Marc Bergevin n’a jamais eu peur de s’exposer à un certain niveau de risque dans ses transactions.

Il l’a fait en 2016 quand il a cédé P. K. Subban pour obtenir un défenseur dont on craignait le déclin. Il l’a fait en sacrifiant l’espoir Mikhail Sergachev pour obtenir un attaquant au grand potentiel, mais entouré de points d’interrogation.

Cette fois, le directeur général parie sur un joueur qui vient de traverser une saison de misère en raison d’une blessure à une épaule qui ne guérissait pas. Ce joueur, c’est Josh Anderson, obtenu mardi contre Max Domi. Et Anderson assure que sa blessure, qui l’a limité à 4 points en 26 matchs la saison dernière, est chose du passé.

« Ça a mis du temps à guérir, mais une fois que j’étais dans la bulle à Toronto, je me sentais fort et prêt à jouer. Je voulais attendre d’être à 100 % avant de revenir, car c’est du hockey de séries. Si Columbus battait Tampa Bay, j’aurais pu jouer au tour suivant. J’avais recommencé à faire des exercices de bataille à l’entraînement. »

Une blessure en deux temps

En Anderson, le Tricolore met la main sur un ailier droit de 1,91 m et 101 kg (6 pi 3 po et 222 lb), auteur de 27 buts en 2018-2019. Bref, l’attaquant de puissance auquel bien des directeurs généraux rêvent.

De plus, l’Ontarien n’a pas peur de se servir de sa grosse charpente. Lors de cette même saison 2018-2019, il a distribué 214 mises en échec, le 13e total parmi les attaquants de la LNH. C’est aussi un joueur qui interprète de façon très rigoriste le fameux « code » du hockey qui stipule qu’un joueur qui en frappe un autre doit répondre de ses actes. Cette séquence survenue le 14 décembre dernier en est un exemple éloquent.

Sauf que cette même séquence a aussi marqué la fin de la saison 2019-2020 d’Anderson. Dans une entrevue accordée au collègue Aaron Portzline en février, il expliquait avoir ressenti une douleur vive à l’épaule une fois au banc des pénalités, après ce combat. Il tentera trois autres présences en première période, avant de hisser le drapeau blanc pour quelques semaines. Puis de se résoudre à se faire opérer, le 2 mars.

« Ça a commencé dès le premier match, je me suis blessé une première fois, a expliqué Anderson en téléconférence, mercredi. Je suis revenu trop tôt, et je me suis dit que je ne referais plus jamais ça. J’ai ensuite convenu que la meilleure décision était de réparer mon labrum et que je reviendrais à 100 % pour connaître une longue carrière.

« C’était très frustrant. C’était une saison décevante. »

Anderson assure avoir consulté d’autres joueurs qui ont subi une opération similaire. On ignore s’il fait partie desdits joueurs consultés, mais Tyler Seguin a subi la même opération au printemps 2017. Il a ensuite connu, en 2017-2018, sa première et unique saison de 40 buts dans la LNH.

Taylor Hall a lui aussi eu droit à cette opération en au printemps 2012, au terme de sa deuxième saison. Lors de la saison suivante, écourtée par le lock-out, il avait amassé 50 points en 45 matchs, et n’a plus raté de matchs en raison de son épaule.

Négociations à venir

L’ennui pour Anderson, c’est que cette saison de misère est survenue en dernière année de contrat. Il disputait la troisième année d’une entente de trois ans, qui lui rapportait 1,85 million de dollars par saison. Au rythme auquel il progressait dans les trois saisons qui précédaient sa blessure, il était en voie de toucher le gros lot.

Cela dit, on le répète, des ailiers avec ses attributs ne courent pas les rues. Pour paraphraser un ancien lutteur, « 6 pi 3 po et 222 lb, ça ne s’enseigne pas ». Anderson est bien conscient de son unicité.

« Je sais quel type de joueur je suis et que c’est dur à trouver. Cela dit, je vais continuer à jouer de façon robuste et amener ça à Montréal. Je ne pourrais pas être plus excité de me joindre à une équipe comme ça. »

Reste donc à voir sur quel type de contrat ça débouchera. Anderson sera admissible à l’autonomie complète dans un an, ce qui pourrait l’inciter à signer une entente d’un an et parier sur lui-même. Mais le jeune homme de 26 ans s’est dit disposé à s’entendre à long terme avec le Canadien.

Avec le prix qu’il a payé, on devine que Bergevin souhaitera le retenir pour plus d’un an. Mais il devra parier, encore une fois.