Cayden Primeau a profité du confinement pour poursuivre ses études en psychologie

Dans presque toutes les entrevues qu’il accorde, Cayden Primeau souligne à quel point il veut chaque jour s’améliorer, peaufiner chaque petit détail, apprendre encore et encore.

C’est vrai quand il enfile son uniforme de gardien de but. Ce l’est tout autant lorsqu’il replonge dans ses livres.

Quand il a fait le saut de la NCAA à la Ligue américaine, en 2019, Primeau a mis ses études sur pause. Amorcer une carrière de hockeyeur professionnel suffirait largement à remplir son horaire, constatait-il. Mais il n’était pas question de mettre une croix sur son cheminement scolaire.

Il faut dire que les exemples sont nombreux chez les Primeau. Keith, son père, a terminé des études en administration après sa carrière de plus de 900 matchs dans la LNH. Sa sœur Kylie est diplômée de l’Université Villanova.

Son frère aîné, Corey, a étudié à l’Université Neumann, portant les couleurs des Knights de l’endroit pendant quatre saisons. Et son autre frère, Chayse, dispute actuellement sa troisième campagne avec les Mavericks de l’Université du Nebraska, à Omaha.

« Poursuivre des études et décrocher un diplôme est très valorisé dans ma famille, et c’est important pour moi aussi », a dit le gardien de 21 ans, en entrevue avec La Presse, la semaine dernière.

« Mais ils ne me mettent pas de pression », s’empresse-t-il d’ajouter.

Quelques jours auparavant, Primeau avait révélé sur son compte Instagram qu’il avait profité du congé forcé de l’automne pour suivre deux cours à distance à l’Université Northeastern, là où il a passé deux ans avant de déménager à Laval. « J’ai eu des A dans les deux cours ! », précise le jeune homme avec fierté.

Le gardien a souvent été décrit comme un bon élève sur la glace, mais qu’en est-il sur les bancs d’école ?

Je ne dirais pas que je suis le plus doué, mais j’y consacre beaucoup de travail. Et j’en tire énormément de fierté.

Cayden Primeau

Selon son entraîneur Joël Bouchard, cette initiative de Primeau démontre « le sérieux du jeune homme ». D’autres joueurs auraient eux aussi suivi cette voie, mais Bouchard préfère les laisser en parler publiquement s’ils le désirent.

Pour meubler les « longues journées » de confinement, « les joueurs se sont lancé des défis pour rester occupés », a-t-il dit. « Et une solution, c’était de continuer à s’améliorer en tant que personnes et à approfondir leurs connaissances », a salué l’entraîneur qui, sans surprise, voit cela « d’un œil très positif ».

La dureté du mental

La préparation mentale et la visualisation sont devenues le lot de pratiquement tous les athlètes. Mais parmi ceux-ci, les gardiens de but sont reconnus pour être particulièrement « cérébraux ».

Primeau a pris le cliché à bras le corps en s’inscrivant à un baccalauréat en psychologie. Lorsqu’on lui souligne que ce choix tranche avec la mode observée chez de nombreux hockeyeurs d’opter pour des études en administration, il rétorque : « C’est drôle, car c’est ce que j’avais d’abord choisi parce que c’est ce que beaucoup d’athlètes font, mais je n’ai pas beaucoup aimé ça, alors j’ai changé. »

En empruntant son virage vers les sciences humaines, il a d’abord intégré une mineure en criminologie, suivant encore là l’exemple de plusieurs de ses coéquipiers, mais il a finalement focalisé toutes ses énergies sur la psycho.

J’ai toujours été intéressé par la manière dont fonctionne le cerveau. Je voulais aussi tirer de mes cours des enseignements qui feraient de moi un meilleur athlète, un meilleur gardien, et qui m’aideraient à m’accomplir sur la glace.

Cayden Primeau

Un cours en psychologie sportive, sans surprise, l’a particulièrement fasciné.

« Je dirais que la moitié du cours a surtout mis des termes et des définitions sur des concepts que je connaissais déjà, dit-il. L’autre moitié m’a ouvert les yeux sur les raisons qui expliquent ce que nous faisons en tant qu’athlètes. »

« J’y arriverai »

S’il poursuivait ses études à temps plein, Primeau estime qu’il obtiendrait son diplôme en un an et demi. Mais cela lui prendra vraisemblablement plus de temps. Avec la reprise du jeu dans la Ligue américaine, conjuguer ses deux occupations lui semblait impossible cet hiver.

D’autres que lui l’ont fait. C’était notamment le cas d’Alexandre Alain, qui s’alignait avec le Rocket jusqu’à la saison dernière. Malgré toute l’admiration que Primeau avait pour Alain, il ne se voyait pas l’imiter. Le Québécois vient d’ailleurs de prendre sa retraite du hockey professionnel pour se consacrer à ses études pour de bon.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Alain

Primeau ne se fixe pas d’échéancier, mais se promet d’aller jusqu’au bout. « Ce n’est pas un but immédiat, mais tôt ou tard, j’y arriverai », promet-il.

Il ne voit pas sa démarche comme un « plan B » si sa carrière ne décolle pas comme il le souhaite.

N’empêche, « une carrière au hockey, ce n’est pas infini », constate-t-il sagement.

« Un jour où l’autre, quand le hockey n’est plus là, il faut trouver quoi faire de sa vie. »