L’histoire de Louis Domingue, gardien de but et pâtissier, a fait le tour de la planète hockey l’été dernier.

Les tartes qu’il concoctait pour ses coéquipiers des Canucks de Vancouver, dans la bulle de la LNH à Vancouver, ont fait les manchettes. En connaissez-vous beaucoup, des joueurs de hockey qui se retrouvent en une de la section Inspiration de La Presse ?

Normal que son histoire ait autant retenu l’attention. C’est que Domingue rompait avec l’image traditionnelle du joueur de hockey traité aux petits oignons, dont la principale tâche est de s’entraîner pendant que l’équipe s’occupe du reste. L’exemple parfait de « man bites dog » (un homme mord un chien), principe du journalisme selon lequel une situation insolite est plus susceptible d’attirer l’attention.

De fil en aiguille, ce qui était une anecdote amusante s’est toutefois transformé en initiative pour une bonne cause. Vendredi matin, Domingue s’est donc présenté, dans la Petite-Patrie, chez Automne, une des 522 boulangeries artisanales dans ce secteur de la ligne orange, selon une estimation non scientifique faite par La Presse.

Le but : préparer 40 tartes aux pommes, 90 chaussons et 120 roulés raisin-cannelle-gingembre (ces chiffres-là, en revanche, ont été vérifiés) pour les vendre aux clients toujours nombreux en file, angle Beaubien et Christophe-Colomb. Les profits seront remis à la Fondation Véro & Louis, qui vise à « créer des milieux de vie adaptés aux besoins des adultes de 21 ans et plus vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Louis Domingue a participé à la préparation de tartes et de pâtisseries à la boulangerie Automne.

Le choix de la boulangerie allait de soi. Un des propriétaires, Julien Roy, connaît Domingue depuis l’école secondaire. « On a grandi dans la même ville, Saint-Hilaire, explique Domingue. Il a travaillé dans la boulangerie où tout le monde va à Saint-Hilaire, celle de la famille Duvernay-Tardif. Le choix de venir ici était assez facile. Julien a tout fait pour m’aider. Je ne pouvais pas demander un meilleur partenariat. »

Matinal !

Domingue s’est prêté au jeu à fond. Il s’est en effet présenté sur place à… 4 h du matin !

« Il voulait me faire arriver plus tard pour que je n’aie pas à en faire trop, mais j’avais le goût de me salir les mains », confie-t-il.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le joueur de hockey enfourne ses tartes, qui seront vendues au profit de la Fondation Véro & Louis.

C’est ça, le but du projet, que je sois là, que ce soient mes tartes. Je voulais être impliqué, j’aime m’impliquer, et ils m’ont donné toute la liberté que je voulais.

Louis Domingue

À l’écouter, on se demande d’ailleurs s’il songe à une boulangerie comme projet d’après-carrière. « Peut-être, répond-il. J’ai toujours beaucoup d’idées en tête. C’est super intéressant de voir une boulangerie rouler comme ça. Il y a du staff, du roulement. C’est une belle business. C’est apaisant pour moi d’être dans une cuisine. C’est comme si la Terre arrêtait de tourner et que tu étais seul avec toi-même et ce que tu as devant toi. »

Domingue aura le temps de voir s’il a réellement la passion de la boulangerie. Julien Roy nous a en effet expliqué qu’ils souhaitaient répéter l’expérience tous les vendredis cet automne, du moins jusqu’à ce que Domingue quitte le Québec.

Nouvelle équipe

Reste maintenant à savoir quand il repartira. Comme tout le monde, Domingue est dans le néant quant à la prochaine saison.

C’est à Calgary que sa carrière se poursuivra. Le 10 octobre, le gardien de 28 ans a signé un contrat d’un an, à deux volets, avec les Flames de Calgary, pour un salaire minimum de 700 000 $ dans la LNH.

« Ils m’ont offert le contrat la journée des joueurs autonomes [le 9 octobre], en fin de soirée. J’ai pris jusqu’au lendemain pour en parler avec ma famille et l’analyser. Ils n’étaient pas pressés, ils me disaient que j’étais le gars qu’ils voulaient. Ils ne nous ont pas fait croire qu’ils regardaient ailleurs. Ça a pesé lourd dans la balance », admet-il.

À première vue, la décision de Domingue paraissait étrange, car la veille, les Flames s’étaient entendus pour six ans et 36 millions de dollars avec Jacob Markstrom, le gardien le plus convoité sur le marché des joueurs autonomes. L’équipe comptait déjà sur David Rittich, qui devient un auxiliaire de luxe à un salaire de 2,75 millions.

Mais c’est justement là que Domingue a vu une possibilité.

PHOTO GERRY THOMAS, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Louis Domingue célèbre une victoire des Canucks de Vancouver avec ses coéquipiers Quinn Hughes (43) et Thatcher Demko (à droite) lors du tournoi des séries éliminatoires de la LNH, le mois dernier, à Edmonton.

« On ne peut pas passer à côté du fait qu’il gagne presque 3 millions. Ça fait beaucoup d’argent devant le filet, souligne Domingue. Mais ce ne sont pas des choses que je contrôle. »

Je vais aller au camp et je vais essayer de rendre leurs décisions difficiles.

Louis Domingue

De plus, scénario assez rare, Domingue suivait Markstrom d’une équipe à l’autre, puisqu’ils étaient ensemble chez les Canucks depuis la fin février quand Domingue a été échangé à Vancouver pour la fin de saison.

« J’étais réaliste, je ne m’attendais pas à avoir une job de gardien no 1. Mais je me suis dit que si j’ai la chance de travailler avec Markstrom toute l’année, ce sera merveilleux. C’est un gars que j’apprécie et on a une bonne chimie. »

Si jamais les Flames gardent Markstrom et Rittich, Domingue sera vraisemblablement gardien no 1 du club-école, où son salaire serait de 450 000 $. Un dossier intéressant à suivre : selon Elliotte Friedman, les équipes canadiennes de la LNH qui ont une filiale aux États-Unis (comme les Flames, à Stockton) pourraient rapatrier leur club-école au Canada pour la saison, afin d’éviter la quarantaine aux joueurs rappelés.

Tout cela est toutefois bien loin dans la tête de Domingue. En attendant, l’entraînement et les fourneaux le tiendront occupé.

En bref : De bons mots pour Toffoli

Louis Domingue a brièvement côtoyé Tyler Toffoli en fin de saison et en séries chez les Canucks. « C’est un gars super apprécié par tout le monde dans le vestiaire, a-t-il dit au sujet de la nouvelle acquisition du Canadien. C’est un gagnant de la Coupe Stanley, donc il va amener ça dans le vestiaire. Même chose avec Joel Edmundson et Jake Allen. C’est dur de trouver des gagnants de la Coupe Stanley. En plus d’être un marqueur, ce sera toute une acquisition pour le Canadien, à prix modeste en plus. C’est un scoreur. Peut-être pas un sniper pour la puissance de son tir, mais il sait où se placer et il a du flair autour du but. Ces gars-là savent juste comment compter. Il l’a prouvé dans le passé. »