(Montréal) Gagner et y prendre goût, c’est une chose. Détester perdre, c’en est une autre.

Le Canadien avait subi samedi la première défaite en temps réglementaire de sa jeune saison – par blanchissage, en plus. Lundi, ce sont les Canucks de Vancouver qui ont payé le prix de cet affront, alors que le Tricolore a facilement signé une victoire de 6-2, sa troisième en 13 jours contre l’ancien club de Stan Smyl.

Le contexte de cette correction n’est pas anecdotique. Car si le Canadien ne s’est incliné qu’à trois reprises jusqu’ici, il a chaque fois rebondi avec une performance étincelante.

Les Oilers d’Edmonton y ont goûté (5-1) après le revers en prolongation en lever de rideau à Toronto. Et il y a un peu moins de deux semaines, les Canucks (7-3) ont peiné après avoir eux-mêmes battu le Canadien en tirs de barrage.

Au final, c’est donc une domination de 18-6, en trois temps, qu’a imposée l’équipe de Claude Julien après s’être inclinée.

« Quand on a perdu le premier match à Toronto, on s’est tout de suite dit qu’on ne voulait pas en échapper deux de suite, a indiqué Jeff Petry, héros du match de lundi avec deux buts et une aide. C’est important qu’on ait cette mentalité, qu’on s’assure de rebondir. On savait qu’on devait s’améliorer après le match [de samedi] contre Calgary. »

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Jeff Petry et Paul Byron

Parlons-en, de ces améliorations. Un exemple, facile. Samedi, Brendan Gallagher a fait valoir que le gardien adverse avait peut-être eu la vie un peu trop facile pour affronter les tirs de loin. Et son entraîneur a mis l’accent sur le grand nombre de chances ratées.

Problème réglé, à tout le moins le temps d’un soir : quatre buts à forces égales, tous marqués de manières différentes. Un acharnement autour du filet (Suzuki), une échappée (Gallagher), un deux-contre-un (Petry). Et une illustration infiniment probante de la raison pour laquelle Claude Julien aime autant son quatrième trio.

Pressé par Jake Evans en fin de première période, le défenseur Quinn Hughes a raté son dégagement depuis le fond de sa zone. Artturi Lehkonen a intercepté la rondelle le long de la bande et l’a remise à Paul Byron qui, voyant que J. T. Miller fonçait sur lui, a renvoyé le disque à Jeff Petry. Ce dernier a disposé de bien plus que le temps nécessaire pour exécuter un tir parfait dans le haut du filet.

Il faut savoir qu’en plus de Hughes et de Miller, on trouvait alors sur la glace Elias Pettersson et Brock Boeser, deux des meilleurs éléments des Canucks, mais qui n’ont pas été en mesure de contenir les employés de soutien montréalais.

« On s’en est parlé après la période, a raconté Petry, à propos du brio du quatrième trio du Tricolore. Ç’a été un élément-clé. Leur échec avant a créé un revirement et Byron m’a fait une belle passe. »

« C’est la manière dont notre trio joue et celle dont on veut toujours jouer, a fait remarquer Evans. On veut mettre notre vitesse à profit et être embêtants à affronter. On a fait du bon boulot ensemble, Jeff a bien lu le jeu et a décoché un bon tir. »

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Jake Evans (71)

« Tout le monde respecte et apprécie ce trio pour la manière dont il joue, a salué Claude Julien. C’était facile pour moi de les utiliser contre la meilleure ligne de l’autre équipe. »

Et après ?

Evans a concédé que le fait que le Canadien puisse envoyer sans relâche toutes ses unités offensives et défensives, l’une après l’autre, pouvait devenir « frustrant » pour un adversaire aussi déboussolé qu’ont pu l’être les Canucks lundi.

Car il y a de cela aussi : le CH a bien fait, mais les visiteurs ont complètement raté leur chance de se reprendre contre une équipe qui leur avait donné des maux de tête sur la côte Ouest. La couverture défensive à cinq joueurs a été au mieux difficile.

Le gardien Holtby a remarqué l’inquiétante tendance qu’a empruntée son équipe dans ses quatre duels contre Montréal cette saison. « Ça devra changer, a-t-il dit. Nous devrons nous assurer d’être meilleurs. Ils ont une bonne équipe. Mais pour atteindre nos objectifs, nous devons croire que nous sommes une meilleure équipe qu’eux. Et ça commence avec notre leadership. »

Excellent point. Le premier trio vancouvérois a été pitoyable, au point d’être partiellement démantelé au dernier vingt. Quinn Hughes perd tous ses moyens contre le Canadien. Bo Horvat, un poison dans l’enclave en avantage numérique pendant la série à Vancouver, a été totalement neutralisé lundi.

Julien a adoré que son équipe conserve un rythme élevé en troisième période, pourtant amorcée avec une avance de cinq buts. C’est d’ailleurs au cours de cet engagement que ses hommes ont contrôlé la rondelle le plus longtemps à forces égales.

« Avec une avance de 6-1, c’est tout à fait naturel de vouloir faire des choses plus faciles, être plus confortables, a-t-il analysé. Il faut travailler fort pour garder la même stratégie du début à la fin. » Et résister à la tentation de laisser libre cours à une orgie d’occasions de marquer.

Car c’est bien d’offrir une performance du genre. Mais encore faut-il le refaire, et vite, car les deux équipes remettent ça dès mardi soir.

Les Canucks, pour l’heure, apparaissent comme un club en questionnement, et ce, malgré la séquence victorieuse qu’ils connaissaient avant de s’effondrer à Montréal. Ça ressemble drôlement à la situation des Flames avant qu’ils ne tiennent le Canadien au silence.

« Demain [mardi], on va jouer contre une équipe qui risque d’être plus affamée », a prévenu Julien. « Encore meilleure », a-t-il ajouté.

Et des matchs revanches du genre, il y en aura beaucoup d’autres d’ici la fin de la saison. Aussi bien acquérir de bonnes habitudes tout de suite.

LE CHIFFRE DU MATCH

10

En quatre matchs, c’est le nombre de buts que le Canadien a marqués à cinq contre cinq alors que le défenseur Quinn Hughes se trouvait sur la glace.

EN HAUSSE

Artturi Lehkonen

Le Finlandais a célébré en grand son 300e match dans la LNH avec un but et une aide. Son trio a brillé toute la soirée.

EN BAISSE

Alexander Romanov

Finir avec un différentiel de - 1 dans une victoire de 6-2, il faut le faire ! La communication était difficile avec Victor Mete (- 2).

Prochain match : mardi 2 février, 19 h, contre les Canucks de Vancouver au Centre Bell