Un peu de nulle part, Larry Brooks a lancé le débat ce week-end : Carey Price méritera-t-il une place au Temple de la renommée à sa retraite ?

Le timing du chroniqueur du New York Post est particulier. Brooks a d’ailleurs rappelé le fait que Price était sévèrement critiqué ces jours-ci à Montréal, mais puisqu’il ouvre la porte, lançons-nous à pieds joints dans la discussion, sans être obnubilé par le passage à vide actuel du gardien du CH.

Commençons par les éléments favorables. Price vient au 21e rang de l’histoire de la LNH au chapitre des victoires avec 353. Parmi les gardiens actifs, seuls Marc-André Fleury et Ryan Miller en comptent davantage.

À 33 ans, Carey Price a encore au moins quatre ou cinq ans devant lui. À 25 victoires par année, une marque conservatrice, il s’approcherait dangereusement d’Henrik Lundqvist et du sixième rang.

Carey Price a aussi battu quelques records au sein de la glorieuse organisation du Tricolore : premier au chapitre des matchs disputés, devant Jacques Plante, avec 694, premier pour les victoires, 353, devant Plante, Patrick Roy et Ken Dryden. Troisième au chapitre des blanchissages, 48, derrière George Hainsworth et Jacques Plante.

En contrepartie, Price vient aussi au premier rang de l’histoire pour les défaites avec 254, 79 de plus que Patrick Roy, deuxième. Mais Roy a disputé 143 matchs de moins dans l’uniforme du CH.

Parmi les autres éléments en sa faveur, une médaille d’or au Championnat mondial junior, une médaille d’or olympique, la conquête de la Coupe Calder (le pendant de la Coupe Stanley dans la Ligue américaine), une victoire à la Coupe du monde, et, en 2015, ses trophées Hart (joueur le plus utile), Vézina (gardien par excellence) et Ted-Lindsay (joueur par excellence choisi par ses pairs).

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Carey Price a remporté les trophées Hart, Vézina et Ted-Lindsay en 2015.

Price est le seul gardien à avoir remporté le trophée Ted-Lindsay avec Mike Liut et Dominik Hasek, le seul avec José Théodore (2002), Dominik Hasek (1997, 1998), Jacques Plante (1962), Al Rollins (1954), Chuck Rayner (1950) et Roy Worters (1929) à avoir reçu le Hart.

Voilà pour les honneurs en saison régulière. Mais les légendes se façonnent généralement en séries éliminatoires.

Larry Brooks rappelle à juste titre que 25 des 29 gardiens élus au Temple de la renommée ont remporté la Coupe Stanley. Tony Esposito, Ed Giacomin et Chuck Rayner ont au moins atteint la finale. Seul Roy Worters, élu en 1969, figure au Temple sans avoir remporté la Coupe ou atteint la finale. Worters, le plus petit joueur de l’histoire du temple de la renommée à 5 pieds 3 pouces, a joué pour les Pirates de Pittsburgh et les Americans de New York entre 1925 et 1937.

Contrairement à Ken Dryden ou Patrick Roy, Price n’a évidemment pas eu le luxe de jouer derrière Serge Savard, Guy Lapointe, Larry Robinson, Chris Chelios et Rick Green.

Mais le contraste est saisissant entre son ratio de victoires/défaites en saison régulière et en séries éliminatoires : 353-254-77, moyenne de 2,51, taux d’arrêts de ,917 en saison ; 30-36, moyenne de 2,43 et taux d’arrêts de ,917 en séries.

La moyenne de buts alloués est légèrement supérieure en séries, le taux d’arrêts identique. Mais ses 30 victoires le placent au 45e rang de l’histoire, derrière entre autres Martin Jones, Don Beaupre et Jon Casey.

Price a atteint le carré d’as une seule fois, en 2014. Qui sait si le Canadien n’aurait pas atteint la finale si Chris Kreider ne lui avait pas détruit le genou ? On ne le saura jamais. Sinon, Price a franchi la première ronde une seule autre fois en carrière à titre de partant. Il a perdu quatre fois en première ronde et a raté les séries quatre fois.

Il n’a pas joué à une grande époque de l’histoire, mais l’équipe, malgré sa léthargie, redevient compétitive. Il lui reste quelques printemps pour gagner des rondes éliminatoires. Atteindre au moins une ou deux fois le carré d’as, peut-être la finale.

Sans une percée intéressante en séries éliminatoires ces prochaines saisons, Price restera un gardien important dans l’histoire du Canadien, mais pas au point d’être élu au Temple de la renommée.

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