Jarmo Kekalainen aura donc une deuxième chance à Columbus.

Son éternel complice, John Davidson, revient dans le giron de l’équipe après son congédiement inattendu à New York, et le DG Kekalainen a signé une prolongation de contrat de deux ans à celle dont l’échéance se terminait en 2023.

Kekalainen aura donc les coudées franches pour entamer une reconstruction complète, sans craindre pour son poste avant plusieurs années.

Son coup de poker, en 2019, a fait reculer l’équipe de plusieurs années. Les Blue Jackets ont surpris le Lightning en première ronde, mais perdu en six matchs contre Boston au tour suivant.

L’acquisition de Matt Duchene à la date limite des échanges cette année-là a coûté un choix de première ronde. Heureusement, les espoirs cédés aux Sénateurs n’étaient pas très bons. Kekalainen a aussi cédé deux choix de deuxième ronde pour Ryan Dzingel.

Le choix de se séparer de Sergei Bobrovsky et Artemi Panarin, deux éventuels joueurs autonomes sans compensation sans la moindre volonté de revenir à Columbus, aurait été douloureux, mais Kekalainen aurait pu obtenir d’excellents choix et des espoirs pour ces deux joueurs.

Columbus aurait aisément pu se retrouver avec au moins quatre choix de première ronde en 2019 et au moins trois ou quatre choix de deuxième ronde. Le club s’est plutôt retrouvé les mains vides : une élimination plutôt rapide, deux choix de quatrième ronde et un choix de septième.

Le club a réussi à mériter une place en séries l’année suivante, sans Panarin, Bobrovsky, Duchene et Dzingel, mais on a assisté à la débandade cette année.

De tels paris à l’aube des séries sont rarement payants. Columbus ne constituait pas un club de tête et l’équipe n’avait jamais remporté la moindre ronde de séries éliminatoires en 18 ans d’histoire. Le noyau de l’équipe n’avait donc pas vécu ensemble quelques printemps prolongés, de façon à acquérir une certaine « culture » des séries.

Les Capitals ont eu besoin de plusieurs saisons d’expérience en séries avant de gagner la Coupe. Idem pour les Blues et plusieurs autres formations. Les Golden Knights de Vegas constituent l’exception du siècle et ont peut-être permis à certains dirigeants de rêver. Bâtir un « momentum » au fil des printemps constitue presque un prérequis essentiel pour espérer gagner la Coupe.

Kekalainen a néanmoins appris de ses erreurs. Il a échangé Josh Anderson au Canadien avant de le perdre sans rien obtenir en retour à la fin de la saison actuelle, puisque cet attaquant de puissance refusait, comme Panarin et Bobrovsky, de signer une prolongation de contrat avec le club.

Malheureusement pour les Blue Jackets, Kekalainen s’est à nouveau retrouvé coincé dans un contexte difficile ; la valeur d’Anderson n’était pas très élevée à la suite de sa saison d’un but en 26 matchs et d’une sévère blessure à l’épaule.

Il y a ensuite eu l’épisode de Pierre-Luc Dubois, incapable d’en endurer davantage de l’entraîneur-chef John Tortorella. Une fois de plus, Kekalainen a été forcé d’effectuer une transaction avec le fusil sur la tempe.

On repart en neuf à Columbus. Tortorella a déjà fait ses valises. Les Blue Jackets détiennent trois choix de première ronde, après avoir cédé les vétérans Nick Foligno et David Savard à des clubs aspirants à la Coupe lors de la date limite des échanges.

Obtenu dans l’échange de Dubois, Patrik Laine ne constitue pas l’attaquant parfait en raison de ses carences en défense, mais avec un entraîneur compatissant et un centre de qualité, il peut en marquer 40.

Le dossier le plus important se situe cependant en défense. Il reste une année de contrat à Seth Jones, l’un des meilleurs de la LNH à sa position. Si Kekalainen parvient à le mettre sous contrat à long terme, en compagnie de Laine, le DG des Blue Jackets enverra un message clair au monde du hockey et Columbus pourrait redevenir une destination intéressante.

Mais pour convaincre Seth Jones de renoncer à son autonomie complète en 2022, il devra lui promettre une réinitialisation, ou une reconstruction écourtée. À 27 ans en octobre, Jones voudra jouer pour une équipe compétitive avant ses 30 ans. Ça forcerait donc le DG à prendre quelques raccourcis.

Le métier de DG est plus complexe qu’on pourrait le croire…

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1- Yves Boisvert et Léa Stréliski, un duo de choc pour nous divertir à quelques heures du premier match de séries éliminatoires du Canadien !

2- C’est la faute à Gretzky, mais aussi à Bob McKenzie, si le Canadien et les Maple Leafs ne se sont pas affrontés en séries en 1993. Mais le CH aurait-il gagné la Coupe ? Un texte de Philippe Cantin.

3- Portrait statistique de cette série entre le Canadien et les Leafs.