(TORONTO) Van Halen, AC/DC et Guns N’ Roses… Le responsable de la musique des Maple Leafs de Toronto a fouillé loin dans sa collection de cassettes pour animer la séance du jour !

Parce que oui, les Maple Leafs s’entraînent avec la musique dans le tapis, chose peu commune dans la LNH, mais que l’entraîneur-chef Sheldon Keefe a introduite à son arrivée en poste, quelques mois avant la pandémie. L’avantage numérique de Toronto est impressionnant à voir aller, l’effet est encore plus fort au son de Paradise City.

Les choix étaient toutefois étonnants, pour une équipe dont le noyau est composé de joueurs qui n’étaient pas encore nés le soir où Axl Rose a décidé que sa journée de travail était terminée, par un soir d’août 1992 à Montréal. Avec les résultats que l’on connaît.

Mais oubliez Auston Matthews et Mitchell Marner un moment : cette même équipe amorcera les séries éliminatoires avec neuf trentenaires et un quadragénaire dans sa formation. Eux aussi ont leur mot à dire dans le choix de la musique !

Un groupe « différent »

La priorité accordée par Dominique Ducharme aux vétérans fait beaucoup jaser à Montréal, mais à Toronto aussi, on se fie beaucoup à des joueurs en fin de parcours.

Le meilleur exemple ? Le quatrième trio des Leafs, composé de Joe Thornton, Jason Spezza et Wayne Simmonds. Thornton a connu sa meilleure saison en 2005-2006 ; Spezza, en 2007-2008. Simmonds est la petite jeunesse de ce trio, à 32 ans.

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

À 32 ans, l’ailier droit Wayne Simmonds est la petite jeunesse du trio vintage des Leafs. Il apporte une touche de papier sablé à l’équipe torontoise. On le voit ici s’expliquant avec le défenseur Ben Chariot à Toronto le 13 janvier 2021.

Ces trois joueurs totalisent 3804 matchs dans la LNH, comparativement aux 2706 matchs de l’unité Perry-Staal-Anderson du Canadien. Dans une LNH où la jeunesse a prétendument la cote, l’image est forte.

« Les six ensemble, on totalise beaucoup de matchs ! a reconnu Simmonds, en riant. Notre trio veut jouer de façon simple, en fond de zone adverse, on veut aller au filet et limiter nos erreurs. Mais on veut aussi avoir un gros impact dans notre équipe. »

Spezza était là la saison dernière, quand les Torontois ont été éliminés dès la ronde préliminaire. « On est un groupe très différent », a-t-il observé, en visioconférence, après l’entraînement.

PHOTO JEAN-YVES AHERN, USA TODAY SPORTS

Jason Spezza fait partie du trio vintage des Leafs : il a connu sa meilleure saison en 2007-2008. On le voit ici devant le gardien Jake Allen (34) et le défenseur Alexander Romanov (27) au Centre Bell le 12 avril.

Difficile de le contredire. En plus de Thornton et de Simmonds, Kyle Dubas a ajouté à sa formation Nick Foligno, Riley Nash, T.J. Brodie et Zach Bogosian depuis l’élimination de l’été dernier, tous des joueurs dans la trentaine avec plus de 500 matchs de métier dans la LNH.

La différence, cependant, est qu’à Toronto, ces choix ne se font pas au détriment d’espoirs qui font saliver les partisans. À l’entraînement de mercredi, Alex Galchenyuk, Pierre Engvall et Adam Brooks étaient vêtus de l’infâme chandail gris qui identifie les réservistes. Pas de future vedette ici, bien qu’à Montréal comme à Toronto, on retrouve parmi les surnuméraires un joueur sélectionné au 3rang par le CH…

Bref, les Leafs misent eux aussi sur l’expérience.

Ce que tu apprends avec l’expérience, c’est l’intensité des matchs des séries. Tu dois aussi être calme avec la rondelle. Souvent, en séries, ça patine et ça frappe, mais tu dois laisser le calme revenir. En tant que vétéran, tu peux davantage contrôler les émotions d’une série et transmettre ça à tes coéquipiers.

Jason Spezza

L’expérience est une chose, mais les Leafs ont aussi ajouté une touche de papier sablé qui leur manquait lors de leurs éliminations hâtives des dernières années.

Ainsi, la formation projetée pour le duel de jeudi compte huit visages différents par rapport aux 18 patineurs qui ont disputé le dernier match des Leafs lors des dernières séries. Au nombre des disparus, on retrouve notamment Tyson Barrie, Kasperi Kapanen et Andreas Johnsson.

Ce qui fait dire à Sheldon Keefe que son équipe est mieux outillée pour le hockey plus robuste qui se joue en séries, en réponse à un confrère qui l’interrogeait sur les ajouts de Foligno, Simmonds et Bogosian.

« On est bien plus gros, plus expérimentés, plus confiants dans ces situations. Tu as oublié Thornton, mais c’est un gros gars fort, un compétiteur, et il en a été un toute sa carrière. On est bien équipés pour faire face à ces situations. »

Sandin, l’exception

Il y a toutefois un joueur chez les hommes en bleu qui a droit au bénéfice du doute malgré son inexpérience. C’est Rasmus Sandin.

PHOTO JOHN WOODS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Nick Foligno (71) et Rasmus Sandin (38)

Chez le Canadien, le retour de Shea Weber a forcé Dominique Ducharme à choisir entre Alexander Romanov et Jon Merrill. À Toronto, le retour de Bogosian plaçait Keefe devant le même dilemme, cette fois entre Sandin et Travis Dermott. L’entraîneur-chef a opté pour Sandin, du même âge qu’Alexander Romanov et repêché neuf rangs avant le Russe du CH en 2018.

Sandin n’a disputé que neuf matchs cette saison, mais son potentiel offensif lui vaut déjà une place au sein de la première unité d’avantage numérique. « Il a eu sa chance et il l’a saisie », a observé Spezza.

« Ce que j’aime le plus de lui est son habileté à faire circuler la rondelle, a analysé Keefe. Il place bien la rondelle pour nos attaquants. C’est un compétiteur qui n’a pas peur de la robustesse. C’est pourquoi il va très bien s’ajuster au hockey des séries. »

En bref

Deux unités équilibrées

L’avantage numérique a occupé les Leafs pendant une bonne portion de leur entraînement. Depuis le 1er mars, les Torontois viennent au 30rang de la LNH avec une efficacité de 10,3 %, malgré une force de frappe terrifiante. Contrairement à Ducharme, qui a composé une première unité bien plus forte que la deuxième, Keefe a opté pour deux unités équilibrées : Matthews, Marner, Thornton, Sandin et Zach Hyman au sein de la première, Spezza, Simmonds, John Tavares, William Nylander et Morgan Rielly au sein de la seconde. Une unité toute puissante a aussi eu droit à quelques répétitions : Matthews, Marner, Tavares, Nylander et Sandin. Une brochette de talent non sans rappeler la distribution d’Ocean’s 13.