Imaginez un peu Jack Eichel dans l’uniforme du Canadien depuis son repêchage en 2015.

De bonnes saisons offensives, mais aucune participation aux séries en cinq ans. Une attitude souvent remise en question. On trouverait le moyen de lui trouver un air fendant.

Et cette année, la catastrophe. Après 19 matchs, le dernier rang au classement général. Encore. Pire pour Eichel : seulement deux buts en 17 matchs. Et comme on est parfois obsédés par les buts, on en oublierait ses 14 passes.

On rappellerait plutôt que deux défenseurs, Colin Miller et Rasmus Ristolainen, ont autant de buts que lui. Que Tobias Rieder en a marqué un de plus. Qu’à dix millions par année pour encore cinq saisons, Eichel est le joueur le plus surpayé de la ligue.

On maudirait Trevor Timmins d’avoir préféré au deuxième rang Eichel à Mitch Marner, Mikko Rantanen, Mathew Barzal et tous les autres. On aurait déjà oublié sa saison de 78 points, dont 36 buts, en 68 matchs l’an dernier, parce que la mémoire est souvent une faculté qui oublie à Montréal.

Eichel a la chance de jouer ailleurs. À Buffalo. Il peut donc conserver son aura d’invincibilité aux yeux des fans du Canadien.

On entend mille scénarios de fans désireux de l’obtenir pour enfin relancer le Canadien : Nick Suzuki, Cole Caufield et un choix de première ronde ; Carey Price et Nick Suzuki ; Jesperi Kotkaniemi, Jordan Harris et un choix de première ronde.

Déplaçons-nous quelques instants à Vegas avant d’entrer dans le vif du sujet. À 36 ans, Marc-André Fleury est parmi le top 3 de la LNH au chapitre des victoires (fiche de 10-3), de la moyenne (1,77) et du taux d’arrêts (,935). On l’évoque comme un sérieux candidat au trophée Vézina.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, USA TODAY SPORTS

Marc-André Fleury

Le gardien québécois a pourtant connu l’une de ses pires saisons en carrière l’an dernier avec une moyenne de 2,77 et un taux d’arrêts de ,905.

Même les Golden Knights le croyaient sur le déclin. On n’a pas acquis Robin Lehner à la date limite des échanges pour rien. Lehner était le numéro un en séries éliminatoires et on lui a même fait signer une prolongation de contrat de cinq ans pour 25 millions.

On a tenté d’échanger Fleury cet automne, mais avec un salaire annuel de sept millions pour cette année et la suivante et des statistiques en déclin, qui en aurait voulu ?

Il a fallu une blessure à Lehner en début de saison pour que Fleury redevienne « Flower », la star du Vegas sportif.

Ainsi va une carrière. En montagnes russes. Les Penguins, eux, n’ont pas franchi la deuxième ronde depuis le départ de Fleury en 2017 ni la première lors des trois dernières saisons. Le gardien qui l’a chassé, Matt Murray, n’est même plus à Pittsburgh.

Carey Price connaît un passage à vide. Mais il ne s’agit pas de son premier ni de son dernier. Ils en vivent tous. On le jetterait aux fauves, tant qu’on se débarrasse de son contrat.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Carey Price

Les séries éliminatoires de cet été dans la bulle sont déjà trop loin dans la mémoire de certains fans. Ces séries où il a alloué en moyenne 1,78 but par rencontre, un sommet dans la LNH chez les gardiens ayant disputé au moins cinq matchs, avec un taux d’arrêts de.936.

À 33 ans, Carey Price serait un gardien assez usé pour l’échanger à n’importe qui veut bien l’accepter. Mais à 36 ans, Marc-André Fleury est en train de relancer sa carrière.

Peu de fans ont hurlé lorsque Patrick Roy a été échangé au Colorado en décembre 1995, à 30 ans. Du moins la majorité trouvait qu’il était sur le déclin et devenu trop gros pour l’équipe. On a recommencé à l’aimer une fois à Denver…

Mario Lemieux avait confié cette phrase lourde de sens au collègue Ronald King, quelques jours après la célèbre transaction. « Montréal est un endroit particulier pour jouer au hockey. Je ne crois pas que je serais ce que je suis aujourd’hui si j’avais joué à Montréal. Toute cette affaire est dommage pour Patrick et pour l’organisation du Canadien. Après tout ce que Patrick a fait pour le club, c’est triste de les voir se séparer de cette façon. »

La patience n’est pas notre apanage à Montréal.

À lire

1- Patrick Roy est l’un des athlètes ayant marqué le Québec des 40 dernières années. Nous en faisons le portrait mardi. Richard Labbé a recueilli plusieurs commentaires, dont ceux de Jean-Sébastien Giguère.

2- Simon-Olivier Lorange est un fin limier. Il a rejoint Daniel Sedin pour le faire parler de son ancien partenaire de trio devenu entraîneur adjoint chez le Canadien, Alexandre Burrows !

3- Le CH doit améliorer son jeu en supériorité et en infériorité numérique s’il veut remonter au classement.