« La plus grande différence se situe sur le plan de la philosophie offensive. Peu importe si on détient l’avance ou non, on tente de marquer le prochain but. On presse le porteur de la rondelle et on obtient des chances de marquer. On met fin aux attaques adverses à la ligne bleue au lieu de laisser l’autre équipe entrer. On a ainsi de meilleures contre-attaques. »

Ainsi parlait le défenseur Torey Krug un peu moins d’un an après le congédiement de Claude Julien à Boston, survenu en février 2017.

Bruce Cassidy, successeur de Julien, avait dit ceci au sujet de la comparaison des systèmes de jeu des deux hommes : « [Les points communs concernent] l’aspect défensif : les couches en défense, les remises derrière le filet, la protection de l’enclave. Ce qu’on a changé se situe du côté offensif : annuler plus de jeux en zone neutre avec les défenseurs qui jouent haut. L’idée était de défier les montées. »

Julien a toujours nié être un coach défensif, mais Krug, comme plusieurs de ses coéquipiers, n’avait pas la même perception.

Après la défaite contre Ottawa dimanche, Nick Suzuki, 21 ans, a surpris en déplorant auprès des journalistes le fait que l’équipe jouait d’abord pour « ne pas perdre ».

Le successeur de Julien, Dominique Ducharme, prônait une philosophie plus offensive en début de saison, mais ses idées n’auraient pas été mises en application par l’entraîneur-chef, a rappelé Chantal Machabée sur les ondes du 91,9 Sports, mercredi matin.

Voyez-vous comme la déclaration de Ducharme, en conférence de presse mercredi, peut rappeler à certains égards les propos de Krug ? « Je veux que l’équipe joue de la bonne manière, qu’elle joue vite. J’aime l’attaque. Mais pour créer de l’attaque, il faut avoir la rondelle. On veut passer moins de temps dans notre zone, créer plus de revirements, contre-attaquer rapidement. On veut avoir des solutions avec la rondelle. »

La chance aux jeunes

La situation ressemble étrangement à celle des Bruins en 2017. Cassidy a en outre eu à incorporer de nombreux jeunes, ou du moins à leur donner des rôles plus importants, même si l’on doit à Julien la création du célèbre trio Bergeron-Marchand-Pastrnak.

« Quand je me suis assis avec Donny [Don Sweeney, directeur général des Bruins], nous avions la volonté de gagner à court terme, mais aussi de donner la chance aux jeunes de percer notre formation, avait déclaré Cassidy en 2018. Nous ne savions pas exactement quels allaient être ces joueurs, mais nous en avions une bonne idée. »

Les jeunes joueurs de l’organisation se développeront-ils mieux avec Ducharme ? Mardi, à Ottawa, Jesperi Kotkaniemi et Alexander Romanov n’ont pas touché la glace en prolongation. Ils étaient sur la patinoire lors du but gagnant en prolongation deux jours plus tôt. Pas une énorme marque de confiance envers deux des joyaux de l’organisation.

Nick Suzuki est l’un des rares jeunes à ne pas avoir souffert d’un manque de confiance de l’entraîneur-chef à son égard.

Marc Bergevin a abordé la question des jeunes en point de presse. « La décision finale n’est pas basée là-dessus. Mais de plus en plus, on va amener des jeunes dans l’organisation, au sein de l’équipe. Oui, ç’a été considéré. »

Nous verrons assez rapidement, à compter de ce jeudi soir, si l’approche à l’égard des jeunes est différente, et si Kotkaniemi et Romanov trouveront un second souffle sous Ducharme.

Enfin, il y a les vétérans. Georges Laraque avait prédit sur Twitter la veille le départ de Julien après avoir appris la tenue d’une rencontre entre Bergevin et ses principaux vétérans, insatisfaits de leur entraîneur.

À la défense de Julien, il devait négocier avec un changement de garde marqué par l’arrivée de nombreux nouveaux joueurs, et avec des joueurs comme Phillip Danault et Tomas Tatar, sans doute insécurisés par leur situation contractuelle.

Tout le défi de Ducharme réside en ceci : plaire aux vétérans de l’équipe tout en développant les jeunes. Avec un système de jeu plus populaire auprès des joueurs, une grosse part de la besogne pourrait être accomplie.