’ex-entraîneur des Golden Knights de Vegas Gerard Gallant, qui est assisté par André Tourigny et Mike Kelly.

« Ils sont vraiment easy going, raconte Beaudin. Ils veulent juste qu’on ait du fun et qu’on compétitionne. On va s’amuser, c’est certain ! »

En dents de scie

Au Mondial, Beaudin pourra conclure sur une bonne note une saison qui a été mi-figue, mi-raisin pour lui.

Après avoir amorcé la campagne dans l’escouade de réserve des Hawks, il a été rapatrié pour remplacer Adam Boqvist après que celui-ci eut contracté la COVID-19. Pendant les quelques semaines qu’a duré son rappel, il a été le meilleur pointeur des défenseurs de l’équipe – 5 points en 11 matchs. Lorsqu’il a retrouvé la santé, Boqvist a toutefois repris son poste, au détriment du Québécois. Beaudin n’a ensuite été employé que sporadiquement dans la LNH.

Il affirme ouvertement qu’il n’était « pas d’accord » avec la décision de le retirer de la formation alors qu’il se croyait en bonne posture. Il se réjouit toutefois d’avoir bien fait dans la Ligue américaine (10 points en 9 matchs à Rockford). Il est aussi conscient que son accession au hockey professionnel implique ce genre de reculs.

Surtout, il sait que son équipe est en transition. Les Hawks ont livré des performances supérieures aux attentes qui les ont tenus au plus fort de la course aux séries éliminatoires, mais l’effondrement observé en fin de parcours a ramené tout le monde à la réalité.

« Il faut juste laisser aux jeunes le temps d’arriver à maturité, estime le défenseur de 21 ans. On doit apprendre à être plus constants. Avec cette grosse année dans la LNH derrière la cravate, ce sera plus facile. Plus ça va aller, meilleurs on va être. »

Selon lui, les Hawks seront particulièrement dangereux d’ici « deux ou trois ans ».

Modèles

Il y a à peine plus d’un an, Beaudin faisait parler de lui après que son tout premier match dans la LNH avait été le dernier de la saison 2019-2020, écourtée par la pandémie de COVID-19.

Il avait alors témoigné pour dire à quel point il avait été impressionné par Duncan Keith, son partenaire ce soir-là.

Passer une saison complète en compagnie du vétéran n’a fait qu’accroître le respect qu’il lui voue. « Il a un impact incroyable, s’exclame Beaudin. Il a 37 ans, mais c’est le gars le plus en forme de l’équipe. C’est hallucinant de le voir compétitionner soir après soir, manger de grosses minutes comme ça. »

La saison 2021 a aussi été celle au cours de laquelle Patrick Kane a rappelé à toute la LNH qu’il n’avait pas dit son dernier mot. Ses 66 points en 56 matchs l’auraient fait flirter avec une récolte de 100 points sur un calendrier de 82 rencontres, et son nom a longtemps circulé comme un candidat potentiel au trophée Hart.

« Peu importe que ce soit un jeu pendant un match ou un exercice à l’entraînement, il veut gagner, explique le Québécois. Il ne chiale jamais, il s’attarde aux petits détails. Ça nous aide beaucoup, nous, les plus jeunes. »

Côtoyer ces futurs membres du Temple de la renommée rappelle à Beaudin à quel point il est impatient de « chaque jour vouloir en faire plus, faire la différence ». Mais il sait bien qu’il doit encore mettre des matchs au compteur avant d’accéder au niveau auquel il aspire.

« Je pense que j’ai tous les outils. Je me sens prêt à faire le saut à temps plein », conclut-il.