Survol des exploits, des désastres et des curiosités qui ont ponctué la saison 2021 dans la LNH

Pas si puissants, les Canards

L’histoire s’est écrite chez les Ducks d’Anaheim, mais peut-être pas comme on l’aurait souhaité là-bas. En ne convertissant que 8,9 % de leurs chances en avantage numérique, les Canards ont en effet établi un record de médiocrité depuis 1977-1978, soit depuis que la LNH compile cette statistique. Pendant la saison entière, l’attaque massive des Ducks n’a inscrit que 11 buts : quatre joueurs du circuit en ont réussi autant sinon davantage sur une base individuelle. Aussi, quatre équipes ont maintenu, à cinq contre cinq, une cadence égale ou supérieure à 2,89 buts en 60 minutes, soit celle qu’ont affichée les mêmes Ducks en avantage numérique.

Où ça, la parité ?

La division Nord était-elle la plus faible de la LNH cette saison ? Ça dépend de la manière dont on aborde les choses. En regardant les performances des équipes à travers le circuit, on remarque facilement qu’il y avait moins de véritables puissances parmi les équipes canadiennes, hormis sans doute les Maple Leafs de Toronto. Par contre, il y avait surtout moins de candidates sur lesquelles les meilleurs clubs ont pu s’essuyer les pieds à répétition. Depuis une quinzaine d’années, la ligue vante sa proverbiale parité, qui fait en sorte que « n’importe qui peut battre n’importe qui ». Ç’a rarement été aussi faux que cette saison. En maintenant leur rythme de croisière pendant 82 matchs, neuf équipes auraient franchi la barre des 110 points au classement, et neuf autres en auraient récolté moins de 75. Depuis le lock-out de 2004-2005, une saison normale voit en moyenne 2,5 équipes s’immiscer dans la première catégorie, et 4 dans la deuxième. Ce calendrier et cette répartition des équipes ont creusé l’écart entre les meilleures et les pires.

Le balai des Oilers

Les longues séries de 8 à 10 matchs entre les adversaires des différentes divisions ont rendu improbables les balayages complets d’une série. Les Oilers d’Edmonton ont pourtant réalisé l’exploit en signant neuf victoires en temps réglementaire en neuf rencontres contre les Sénateurs d’Ottawa. Les dominations comparables ? Le Canadien de Montréal de 1944-1945, qui a conservé une fiche de 10-0-0 contre les Bruins de Boston. Sinon, le même Canadien, qui, cette fois en 1954-1955, a battu 11 fois les Black Hawks de Chicago, laissant tout de même trois points sur la table à la suite de trois matchs nuls. Cette saison, les Oilers ont dominé les Sénateurs 41-18 au chapitre des buts, propulsés par les 21 points chacun de Connor McDavid et de Leon Draisaitl.

L’Avalanche aux commandes

PHOTO ISAIAH J. DOWNING, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Nathan MacKinnon, de l’Avalanche du Colorado

Si jamais vous perdez la rondelle de vue pendant un match de l’Avalanche, déplacez votre regard vers un joueur du Colorado, car c’est probablement lui qui l’a sur son bâton. L’Avalanche a complètement dominé la ligue en ce qui a trait à la possession de rondelle, obtenant presque 58,74 % des tentatives de tir à cinq contre cinq, plus de 4 points de pourcentage de plus que son plus proche poursuivant — le Canadien, à 54,50 %. Nathan MacKinnon et sa bande ont également dominé la colonne des chances de marquer de qualité dans la même proportion (58,46 %), selon le site de statistiques avancées Natural Stat Trick. Pas surprenant, dans ces circonstances, que sept joueurs de cette équipe se classent parmi les 11 meilleurs de la ligue en possession de rondelle (indice Corsi) lorsqu’ils sont sur la glace !

Duels inégaux sur Broadway

Vous vous êtes arraché les cheveux en voyant les jeunes joueurs de centre du Canadien perdre des mises en jeu toute la saison ? Vous vous seriez sans doute senti mieux si le Tricolore avait disputé quelques matchs contre les Rangers de New York. Non seulement les Blue Shirts ont présenté la pire fiche du circuit à ce chapitre (44,5 %), mais ils sont passés tout près du plancher historique de 44,1 % établi par le Lightning de Tampa Bay en 1997-1998, saison au cours de laquelle la LNH a commencé à compiler cette statistique. Le seul attaquant des Rangers qui a atteint la barre des 50 % est le Québécois Julien Gauthier. Il a été mis à contribution… huit fois.

