L’acquisition de Blake Coleman et Barclay Goodrow à la date limite des transactions de la LNH en 2020 avait permis au Lightning de Tampa Bay de remporter la Coupe Stanley. La formation floridienne ne pourra tenter de telles manœuvres cette fois, alors qu’elle tente de défendre son titre.

« Nous n’avons absolument aucune marge de manœuvre sous le plafond salarial pour ajouter un joueur d’ici la date limite des transactions, a assuré le directeur général du Lightning, Julien BriseBois.

« Même pas un dollar, a-t-il insisté. C’est notre principal obstacle. »

Les champions en titre ne sont pas les seuls dans cette situation à l’approche d’une date butoir qui risque d’être bien différente cette saison. Parmi les 31 équipes du circuit Bettman, 18 formations ont un million US ou moins disponible sur leur masse salariale. D’autant plus que le plafond salarial n’augmentera pas d’un dollar la saison prochaine, ce qui rend les choses encore plus complexes.

Des joueurs importants comme l’attaquant des Sabres de Buffalo Taylor Hall et les gardiens Jonathan Bernier et Devan Dubnyk pourraient changer d’adresse, mais même les acteurs impliqués de près dans le marché des transactions ne savent prédire ce qui se passera jusqu’à ce que le couperet tombe, le 12 avril à 15 heures (heure de l’Est).

« C’est très imprévisible en raison de la situation difficile de la masse salariale, a renchéri le directeur général des Islanders de New York, Lou Lamoriello. Le plafond salarial ne changera pas l’année prochaine, donc chaque contrat qui va s’ajouter cette saison va venir bouleverser les plans pour l’année prochaine.

« Les négociations seront plus difficiles avec tout l’aspect concernant la masse salariale, mais ce sera la même chose pour tout le monde. »

Les sept équipes canadiennes sont dans une « encore pire posture », a reconnu le directeur général des Maple Leafs de Toronto, Kyle Dubas.

En plus de devoir négocier avec un budget restreint — tout comme les équipes américaines —, elles doivent tenir compte du fait que tout joueur provenant des États-Unis devra se placer en quarantaine pendant sept jours.

La durée de cet isolement a été réduite de moitié — elle était de 14 jours en début de saison —, mais elle demeure un frein pour les équipes, puisqu’un joueur qui arriverait au Canada ne pourrait se joindre à sa nouvelle formation qu’avec une dizaine de matchs à jouer avant les séries éliminatoires.

Mais avant d’en arriver là, les équipes devront s’entendre en dépit des défis imposés par le plafond salarial.

Selon les estimations du site spécialisé « PuckPedia », le Canadien de Montréal, les Capitals de Washington, les Golden Knights de Vegas et le Lightning n’ont même pas assez d’espace sur leur masse salariale pour ajouter un seul autre joueur, même s’il n’était payé qu’au salaire minimum dans la LNH.

« Il y a beaucoup d’équipes qui sont dans le même bateau, c’est-à-dire qu’elles doivent se départir d’un joueur actif si elles veulent en ajouter un, a rappelé BriseBois.

« Et même pour les équipes qui ont plus de marge de manœuvre, je ne sais pas comment elles vont réagir. Est-ce qu’elles vont acheter ou vendre ? Y a-t-il plus d’équipes qui vont choisir de ne pas bouger ? Je ne le sais pas, mais ce sera très intéressant à suivre », selon le directeur général du Lightning.

Acheteurs et vendeurs

Parmi les équipes qui pourraient transiger, on retrouve les Flyers de Philadelphie et les Blue Jackets de Columbus. Les Flyers ont perdu trois de leurs cinq derniers matchs depuis que leur directeur général, Chuck Fletcher, a indiqué qu’il ne « cherchait pas à vendre présentement ». Mais tout peut encore changer.

Les équipes acheteuses sont plus faciles à identifier. Les Islanders ont perdu leur capitaine Anders Lee pour le reste de la saison en raison d’une blessure au genou, les Maple Leafs pourraient tenter d’ajouter un ou deux joueurs d’impact pour consolider leur première position dans la section Nord, tandis que les Oilers d’Edmonton pourraient être tentés de faire l’acquisition d’un défenseur pour rivaliser avec les Maple Leafs.

« Si on parle d’ajouter un défenseur top-4, il y a deux choses à prendre en compte, a mentionné le directeur général des Oilers, Ken Holland.

« Premièrement, il n’y en a pas beaucoup qui seront disponibles, et même pour ceux qui le seront, le prix demandé sera très élevé. »

Les options pourraient être encore plus réduites si les Predators de Nashville décident de garder Ryan Ellis et Mattias Ekholm afin de consolider leur place en séries.

Le défenseur québécois des Blue Jackets David Savard est probablement le défenseur le plus couru sur le marché. Il sera joueur autonome sans restriction à la fin de la saison.

Hall et l’attaquant des Devils du New Jersey Kyle Palmieri pourraient combler les besoins chez les Islanders, qui ne sont toutefois pas la seule équipe à être à la recherche de ce type de joueurs.

« Nous sommes continuellement à la recherche d’un ailier capable de produire offensivement, mais toutes les autres équipes le sont aussi. Ce n’est pas quelque chose qui est facile à aller chercher », a rappelé Lamoriello.

Ce n’est pas non plus facile d’ajouter un gardien de but fiable, comme pourraient tenter de le faire l’Avalanche du Colorado et les Capitals de Washington. Les deux équipes veulent assurer leur place en séries et ont adopté une vision à court terme.

Peut-être que Bernier ou James Reimer, des Hurricanes de la Caroline, pourraient être des options intéressantes, même s’ils sont tous deux blessés présentement. Sinon, l’une de ces équipes pourrait essayer de frapper un grand coup en transigeant avec les Kings de Los Angeles pour obtenir les services de Jonathan Quick.

Du court terme

Des joueurs comme Quick ou l’attaquant des Ducks d’Anaheim Rickard Rakell seraient habituellement fortement convoités, puisqu’ils ont des contrats qui ne se termineront pas à la fin de la saison. Or, avec le plafond salarial qui demeurera à 81,5 millions la saison prochaine, la donne pourrait changer.

« En temps normal, une équipe serait prête à payer un peu plus pour obtenir un joueur de cette catégorie, mais ce sera plus difficile cette année, a ajouté Dubas.

« C’est une période assez unique où il est peut-être préférable d’aller chercher un joueur de location pour une courte période. »

Mais même ajouter un joueur qui sera libre comme l’air à la fin de la saison pourrait être complexe cette année.

« Il y a des équipes qui ont de l’espace sur leur masse salariale et qui sont prêtes à en combler ; c’est disponible sur le marché, selon le directeur général du Canadien, Marc Bergevin.

« Mais il y a un prix à payer pour ça », a rappelé Bergevin, qui a dû ajuster son offre pour que les Sabres retiennent la moitié du salaire d’Eric Staal en retour de deux choix au repêchage.

Tout cela fait en sorte que la date limite des échanges sera imprévisible comme jamais cette saison.

« Votre hypothèse est aussi bonne que la mienne », a laissé entendre BriseBois.