Est-il trop tard pour sauver la saison de hockey amateur ?

Oui, ont décidé les responsables des clubs de Boucherville, Brossard, Sainte-Julie et Côte-Saint-Luc. Pas encore, jugent les autres. Sauf que chaque jour, l’intérêt se dissipe. L’espoir s’amenuise. À un moment donné, il faudra trancher. La moitié des associations a donc fixé une date butoir.

Le 8 février.

Dernière journée du couvre-feu.

Nous connaîtrons alors les intentions du gouvernement pour le déconfinement. Pour le hockey, rien n’est encore arrêté, m’assure-t-on. Mais ça prendra assurément des conditions gagnantes. Lesquelles ? Trois indices sont sous la loupe des décideurs à Québec.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le 8 février, nous connaîtrons les intentions du gouvernement pour le déconfinement. Pour le hockey, rien n’est encore arrêté.

1. La situation dans les hôpitaux. Vous le savez, dans plusieurs régions, ça déborde. Tellement qu’au début de janvier, la Santé publique a songé à demander la fermeture des centres de ski. Rien à voir avec la contagion sur les pentes. Les experts craignaient plutôt que des skieurs blessés n’encombrent davantage des hôpitaux déjà débordés. Le réseau hospitalier est surchargé. Ça reste une préoccupation.

2. La vaccination. Québec souhaite protéger le plus grand nombre de personnes vulnérables avant de lever certaines contraintes de rassemblements. Plus les semaines passeront, plus ce sera facile de déconfiner.

3. La contagion. Le hockey a été plus touché que d’autres sports par le virus. Il y a eu plusieurs éclosions importantes. Notamment en Colombie-Britannique, au New Hampshire et au Vermont. Cela dit, très peu au Québec, parce qu’il est interdit presque partout depuis le mois d’octobre. Au début de novembre, à 700 cas par jour dans la province, la ministre Isabelle Charest était optimiste de pouvoir déconfiner le hockey. Puis le nombre de personnes contaminées a explosé. « À 2000, 3000 cas par jour, avec un couvre-feu, faire de la pression, c’est contre-productif », explique le directeur général de Hockey Québec, Paul Ménard.

Ces voyants devront être au vert pour que le hockey reprenne le 8 février. Sinon ? Le retour au jeu sera (encore) repoussé. Plusieurs associations mettront alors fin à leur saison. « Environ 40 % », estime Paul Ménard. Les 60 % qui restent ? « Elles sont prêtes à attendre jusqu’en mars ou en avril », se réjouit-il.

Voici l’état de la situation et les enjeux pour chaque ligue

Ligues régionales (AA, BB, A, B, C)

Pour prolonger la saison ce printemps, les clubs doivent sécuriser des glaces. « C’est un enjeu majeur », convient Paul Ménard. En Estrie et en Mauricie, des portes d’aréna sont déjà cadenassées. Ailleurs, plusieurs villes ferment habituellement leurs patinoires en avril, et redéploient les employés à l’entretien des parcs extérieurs.

Autre défi : le format de jeu qui sera éventuellement autorisé. Des parties ou seulement des entraînements ? Ça aura un impact important sur les inscriptions. Surtout aux niveaux midget et junior, reconnaît Paul Ménard. Chez les plus jeunes, ça devrait moins poser problème.

Par ailleurs, si l’interdiction de matchs interrégionaux perdure, les clubs espèrent qu’il leur sera au moins possible d’organiser des parties entre les jeunes d’une même association.

LHEQ (AAA, AAA Relève, Espoir)

Les hockeyeurs de la LHEQ inscrits dans un programme de sport-études peuvent s’entraîner sur la glace. Mais ils ne peuvent pas jouer. Une situation qui risque de se prolonger quelques semaines.

Par définition, dans une ligue d’élite, il y a peu de clubs. Un ou deux par région, par catégorie. Tant que les déplacements interrégionaux seront « non suggérés », ce sera difficile d’organiser un calendrier de rencontres entre les équipes de la ligue.

Il existe des solutions de rechange. Cet automne, en zone jaune ou orange, des formations de la LHEQ ont affronté des clubs scolaires de leur secteur. « On encourage fortement ces discussions », souligne Paul Ménard. Autre possibilité : mélanger les joueurs AAA et AAA Relève d’une même structure, et les faire jouer entre eux.

Midget AAA

Plusieurs scénarios sont sur la table, dont un calendrier de 32 matchs qui commencerait à la mi-février. Si ce n’est pas autorisé ? « Nous réduirons le nombre de matchs », indique le président du circuit, Yanick Lévesque. « Notre but, c’est de présenter le plus grand nombre possible de parties. Quitte à réduire les déplacements. Nous avons la capacité d’étirer notre saison jusqu’à la fin de l’année scolaire. » Les trois quarts des clubs ont déjà sécurisé une glace pour ce printemps, et la ligue est en train de trouver un plan B pour les autres marchés.

RSEQ

« On ne pense pas qu’il y aura une saison ce printemps », affirme le PDG du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), Gustave Roel. L’organisme mise plutôt sur les « expériences positives ». Par exemple : une rencontre entre deux équipes scolaires d’un même quartier. « D’ici la fin de l’hiver, nous ne serons plus en mode de gestion d’une ligue, mais de rencontres entre des établissements. » Tant au secondaire qu’au collégial et qu’à l’universitaire. Le RSEQ souhaite un retour à la normale en septembre 2021 ou, dans le pire des scénarios, en janvier 2022.

LHPS

Plusieurs projets sont à l’étude. Notamment une saison écourtée, des séries régionales et des fusions de catégories d’âge. « Nous ne sommes pas prêts à dire et à croire [mardi] que la saison est terminée, affirme le coordonnateur de la ligue, Mathieu Perron. S’il y a la possibilité de faire des parties en février, en mars, ou même en avril ou en mai, la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) répondra présente avec les contraintes et les possibilités du moment. Nous le devons à nos étudiants-athlètes qui travaillent fort pour garder le focus et leur moral. »

LHIQ

Les écoles affiliées à la Ligue de hockey interscolaire du Québec (LHIQ) ont préparé un calendrier de 12 rencontres par équipe. « Nous espérons pouvoir offrir des parties à nos jeunes cette année, mais on comprend que la sécurité et la santé de tous doivent passer en premier », explique Marco Deschênes, responsable du programme de hockey au Collège Regina Assumpta. La ligue évalue « sérieusement » la possibilité de rallonger la saison au-delà du début d’avril. « C’est vraiment triste, ce qui se passe présentement, ajoute le directeur des sports à l’école secondaire Loyola, Phil Lafave. Nous, on va s’ajuster. Et si on peut seulement disputer des parties à trois contre trois, eh bien, au moins, ce sera ça ! »