Jeunesse masquée

PHOTO NICK WASS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Vitek Vanecek, des Capitals de Washington

Ils s’appellent Vitek Vanecek, Kevin Lankinen, Igor Shesterkin, Kaapo Kahkonen, Alex Nedeljkovic, Ilya Sorokin… Un vent de fraîcheur souffle devant les filets au sud de la frontière. Les gardiens recrues ont signé 154 victoires cette saison dans la LNH, un sommet depuis les 222 de 2013-2014. Et en reportant ces 154 gains sur une saison de 82 matchs, il faut remonter à 2005-2006 pour trouver une valeur nettement supérieure (271). La COVID-19 et le plafond salarial fixe ont sans doute contribué aux chances accordées à ces portiers au rabais, mais le talent a également pesé lourd dans la balance. Après quatre saisons complètes dans la Ligue américaine, Vanecek a supplanté Ilya Samsonov en montrant qu’il était prêt à affronter la tempête à Washington. Et en Caroline, Nedeljkovic aurait bien pu s’inviter dans la course au trophée Vézina s’il avait joué davantage. Ses statistiques (15-5-3, 1,90 et ,932) n’en sont pas moins spectaculaires.

Les Sabres de Buffalo

Cette équipe a connu une année si pitoyable qu’il convient de lui consacrer une catégorie à elle seule. Éclosion monstre de COVID-19, blessures à la chaîne, changement d’entraîneur, mécontentement du capitaine : il n’y a rien que ce club n’ait pas vécu depuis le mois de janvier. Nous avons retenu trois chiffres révélateurs. D’abord, les Sabres ont envoyé six gardiens différents devant leur filet, dont le bon vieux Dustin Tokarski, élu première étoile de la semaine du 12 avril. C’est évidemment un sommet dans la ligue. Ensuite, on retrouve à Buffalo le pire rapport qualité-prix de la ligue avec le duo de Jeff Skinner (14 points, 9 millions) et de Kyle Okposdo (13 points, 6 millions). Enfin, impossible de passer sous silence la séquence de 18 défaites consécutives qui a égalé un record de la LNH. Une année à oublier, dites-vous ?

Pas si ensoleillé à Philadelphie

Si vous ne connaissez pas la malédiction des gardiens de but à Philadelphie, vous ne devez pas regarder le hockey souvent. Grâce au jeune Carter Hart, les Flyers croyaient ENFIN avoir chassé la guigne qui les afflige depuis le milieu des années 1980. Les exploits qu’a réalisés cette ex-gloire de l’équipe canadienne junior, la saison dernière, laissait présager un avenir florissant devant le filet à Philly. Erreur. Le pauvre Hart, dont la saison a été écourtée par une blessure, a conclu la campagne avec un terrorisant taux d’arrêt de,877, le pire en plus de deux décennies pour un gardien ayant effectué au moins 25 départs dans une même saison. Il faut remonter à 1999-2000 pour retrouver une valeur inférieure. Damian Rhodes, des Thrashers d’Atlanta, avait alors affiché un famélique taux de ,874.

Comme au temps de Mario

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Auston Matthews, des Maple Leafs de Toronto

Les statistiques surréelles de Connor McDavid ont presque fait oublier à la LNH qu’Auston Matthews a lui aussi vibré au rythme des années 1990. Avec 41 buts en 51 matchs, l’Américain a maintenu une cadence équivalant à 66 buts sur 82 matchs, la performance la plus électrisante depuis les 69 buts (!) de Mario Lemieux en 70 matchs (!!!) en 1995-1996. Comme Matthews a raté 4 matchs cette saison, nous avons projeté que sa production aurait pu atteindre les 60 buts en 75 joutes, un seuil atteint seulement trois fois depuis 25 ans par Steven Stamkos (60 buts, 2011-2012), Alexander Ovechkin (65 buts, 2007-2008) et Jaromir Jagr (62 buts, 1995-1996).

Trop cher en arrière

De combien de millions de dollars un défenseur a-t-il besoin pour mener son équipe aux séries éliminatoires ? La question peut sembler absurde, mais un coup d’œil à la liste des 10 défenseurs les mieux payés du circuit laisse songeur. Seulement trois des dix arrières qui pèsent le plus lourd sur la masse salariale de leur club respectif continueront de jouer au hockey au cours des prochaines semaines : Roman Josi (3e), Alex Pietrangelo (5e) et John Carlson (8e). Autrement, trois des quatre plus riches — Erik Karlsson, Drew Doughty et P. K. Subban —, qui valent ensemble 31,5 millions, sont déjà en vacances ou le seront incessamment. Le phénomène est l’exact contraire chez les gardiens, puisque sept des dix mieux payés, y compris les cinq premiers, seront du détail. Le constat est plus mitigé chez les attaquants, avec quatre membres du top 10 en séries. Encore que trois d’entre eux jouent pour les Maple Leafs…

Toutes les statistiques datent d’avant les matchs du jeudi 13 mai. Même si la saison n’est pas officiellement terminée, 99 % des rencontres ont été disputées. Les tendances observées ne changeront donc pas, sinon de manière négligeable.