Les Sénateurs d’Ottawa s’amènent à Montréal avec un club minable, digne des pires clubs de l’histoire récente.

Les Sénateurs occupent le dernier rang du classement général avec une victoire en dix matchs. Ils sont aussi derniers pour la moyenne de buts accordés par match, 4,80, un but de plus par rencontre que les Sharks de San Jose, avant-derniers.

Les Nordiques de Québec ont remporté seulement 12 matchs en 1989-1990. Mais Joe Sakic avait obtenu 102 points, Mats Sundin, repêché premier au total un an plus tôt, s’apprêtait à rejoindre le club et Adam Foote, repêché en deuxième ronde en 1989, montrait déjà de belles promesses. On l’avait même prêté à l’équipe nationale.

Mais il faudra deux autres saisons misérables, donc cinq exclusions consécutives des séries éliminatoires, et deux autres premiers choix au total, Owen Nolan et Eric Lindros, considéré comme le meilleur espoir depuis Mario Lemieux, pour enfin voir émerger un club compétitif.

Les Sénateurs possèdent de bons jeunes éléments. Les ailiers Tim Stützle et Brady Tkachuk ont été repêchés dans le top 4 ces dernières années. Thomas Chabot est déjà un jeune défenseur de premier plan, et Jake Sanderson, cinquième choix au total en 2020, montre de belles promesses.

Mais il n’y a pas encore l’ombre d’un Sakic, d’un Sundin ou encore d’un Lindros, capable de vous rapporter six joueurs.

Le gardien envers lequel on s’est engagé pour quatre ans, Matt Murray, est affreux.

Le plus troublant, c’est de voir cette pléiade de joueurs âgés de 21, 22 ans, Logan Brown, Alex Formenton, Erik Brannstrom, Filip Chlapik et Vitaly Abramov, incapables de percer cette formation pourtant faible au camp d’entraînement.

On s’est finalement résolu à donner une chance à Brannstrom contre le Canadien jeudi soir. Le jeune homme, doté d’un potentiel offensif énorme, a coûté Mark Stone.

Le premier choix de l’équipe en 2019 (19e au total), Lassi Thomson, a seulement 20 ans, mais il en a arraché en première division finlandaise cet automne. Il jouait à peine 11 minutes par match, était parfois rayé de la formation et a obtenu deux maigres passes en 18 matchs. La Ligue finlandaise n’est pourtant pas la plus forte. Inquiétant.

Le choix de première ronde en 2015 (21e au total), Colin White, 24 ans, semble avoir plafonné après une saison de 41 points en 71 matchs il y a deux ans. Une progression aux antipodes de celle de Nick Suzuki, 41 points lui aussi à sa première saison complète.

Les problèmes de développement de plusieurs jeunes force les Sénateurs à employer les Erik Gudbranson, Mike Reilly, Braydon Coburn (finalement soumis au ballottage mercredi) et Artem Zub en défense, et Derek Stepan, Auston Watson, Chris Tierney, Connor Brown et Evgeny Dadonov, tous des vétérans de deuxième ordre, à l’attaque.

Heureusement, le jeune Josh Norris, obtenu dans l’échange d’Erik Karlsson, progresse bien et permet aux Sénateurs de compter sur un premier duo solide à l’attaque avec Tkachuk.

PHOTO JOHN WOODS, LA PRESSE CANADIENNE

Josh Norris et Brady Tkachuk

Mais la colonne vertébrale de cette jeune équipe demeure faible. Et contrairement aux Nordiques de l’époque, la nouvelle formule de la loterie ne favorise pas les Sénateurs. Ils ne détiennent pas automatiquement le premier choix au total même en terminant dans la cave.

Les Sénateurs ont remporté une seule victoire de moins que le Canadien en 2017-2018. Montréal a terminé 28e au classement général, Ottawa 30e. Le Canadien a choisi la réinitialisation, les Sénateurs, et leur chiche propriétaire, la reconstruction. Ottawa a échangé Karlsson, Stone, Duchene et compagnie, le Canadien a gardé Price, Weber, Gallagher et les autres.

Montréal est premier au classement général aujourd’hui, Ottawa dernier.

Il ne suffit pas non plus d’accumuler les hauts choix au repêchage pour réussir sa reconstruction. Les Panthers ont participé aux séries éliminatoires deux fois en 19 ans même s’ils ont repêché quatre fois dans le top 3 entre 2010 et 2013, et neuf fois dans le top 15 depuis 11 ans.

Les Sabres de Buffalo ont raté les séries lors des 11 dernières années. Ils ont repêché dans le top 10 à huit reprises depuis 2013, dont trois fois dans le top 2. Ils ont une fiche de 4-4-2 depuis le début de la saison.

Les Oilers vont-ils émerger un jour ? Ils ont participé aux séries éliminatoires seulement deux fois depuis 2006 malgré Connor McDavid, Leon Draisaitl et compagnie. Six choix dans le top 4 depuis 2010, et toujours pas de résultats…

Les Red Wings occupent la cave du classement avec les Sénateurs, avec une petite victoire de plus qu’Ottawa. Detroit est en voie de rater les séries pour une cinquième année de suite. Les Wings n’ont jamais dépassé le 25e rang au total. Une autre reconstruction douloureuse.

Il y a bien les Maple Leafs de Toronto dont les Sénateurs peuvent s’inspirer. Ils ont bâti un club compétitif depuis qu’ils ont liquidé leurs vétérans en 2015. Mais ils ont pu repêcher un centre d’exception, Auston Matthews. La richesse de leur marché, et de leurs propriétaires, leur ont permis d’accueillir de grosses pointures comme John Tavares et d’offrir des contrats gargantuesques à leurs meilleurs joueurs.

Malgré tout, ils n’ont pas franchi la première ronde depuis… 2004. Pat Quinn dirigeait les Leafs et Mitch Marner devait probablement aller faire dodo après la première période des matchs de son équipe favorite…

On souhaite une victoire surprise des Sénateurs jeudi soir. Question de remonter un peu le moral de leurs fans. Ils en ont besoin.

À lire

1- John Stevens a dirigé Tyler Toffoli pendant de nombreuses années à Los Angeles. Il le connaît par cœur. Guillaume Lefrançois lui a parlé.

2- Notre distinguée collègue des Arts, Chantal Guy, nous offre une rare visite aux Sports pour nous parler de golf, de Tiger, de son père, de la vie. Je vous le recommande fortement, elle ne vient pas souvent nous voir…

3- J’ai la chance d’avoir un boss qui me fait bien paraître. Il m’a sorti un autre de ses flashs, cette semaine, et moi j’ai logé l’appel. Vincent Lecavalier a fait le reste. Merci ⁦JF Tremblay !

4- Et pourquoi pas parler encore un peu des Sénateurs avec Richard Labbé.