(Toronto) En temps normal, ça aurait grouillé pas mal plus que ça aux alentours du Scotiabank Arena de Toronto en ce petit mardi soir à la fois pluvieux et frisquet.

En temps normal, les restos du coin auraient été bondés, les hôtels tout près de l’aréna aussi, et les revendeurs de billets, encore et toujours un classique même à l’ère numérique, auraient été très actifs en vue du gros match, le premier de cette nouvelle saison.

Mais on n’a rien vu de tout ça en arrivant ici. Aucune bannière, aucun partisan déjà éméché, bref, rien pour indiquer que c’est ici que va s’amorcer la saison du Canadien et des Maple Leafs, mercredi soir.

En fait, si ce n’avait été du sympathique jeune homme au comptoir de notre hôtel, qui a lui-même voulu parler de hockey, on aurait eu bien du mal à comprendre que la rondelle est sur le point d’être lancée sur la glace pour marquer le coup d’une nouvelle saison.

Autre preuve que nous ne sommes pas en temps normal : c’est devant l’œil un peu nerveux et froid d’une caméra que les joueurs des Leafs ont discuté de la situation, mardi matin. « Nos fans nous manquent cruellement », a commencé par dire Auston Matthews.

L’attaquant vedette des Leafs a bien raison, sur le fond comme sur la forme : en effet, ça va manquer de fans mercredi soir par ici, parce que les Leafs, comme toutes les équipes canadiennes de la LNH, devront amorcer cette saison pas comme les autres devant absolument personne.

C’est pourquoi le Scotiabank Arena avait l’air d’un gros bateau fantôme à notre passage mardi soir, et mis à part ce type un peu louche qui avait choisi de se soulager sur l’un des murs de la place, il n’y avait aucune forme d’activité à déclarer.

« Une journée à la fois… »

De toute façon, avec l’Ontario qui ne se porte pas super bien, les fans dans les gradins, ce n’est pas pour tout de suite. « Ça ne fait pas partie des conversations que nous avons en ce moment », a reconnu Brendan Shanahan, président des Maple Leafs.

Il faudra donc se faire aux arénas déserts pour le moment, et les joueurs l’ont compris. Ici à Toronto, ce sera la première fois en 104 ans d’histoire qu’un match d’ouverture sera présenté devant des bancs vides. Il se trouve que ce sera contre le Canadien, mais avec personne pour applaudir, qu’est-ce que ça peut bien faire comme différence ?

Mais bon, on peut présumer que ce calendrier axé sur les rivalités géographiques va bien finir par nous donner quelques bons moments. En attendant, on préfère s’en tenir aux politesses.

Le Canadien peut miser sur deux gros duos en défense. Ça va représenter un défi quand va venir le temps de tenter de placer des attaquants devant le filet.

Jake Muzzin

L’entraîneur-chef Sheldon Keefe, lui, voit déjà ce Canadien comme un formidable adversaire.

« Cette équipe fait partie des équipes difficiles contre lesquelles nous devrons jouer », a-t-il dit sans toutefois en préciser le nombre, parce que les Leafs, il faut bien le rappeler, n’auront que six adversaires cette saison. Tous des adversaires difficiles à affronter ? Le temps nous le dira.

En attendant, ce sera ça. Lorsque les lumières vont s’ouvrir mercredi soir sur la surface glacée, il n’y aura personne, personne d’autre que les joueurs, qui ont décidé, en gros, de jouer pour le bien de la race humaine, si l’on peut un peu paraphraser ce qu’a dit le commissaire Gary Bettman lundi.

« Nous sommes enthousiastes d’aller jouer même s’il n’y aura personne, a répondu l’attaquant John Tavares. Nous sommes enthousiastes par rapport à ce qu’on peut accomplir comme équipe. Ce sera une année différente, mais nous allons y aller une journée à la fois. »

Une journée à la fois ? C’est sans doute une excellente stratégie. Autant au hockey que partout ailleurs.