Maxime Talbot ne panique pas à voir Cole Caufield manger du popcorn dans les gradins pendant que ses futurs coéquipiers luttent pour une place en séries.

« Qu’il joue deux ou six matchs dans la Ligue américaine ne changera rien à son développement », lance l’ancien attaquant des Penguins de Pittsburgh, devenu l’un des lieutenants de l’agent Pat Brisson au Québec.

« Il serait bien aussi avec Joël Bouchard à Laval, mais les deux scénarios ont une valeur. Pour lui avoir parlé récemment, il est excité d’être là. Je le regardais dans la loge, avec Brendan Gallagher, c’est bon, ça aussi, pour son développement. »

En temps normal, Talbot aurait déjà invité Caufield à souper quelques fois pour jaser de hockey et de la vie. Le premier choix du Canadien en 2019 (15e rang) habiterait peut-être même chez lui !

« On en a discuté, admet-il. Mais avec la COVID, et trois enfants en bas âge à la maison, ça n’aurait pas été sage. Il est bien installé dans sa bulle. »

Notre homme joue un peu le conseiller en appui à l’agent plus officiel de Caufield, Matt Williams, membre de la firme CAA appartenant à Pat Brisson.

Talbot avait servi de grand frère à Nathan MacKinnon à l’époque au Colorado. Les deux étaient coéquipiers avec l’Avalanche. Le premier en fin de carrière, le second à sa deuxième saison. « Il avait habité chez Jean-Sébastien Giguère à sa première saison, puis chez moi la deuxième année. On venait [sa conjointe, l’ancienne patineuse artistique Cynthia Phaneuf, et lui] d’avoir notre fils Jaxson ; il courait partout dans la maison ! »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Maxime Talbot (25) s’amuse avec son coéquipier Nathan Mackinnon, lors d’un entraînement de l’Avalanche du Colorado au Centre Bell, en septembre 2014

MacKinnon était un bon garçon, poli, respectueux, mais il ne fallait pas compter sur lui dans la cuisine. « Nathan, la vaisselle, ça n’était pas sa force ! », lance Talbot en riant.

Talbot, dont les deux buts dans le septième match de la finale en 2009 ont permis aux Penguins de remporter la Coupe Stanley, voit grand pour Caufield.

« Il va en marquer, des buts, dans la Ligue nationale, lance-t-il. Je ne dis pas que la route sera facile et qu’il va en scorer 45, 50 chaque année. Il va y avoir de l’apprentissage. Mais il a marqué partout où il est passé. »

Ceux qui croient qu’il ne jouera pas dans la LNH ne connaissent pas ça. C’est le type de joueur qu’on n’a pas vu depuis longtemps à Montréal. Il a un outil à la Stamkos, à la Ovechkin. Personne ne lance comme lui avec le Canadien.

Maxime Talbot

Le petit gabarit de Caufield, 5 pi 7 po et 163 lb, n’inquiète pas Talbot. « C’est de moins en moins important. Tout dépend de ta façon de jouer. [Brendan] Gallagher n’est pas grand, mais c’est lui le plus tough chez le Canadien. Mike Cammalleri ne l’était pas non plus. Quand le Canadien nous a sortis des séries en 2010, il la shootait, la puck. Chaque fois qu’il y touchait, elle rentrait. C’est fatigant, ça… »

Talbot n’est pas seulement impressionné par le tir de Caufield, mais aussi par sa façon de lancer. « C’est aussi sa façon de s’ouvrir pour lancer. Il bouge bien, il a l’intelligence hockey pour pouvoir bien décocher. Et il est quand même explosif comme joueur. On l’a vu à ses débuts avec le Rocket. Les [Auston] Matthews, il lance comme eux. Il va en scorer, des buts, dans la Ligue nationale. »

Moozoom

Maxime Talbot n’est jamais à court de projets. En plus de son rôle de mentor au sein de l’agence de Pat Brisson, on le voit régulièrement sur les ondes de RDS comme analyste, et il vient aussi de terminer un trimestre à la Harvard Business School, un programme particulier qui s’ouvrait aux athlètes et aux anciens athlètes.

« Je suis très curieux et je veux toujours en apprendre davantage. J’ai toujours été comme ça. Nous étions 60, dont Darnell Nurse, Sam Gagner, James Van Riemsdyk, des joueurs de tennis, de basket, de tous les horizons. Il n’y a pas de certificat comme tel, mais j’y allais pour les connaissances générales. »

Son autre grand projet, moozoom.ca, une plateforme destinée à aider les jeunes à identifier et gérer leurs émotions, mais aussi à développer leurs habiletés sociales, lui tient beaucoup à cœur.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Maxime Talbot

« C’est une plateforme de vidéos que les écoles peuvent acheter, explique cet ancien hockeyeur de la LNH. Ça donne des techniques aux enfants pour mieux exprimer leurs émotions ou faire les bons choix lorsqu’ils sont victimes d’intimidation. Ça fournit aux professeurs des outils visuels supplémentaires. Le projet vise le Québec, mais on a déjà [sondé] quelques écoles en France, et après, on va peut-être regarder le marché américain. »

Un peu comme l’émission Dans l’œil du dragon, caméras et studio de télé en moins, Max Talbot a choisi d’investir dans un projet qui le séduisait.

« Jean-Philippe Turgeon a mis sa grande carrière d’avocat de côté après les tentatives de suicide de sa fille afin de lancer un projet d’éducation pour les jeunes. Il cherchait des investisseurs et mon comptable, Louis Blain, avec qui je fais des affaires dans quelques projets, a trouvé l’idée intéressante. L’histoire est touchante et inspirante. »

Talbot est sensible à la cause, surtout avec trois enfants en bas âge. « J’ai trois enfants qui commencent à l’école, ils sont tous différents. Mon garçon a 7 ans, ma fille 5 et l’autre va avoir 4 ans bientôt. On s’informe de plus en plus comme parents. On veut que nos enfants puissent mettre des mots sur leurs émotions, les encadrer le mieux possible, sans tout leur donner. On veut qu’ils apprennent par eux-mêmes et soient capables d’entamer des discussions. La neuroscience m’interpelle beaucoup. Les jeunes aujourd’hui s’expriment souvent avec une émoticône, ils doivent être capables d’avoir de vraies conversations. »

Max Talbot a connu une très belle carrière comme hockeyeur. Sa deuxième n’est pas moins réussie.