Pour le commun des mortels à l’extérieur de l’Alberta, les Flames ont reçu un choix de deuxième ronde pour un attaquant marginal.

À Calgary, le départ de Sam Bennett est plus lourd de signification. Bennett a constitué le quatrième choix total de la LNH en 2014, derrière Aaron Ekblad, Sam Reinhart et Leon Draisaitl.

On avait repêché Sean Monahan au cinquième rang l’année précédente et on attendait encore beaucoup des deux autres choix de première ronde en cette année 2013, Émile Poirier et Morgan Klimchuk. En bref, Bennett était au cœur de cette phase de reconstruction des Flames, les visiteurs mercredi soir au Centre Bell.

Quatrième au total… il s’agissait aussi du plus haut choix de l’histoire à Calgary, et ça l'est toujours à ce jour six ans plus tard.

Bennett constituait un choix logique à ce rang selon une majorité d’experts, même s’il a failli lamentablement à l’épreuve des tractions lors des essais de la LNH. Le réseau TSN le classait même au deuxième rang. Le jeune homme venait de réussir une saison de 91 points, dont 36 buts, en 57 matchs avec Kingston dans la Ligue junior de l’Ontario et il possédait du chien à revendre.

Avec Monahan, il devait devenir l’autre centre offensif de l’équipe à long terme. Comme on ne craint jamais les superlatifs le jour d’un repêchage, on osait même le comparer à Doug Gilmour !

Celui-ci avait remporté la Coupe Stanley avec les Flames, il était le DG de Bennett à Kingston et son présumé dauphin portait même son numéro, le 93.

On prévoyait une bagarre de l’Alberta passionnante au cours de la décennie suivante avec Ryan Nugent-Hopkins et Draisaitl dans le camp des Oilers, Monahan et Bennett chez les Flames. « Tu regardes les clubs qui ont du succès, tu ne peux gagner sans une ligne du centre forte », avait déclaré le DG Brad Treliving sur les ondes de TSN ce jour-là.

Bennett est sagement retourné dans les rangs juniors la saison suivante. Il a connu une première saison intéressante dans la LNH à 19 ans avec 36 points, dont 18 buts, en 77 matchs.

Malheureusement pour les Flames, ce fut aussi sa meilleure en carrière. Lors des quatre saisons suivantes, il n’a jamais atteint la marque des 30 points ou des 15 buts.

Bennett avait 12 points en 52 matchs au compteur cette année lorsque les Flames l’ont échangé aux Panthers de la Floride. Ceux-ci ont surtout retenu ses performances en séries éliminatoires : 8 points, dont 5 buts, en 10 matchs l’été dernier, et 5 points en autant de rencontres deux ans plus tôt.

Sept ans plus tard, avec une seule ronde de séries remportée et bientôt une quatrième exclusion, les Flames se cherchent toujours cet autre centre offensif tant espéré.

On a muté Elias Lindholm de l’aile droite au centre cette année pour confier le poste de second à Monahan et rétrograder le deuxième centre de l’an dernier, Mikael Backlund, dans un rôle mieux convenable au sein du troisième trio.

On ne lancera pas la pierre aux Flames pour autant. La cuvée 2014 était très faible. Entre le cinquième et le dixième rang, seuls William Nylander et Nikolaj Ehlers sont devenus des joueurs d’impact. Michael Dal Colle (5e), Jake Virtanen (6e), Haydn Fleury (7e), échangé lundi, et Nick Ritchie (10e), sont au mieux des joueurs ordinaires, quoique Ritchie semble débloquer cette année à Boston.

Ce repêchage a curieusement produit quelques perles plus tard en première ronde, Kevin Fiala (11e), Jakub Vrana (13e), échangé lundi pour Anthony Mantha, Dylan Larkin (15e), Alex Tuch (18e) et évidemment David Pastrnak (25e), un rang devant le Canadien (Nikita Scherbak).

PHOTO CHARLES LECLAIRE, USA TODAY SPORTS

David Pastrnak

Si ce fameux repêchage était à refaire aujourd’hui, Draisatl, Pastrnak et Brayden Point, repêché en troisième ronde seulement, seraient les premiers joueurs choisis.

Repêcher demeure un métier complexe. Après Tony DeAngelo en première ronde, le Lightning a d’ailleurs choisi avant Point deux joueurs qui n’ont jamais disputé le moindre match dans la LNH : Dominik Masin et Jonathan McLeod. Le premier a disputé quatre saisons dans la Ligue américaine avant de rentrer en Europe, le second a joué une cinquantaine de rencontres dans l’ECHL avant de se retirer.

Les repêchages de 2012 à 2014 étaient importants pour les Flames. Mais parmi leurs 11 choix de première et deuxième ronde, un seul, Monahan est devenu un joueur d’impact. Bennett, Mark Jankowski, Sven Baertschi et Markus Granlund sont devenus des joueurs de soutien.

Tyler Wotherspoon, Patrick Sieloff, Poirier, Klimchuk, Mason McDonald et Hunter Smith totalisent à six 41 matchs dans la LNH, dont 30 étalés sur quatre ans pour Wotherspoon, incrusté dans la Ligue américaine depuis 2017.

Heureusement, le directeur du recrutement des Flames, Tim Button, s’est repris avec Johnny Gaudreau en quatrième ronde du repêchage de 2011, et Rasmus Andersson en deuxième ronde en 2015, sans oublier Matthew Tkachuk au sixième rang en 2016. Mais le virage raté de 2012 à 2014 a néanmoins fait mal.

À lire

1- Nos experts discutent de l’avenir de Cole Caufield sur le balado en collaboration avec le 98,5.

2-D’ailleurs Dominique Ducharme prône lui-même la patience avec Caufield. Un texte de Richard Labbé.

3- Les golfeurs du Québec devront s’habituer au masque ! Un texte du confrère de La Tribune de Sherbrooke, Sébastien Lajoie.