Après des années fastes, l’allégresse fait place à l’inquiétude à Boston.

Les tuiles ne cessent de s’abattre sur les Bruins depuis la fin de la saison. La direction de l’équipe se croise maintenant les doigts dans le dossier Zdeno Chara.

Le capitaine des Bruins laisse toujours planer l’incertitude sur son avenir. Chara, 43 ans, n’a toujours pas signé de contrat avec l’équipe. Un retour à Boston n’est pas exclu, mais une retraite non plus. Il n’est pas impossible non plus qu’il décide de se joindre à une autre équipe.

« Nous sommes en communication constante avec Zdeno et [son agent] Matt Keator, et nous attendons qu’il nous fasse part de sa décision, a déclaré le DG Don Sweeney aux journalistes dimanche, après avoir renouvelé le contrat du défenseur Matt Grzelcyk. Nous allons lui donner le temps nécessaire pour faire son choix. »

Au confrère Pierre Lebrun, de TSN, Keator a cependant laissé entendre ces derniers jours que toutes les options étaient ouvertes et qu’il ne serait pas impossible que son client endosse un nouvel uniforme la saison prochaine.

Le rôle de Chara a évidemment changé dans la dernière année. En séries éliminatoires, son temps de jeu est passé à 19:47. Parmi les défenseurs réguliers, seuls Grzelcyk et Connor Cliffton ont joué moins souvent, avec une différence d’une maigre seconde dans le cas de Grzelcyk. Chara a obtenu deux aides en 13 matchs.

Malgré tout, son leadership et son ascendant sur les troupes demeurent indéniables. Le départ de Chara constituerait une perte énorme.

L’absence de Torey Krug, déjà confirmée, fera mal. Ce défenseur offensif gaucher a signé un contrat de sept ans pour 45,5 millions avec les Blues de St. Louis il y a dix jours. Les Bruins lui offraient eux aussi 6,5 millions par année, mais pour six ans.

Malgré le talent d’un défenseur au profil semblable, Matt Grzelcyk, Krug sera difficile à remplacer. En séries, il y a deux ans, Krug avait terminé au troisième rang des compteurs de l’équipe avec 18 points en 24 matchs. Seul Charlie McAvoy avait joué davantage que lui. Sans lui, Boston n’aurait peut-être pas atteint la finale.

Krug s’est épanoui encore davantage après l’arrivée de l’entraîneur Bruce Cassidy, en février 2017. Comme Krug, Cassidy était un défenseur gaucher offensif de petite taille.

Mais contrairement à lui, Cassidy n’a jamais eu de véritable chance de percer dans la LNH. Il a joué à peine 36 matchs à Chicago. Il s’est exilé en Italie à 25 ans après une saison de 57 points en 75 matchs dans la Ligue internationale. Krug était devenu pour Cassidy le défenseur qu’il n’avait jamais pu être lui-même.

Les nouvelles de l’infirmerie des Bruins ne sont pas très bonnes non plus. Boston a intérêt à ce que la saison commence le plus tard possible.

Le meilleur compteur de l’équipe, David Pastrnak, s’est fait opérer en septembre pour réparer une blessure au labrum de la hanche. Sa convalescence a été fixée à cinq mois. Un retour au jeu n’est donc pas prévu avant la mi-février.

Brad Marchand s’est lui aussi fait opérer à la mi-septembre, pour une hernie sportive. Il sera en réhabilitation pour quatre mois. Un retour au jeu à la mi-janvier ne devrait pas le priver de trop de matchs.

Il faudra voir aussi si le départ du gardien Tuukka Rask en pleines séries éliminatoires laissera des traces. Par contre, les motivations familiales de Rask étaient valables.

Sweeney a effectué une embauche intéressante sur le marché des joueurs autonomes. L’ailier droit Craig Smith, 31 ans, est un attaquant sous-estimé. Il peut marquer une vingtaine de buts par saison. Par contre sa feuille de route en séries éliminatoires est lamentable avec 16 points, dont 7 buts, en 52 matchs, soit un ratio de 0,30 point par rencontre, comparativement à 0,50 en saison régulière.

Il en faudra beaucoup plus aux Bruins, mais la relève n’a rien de renversant. Boston n’a pas repêché avant le 30e rang lors des trois derniers repêchages. Ils ont eu un seul choix de première ronde depuis 2018, le centre John Beecher, à l’avant-dernier rang de cette première ronde, en 2019. Beecher a obtenu seulement 16 points en 31 matchs à sa première année à Michigan, dans la NCAA, l’an dernier, et il a été blanchi en cinq rencontres au Championnat mondial junior.

Jack Studnicka, un choix de deuxième ronde en 2017, vient de connaitre une excellente première saison dans la Ligue américaine et pourrait combler un manque à l’attaque chez les Bruins. Un rare rayon de soleil.

Mais les Bruins sont victimes de leurs succès. Ils ont cédé de nombreux choix au repêchage ces dernières années pour du renfort à court terme. Ils ont donc bénéficié de seulement 15 choix lors des trois derniers repêchages, dont trois dans les deux premières rondes.

Tout le contraire pour un club en réinitialisation comme le Canadien, par exemple, qui a accumulé les choix au repêchage parce qu’il n’avait pas espoir de percer en séries, contrairement aux Bruins. Le CH a repêché 29 fois depuis trois ans, dont neuf fois dans les deux premières rondes.

« Toute bonne chose a une fin », selon le dicton. La direction des Bruins espère repousser son échéance, ou même je ne jamais la subir. Un défi de taille.

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