Un entraîneur-chef réputé m’a déjà confié, entre deux emplois, ses trois principaux critères, dans l’ordre, avant d’accepter un poste d’une équipe de la LNH. Il pouvait se permettre le luxe de faire la fine bouche.

1- Une direction solide. Sans des propriétaires et un directeur général forts, l’équipe n’a guère de chances de succès.

2- Un excellent gardien. Sans un gardien de premier plan, le coach est cuit, peu importe son plan de match. Claude Julien a perdu son poste lors d’un passage à vide de Carey Price.

3- Et finalement, en troisième lieu, la qualité de l’équipe dans l’ensemble.

Dans un tel contexte, on se demande qui sera assez fou pour accepter de diriger les Sabres de Buffalo, à la suite du congédiement de Ralph Krueger, mercredi matin.

À court terme, Don Granato, le frère de Tony, entraîneur de Cole Caufield à Wisconsin, assurera l’intérim. Il était l’adjoint de Krueger depuis deux ans. Il a aussi travaillé avec son frère chez les Badgers en 2016-2017.

Voyons si Granato parviendra à garder son poste à la fin de la saison ou si le DG Kevyn Adams ne se lancera pas à la recherche d’un coach de renom.

Si l’on se fie aux trois critères de notre entraîneur cité plus haut, les perspectives de succès sont minces.

Les Sabres ont été achetés par le milliardaire Terrence Pegula en 2011. Il avait des rêves de grandeur. Mais outre des contrats ridicules et des congédiements ininterrompus, il n’y a pas eu de coups d’éclat à Buffalo.

Les Sabres occupent le dernier rang du classement général mercredi matin avec une fiche de 6-18-4. Ils ont six points de moins que les pires clubs après eux.

Ils rateront les séries pour une 11e saison de suite. À moins que vous ne les croyiez capable de combler les 18 points d’écart qui les séparent des Bruins de Boston et de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires…

Quatre directeurs généraux se sont succédé. Après Darcy Regier, congédié en 2013, Tim Murray et Jason Botterill n’ont pas eu plus de succès. Embauché en 2020, Kevyn Adams est le nouvel homme de confiance de Terry Pegula et de sa femme Kim, présidente de l’équipe depuis 2018.

Don Granato est le septième entraîneur depuis 2011. Il y a eu avant lui Lindy Ruff, Ron Roslton, Ted Nolan, Dan Bylsma et Phil Housley.

Il y a aussi eu six capitaines en dix ans : Craig Rivet, Jason Pominville, Thomas Vanek, Steve Ott, Brian Gionta et maintenant Jack Eichel. Stabilité ?

Contrairement aux apparences, le gardien n’est pas vilain. La descente aux enfers des Sabres coïncide avec la perte de Linus Ullmark. Depuis sa blessure, le 26 février, Buffalo a perdu 12 matchs de suite.

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Linus Ullmark

Ullmark, 27 ans, a une fiche de 5-4-2, une moyenne de 2,44 et un taux d’arrêts de ,919. Il avait aussi connu une splendide deuxième moitié de saison l’an dernier. Mais son auxiliaire, Carter Hutton, est atroce. Le troisième gardien de l’organisation, Jonas Johansson, 25 ans, un choix de troisième ronde en 2014, n’est guère meilleur.

Le jeune Ukko-Pekka Luukkonen, 22 ans, a été considéré comme le sauveur de l’organisation depuis sa performance extraordinaire avec la Finlande au Championnat mondial junior en 2019, mais sa transition chez les professionnels dans la Ligue américaine est difficile.

Avec un Ullmark en santé, la situation n’est pas catastrophique devant le filet. Mais il faudra lui trouver un second de qualité.

Après avoir repêché huit fois dans le top 10 au cours des huit dernières années, dont trois fois parmi les deux premiers, il y a de bons joueurs dans cette organisation, même si on regrette sûrement d’avoir préféré Sam Reinhart à Leon Draisaitl au deuxième rang en 2014.

Alexander Nylander en 2016 et Casey Mittelstadt en 2017 n’étaient peut-être pas les meilleurs choix au huitième rang, mais Nylander a rapporté le défenseur Henri Jokiharju dans un échange avec Chicago et Mittelstadt a encore le temps de prouver sa valeur.

Avec un noyau à l’attaque composé d’Eichel, Reinhart, Dylan Cozens, Victor Olofsson et Taylor Hall, avec Rasmus Dahlin et Rasmus Ristolainen en défense, il y a de quoi rebâtir quelque chose d’intéressant.

Dahlin, premier choix au total en 2018, est méconnaissable cette année. Il a une fiche de -27, la pire de la LNH. C’est pourtant un Victor Hedman en devenir.

Bien curieux de savoir quel entraîneur saura redresser ce navire en plein naufrage…

À lire

1- Du grand Pratt aujourd’hui. Alexandre nous pond un texte bien fouillé sur la guigne de la deuxième année.

2- Cole Caufield et Wisconsin ont perdu en finale du Big Ten mardi soir, mais il reste le tournoi national de la NCAA à la fin du mois. Guillaume Lefrançois explique le chemin qui sépare Caufield, qui a désormais 28 buts et 49 points en 30 matchs, de Montréal.

3- Le receveur de passes Quan Bray, anciennement des Colts d’Indianapolis, est de retour avec les Alouettes, après des ennuis judiciaires. Miguel Bujold raconte.