On entend souvent des joueurs malheureux, mis à l’écart, reconnaître qu’ils sont mûrs pour un nouveau départ. Pour Paul Byron, cependant l’histoire est différente.

Byron est toujours membre du Canadien, après avoir été ignoré par les 30 autres équipes au ballottage, en début de semaine. Et il est bien heureux de l’être, même si son rôle est fortement réduit depuis le début de la saison.

« Je ne voulais pas m’en aller, honnêtement, a-t-il dit, en visioconférence après l’entraînement de vendredi. Mon agent m’a demandé mon avis et je lui ai dit que je voulais rester ici. On a eu une rencontre d’équipe au début de la saison, et je réalisais que c’est rare qu’une équipe ait des joueurs comme Corey Perry, Michael Frolik et moi comme 13e et 14e attaquants. C’est ici que je veux être. Je ne suis pas prêt pour un nouveau départ. Je veux leur montrer que je peux être encore meilleur. »

Byron a évidemment bien des raisons de vouloir rester à Montréal. Après quelques saisons plus difficiles, les perspectives de succès collectifs sont enfin au rendez-vous. Le numéro 41 fait aussi partie du groupe de leadership en tant qu’assistant au capitaine, un indice de sa cote d’appréciation auprès de ses coéquipiers et des entraîneurs.

Et sur le plan personnel, Byron a une vie familiale bien établie sur la Rive-Sud de Montréal, et il est un des rares joueurs qui habitent ici à l’année. « Ma femme était sous le choc et surprise. Mais elle m’a soutenu. On avait vécu ça ensemble plus tôt dans ma carrière », a-t-il souligné.

C’est pourquoi les 24 heures qu’il a passées au ballottage, dans l’attente de savoir si une équipe l’avait réclamé, ont été « stressantes ».

« C’était un peu stressant, honnêtement. Tu ne sais pas ce qui va t’arriver. Je voulais beaucoup rester ici et je ne savais pas si une équipe me voulait. Mais sinon, c’était une journée normale, j’étais avec ma famille et on a joué dehors. »

Un système qui change

Si Byron était inquiet, c’est qu’il était déjà passé par là. En octobre 2015, les Flames le plaçaient au ballottage. Byron venait de souffrir d’une hernie et d’une blessure à un poignet, et surtout, les Flames souhaitaient alors retenir trois gardiens dans leur formation.

(Vous voulez rire ? Ces trois gardiens étaient Jonas Hiller, Karri Ramo et Joni Ortio. Aucun des trois n’est resté dans la LNH au terme de cette saison 2015-2016.)

À l’époque, par contre, Byron venait avec un contrat d’un an d’une valeur de 900 000 $. Cette fois, son entente est bonne pour deux autres saisons, à hauteur de 3,4 millions de dollars par année.

« Avec les Flames, je ne pensais pas que je serais réclamé. On m’avait dit que c’était une transaction sur papier et que je n’allais pas jouer dans la Ligue américaine. Le Canadien était une des dernières équipes à avoir droit de parole et m’a réclamé.

« Je comprends que c’est une business. C’est une question de production, de ce que tu peux apporter à l’équipe, et du plafond. Plus tu comprends ça, plus tu comprends qu’il n’y a rien de personnel ici. Je sais que la direction et les entraîneurs m’aiment comme personne. »

À cette époque, le ballottage avait justement rempli sa mission : celle de sortir un joueur d’une situation intenable. C’est aussi le ballottage, par exemple, qui a permis à Noah Juulsen d’obtenir une chance dans la LNH dès cet hiver, avec les Panthers de la Floride. Sans cette nécessité de le rendre disponible, le Canadien aurait assurément retenu Juulsen, mais l’aurait envoyé dans la Ligue américaine pour qu’il retrouve la forme.

Cela dit, Marc Bergevin a été clair lors de son point de presse lundi : le ballottage est aussi un « outil » qui permet de gérer le plafond salarial. Dans ce cas-ci, cet outil permet au CH de placer Byron au sein de l’équipe de réserve lorsqu’il ne joue pas, et d’économiser ainsi quelque 9200 $ par jour sous le plafond salarial.

Cet outil signifie toutefois que le système du ballottage plonge dans l’incertitude des vétérans qui se croyaient établis dans leur ville. Plus tôt cette saison, Tyler Johnson (Tampa Bay) et Mathieu Perreault (Winnipeg) l’ont aussi vécu, sans être réclamés.

« C’est un peu bizarre cette année, avec le taxi squad, avec le plafond qui va rester au même niveau pour quelques années, a noté Byron. C’est une situation difficile pour la ligue, pour l’association des joueurs. Le taxi squad me permet de rester ici, de m’entraîner avec l’équipe et de jouer n’importe quand. Je ne pense pas que le taxi squad va continuer les prochaines années, donc je ne pense pas que ce soit un problème. »

La vie après le ballottage

La bonne nouvelle pour Byron, c’est qu’il peut y avoir une vie après le ballottage.

On évoquait Johnson et Perreault ; les deux connaissent de bons départs malgré leur séjour au ballottage. Johnson compte 7 points (4 buts, 3 passes), montre un différentiel de + 2 et joue 14 min 31 s par match. Perreault, lui, totalise aussi 7 points (3 buts, 4 passes), mais en 16 matchs, avec une fiche de + 6 et un temps d’utilisation de 12 min 18 s par match.

« De mon côté, comme entraîneur, je suis content de l’avoir, on l’aime beaucoup, Paul, a rappelé Claude Julien. C’est plus une décision d’affaires qu’autre chose. Il peut nous aider et va continuer à nous aider. »

Reste toutefois à voir quand Byron pourra le faire. À l’entraînement vendredi, il était surnuméraire, le quatrième trio étant formé d’Artturi Lehkonen, Jake Evans et Corey Perry. De plus, si on se fie aux exercices du jour, Tomas Tatar semble en voie de revenir au jeu, après avoir été écarté de la formation samedi. Tatar patinait en compagnie de Jesperi Kotkaniemi et Joel Armia, et avait sa place au sein d’une des deux unités d’avantage numérique.

La formation à l’entraînement

Toffoli - Danault - Gallagher
Drouin - Suzuki - Anderson
Tatar - Kotkaniemi - Armia
Lehkonen - Evans - Perry
Byron

Chiarot - Weber
Edmundson - Petry
Mete - Romanov
Kulak