La remarque peut sembler surprenante en cette année 2020, mais le hasard fait parfois bien les choses.

En remportant les trophées Hart et Ted-Lindsay la semaine dernière, Leon Draisaitl est devenu le tout premier joueur allemand à mettre la main sur les plus importants honneurs individuels de la LNH. Ce triomphe survient à quelques jours à peine d’un autre moment attendu pour le hockey allemand, puisque son jeune compatriote Tim Stuetzle pourrait lui aussi écrire son nom dans l’histoire.

Si, comme certains analystes le prévoient, Stuetzle est réclamé au deuxième rang du repêchage de la LNH par les Kings de Los Angeles le 6 octobre prochain, il deviendrait l’Allemand choisi au rang le plus enviable de l’histoire de la ligue. Il coifferait du même coup Draisaitl, 3e choix au total en 2014.

Coup du hasard ? Pas vraiment. Pas du tout, même. Lentement mais sûrement, le programme de développement de ce pays devient un incontournable pour les recruteurs européens. Pour la troisième année de suite, au moins un joueur allemand sera sélectionné au premier tour, après Dominik Bokk (25e) en 2018 et Moritz Seider (6e) en 2019.

De fait, Stuetzle ne sera peut-être pas le seul de sa nation à entendre son nom rapidement, puisque John-Jason Peterka et Lukas Reichel pointent aux 7e et 11e rangs de la liste des espoirs européens établie par la centrale de recrutement de la LNH – palmarès dominé par Stuetzle, au fait. Au total, ce sont donc six joueurs allemands qui pourraient avoir été repêchés en première ronde depuis 2014. On est loin de l’époque révolue où Marcel Goc et Marco Sturm étaient les seuls noms connus du pays de Goethe.

Le programme allemand va dans la bonne direction.

Tim Stuetzle, en point de presse virtuel, jeudi

Il est lui-même aux premières loges pour récolter les fruits des orientations adoptées par sa fédération au cours des dernières années. L’une d’entre elles prévoit, depuis le début de la saison 2019-2020, que chaque club de la DEL peut ajouter deux joueurs supplémentaires à sa formation en vue de ses matchs, pourvu que ceux-ci soient allemands et qu’ils soient âgés de moins de 23 ans.

Encore du travail à faire

C’est notamment ce qui a ouvert à Tim Stuetzle les portes des Aigles de Manheim, la saison dernière. Avec 34 points en 41 matchs, il n’a pas raté sa première audition chez les professionnels, décrochant au passage le titre de recrue de l’année dans le circuit.

« Ça m’a énormément aidé de pouvoir jouer dans cette équipe et m’entraîner chaque jour avec des hommes, a-t-il commenté. Ça donnait des journées occupées, car je devais partir pour l’école immédiatement après les entraînements, mais j’ai beaucoup appris des vétérans, notamment en observant leur manière de s’alimenter, de se préparer à un match. »

Chaque jour, je devais être un professionnel à 100 %.

Tim Stuetzle

Les conseils de ses coéquipiers Ben Smith et Andrew Desjardins, qui ont respectivement disputé 237 et 408 parties dans la LNH avant de s’exiler en Europe, ont été particulièrement précieux, selon lui.

La plus grande déception de sa dernière saison s’est toutefois produite au Mondial junior, alors que l’Allemagne a été écartée de la ronde des médailles après s’être retrouvée dans un groupe de la mort, derrière le Canada, les États-Unis et la Russie. Auteur de 9 points en cinq matchs dans le tournoi, Stuetzle garde au moins la fierté d’avoir « tenu tête à de bonnes équipes ». Cette formation jeune reviendra plus forte, a-t-il promis.

À quelques jours du repêchage de la LNH, il profite de l’attention que les équipes du circuit et les journalistes lui consacrent, sans toutefois s’enfler la tête. Sa fougue en attaque lui vaut des comparaisons avec Patrick Kane, un peu aussi avec son idole Leon Draisaitl : c’est un « honneur », dit-il, « mais je suis encore loin de leur niveau. Il me reste beaucoup de travail à faire ».

Cité dans une entrevue sur le site web de la LNH, Draisaitl a d’ailleurs simplement conseillé à son poulain de profiter de ce qui lui arrive et de s’amuser.

À voir l’assurance et la désinvolture du jeune homme dans ses réponses aux médias jeudi, le message a été bien reçu.