Le Tricolore a encore des preuves à faire contre les gardiens d’élite

Bien sûr, le Canadien a considérablement changé de visage. Et évidemment, il ne s’agissait que d’une défaite, la première de la saison en temps réglementaire. Mais le revers de 2-0 subi samedi a réveillé un étrange souvenir, très spécifique, datant de la saison dernière.

On ne blâmera personne de l’avoir oublié. Plus de 14 mois ont passé, et une pandémie a emporté plus de 2 200 000 vies sur la planète. Tout le monde avait d’autres chats à fouetter. Mais à une certaine époque, en novembre 2019, non seulement le Canadien était-il une équipe dominante, mais en plus il s’était fait une spécialité : battre des gardiens auxiliaires.

Après une victoire à Washington, notre collègue Guillaume Lefrançois soulignait dans La Presse qu’il s’agissait déjà de la 9e fois en 19 rencontres que l’équipe affrontait un remplaçant.

La fiche du club à ce moment : 11-5-3, l’une des meilleures de la LNH. Rien ne laissait alors présager la catastrophe qui attendait le club au cours de la cinquantaine de matchs suivants. Or, cette catastrophe a trahi une autre tendance, à savoir une incapacité chronique à battre des gardiens dominants.

La Presse a dressé la liste des 15 gardiens de la LNH qui ont enregistré le meilleur taux d’arrêts en 2019-2020 (minimum de 25 matchs joués). Parmi ceux-ci, 10 ont affronté le Tricolore au moins une fois : Tuukka Rask, Elvis Merzlikins, Pavel Francouz, Connor Hellebuyck, Antti Raanta, Ben Bishop, Jaroslav Halak, Jacob Markström, Mikko Koskinen et Andrei Vasilevskiy.

Contre ces 10 gardiens, les Montréalais ont connu toutes les misères du monde, présentant une fiche (4-13-1 et pourcentage de points de 25 %) radicalement plus basse que contre les autres gardiens du circuit (27-18-8 et 58,5 %).

Contre le Canadien, les portiers en question devenaient des candidats au trophée Vézina. Ils ont opposé au Tricolore un taux d’arrêts de ,935, une valeur largement supérieure à leurs performances cumulées contre toutes les équipes du circuit : ,921.

Relents

C’est un peu cette tendance dont on a senti des relents, samedi. Pour la première fois de la saison, le Canadien a affronté un gardien de grande qualité.

Jacob Markström, des Flames de Calgary, n’a pas fait honte à ses patrons. Il a repoussé les 37 tirs des locaux, et ce, en dépit de la domination outrageuse du Canadien au chapitre des chances de marquer à 5 contre 5 (36-19) et des chances dites à haut danger (17-4, selon le site NaturalStatTrick).

On doit trouver une manière de marquer peu importe qui est devant le filet. [Markström] a fait de bons arrêts, et on n’a pas capitalisé.

Brendan Gallagher, après la défaite de samedi contre les Flames de Calgary

L’ailier droit du Canadien, qui avait marqué dans trois des quatre matchs précédents, a noté que trop souvent, sur des tirs décochés par des défenseurs, les attaquants du Tricolore avaient été écartés par les arrières des Flames, laissant le champ libre à Markström pour voir la rondelle et l’arrêter facilement.

« On va travailler là-dessus, on pourrait faire mieux », a encore dit Gallagher.

En effet. Car ce premier test contre un gardien d’élite s’est soldé par un échec.

Faible opposition

En outre, si l’attaque montréalaise s’en est donné à cœur joie au cours de ses sept premiers matchs de la présente saison, c’est entre autres parce qu’elle a affronté des gardiens qui ont peiné.

Contre le Canadien, Frederik Andersen, Mikko Koskinen (2 fois), Braden Holtby (2 fois), Thatcher Demko et David Rittich ont cédé 32 fois sur 232 tirs, pour un taux d’arrêts combiné de ,862. Ce n’est pas faible : c’est rigoureusement mauvais.

Dans une division à seulement sept équipes, le Canadien ne croisera pas beaucoup de gardiens différents cette saison. De 6 à 12, selon les choix des équipes adverses – à Edmonton, notamment, il ne semble soudain pas impensable que Koskinen soit d’office pour les 56 matchs des siens…

Du groupe, outre Carey Price, seulement deux gardiens appartiennent à l’élite du circuit : Jacob Markström et Connor Hellebuyck. Le premier a terminé quatrième pour l’obtention du trophée Vézina en 2019-2020, remporté par le second.

Comme tous les deux évoluent dans l’Association de l’Ouest depuis le début de leur carrière, ils n’ont pas affronté le Canadien souvent – sept et six fois, respectivement.

Il faudra toutefois que l’attaque montréalaise parvienne rapidement à les déchiffrer comme elle l’a fait avec des gardiens de moindre qualité. Sans quoi l’évaluation de l’attaque dévastatrice des premiers matchs devra porter un astérisque.

En bref

PHOTO JEFF MCINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Dillon Dubé, des Flames de Calgary

Pas de suspension pour Dubé

Deux coups à la tête, zéro suspension. Après Tyler Myers, blanchi par la LNH à la suite d’une mise en échec qui a causé une commotion cérébrale à Joel Armia, c’est au tour de Dillon Dubé, des Flames, de s’en tirer sans tape sur les doigts. En deuxième période, samedi, Dubé a durement frappé Jesperi Kotkaniemi derrière le filet du Canadien. Le Finlandais, qui regardait dans la direction opposée, a reçu l’épaule de son adversaire à la tête et a été ébranlé. Il n’a toutefois pas subi de commotion. Dubé n’a pas été puni sur la séquence, et différents médias ont rapporté que le département de la sécurité des joueurs avait jugé que le coup n’aurait pu être évité en raison du changement de direction brusque du joueur du Tricolore.

Anderson : des résultats officiels lundi

Le Canadien confirmera ce lundi matin si Josh Anderson sera en mesure ou non de revenir au jeu en soirée contre les Canucks de Vancouver. Anderson a été retiré du match, samedi, après avoir présenté des symptômes grippaux. Dans le contexte que l’on connaît, l’équipe n’a voulu prendre aucun risque, redoutant une éclosion de COVID-19. Un premier test passé samedi s’est toutefois révélé négatif. Anderson devait en passer un second dimanche, dont les résultats étaient attendus en soirée. Citant l’« entourage de l’attaquant », Le Journal de Montréal a écrit dimanche que ce deuxième test était négatif. Un porte-parole de l’équipe a précisé qu’on en saurait davantage lundi matin.