Doit-on parler d’une immense victoire pour le Lightning de Tampa Bay, ou bien doit-on parler d’une immense défaite pour les Islanders de New York ? Un peu des deux, probablement.

Parce que d’une part, le Lightning a tout fait pour perdre ce match, mais il l’a gagné quand même, par la marque de 2-1, et sur un but victorieux qui est survenu à 8,8 secondes de la fin. Ce fut aussi dramatique que ça en a l’air.

D’autre part, les Islanders n’ont aucune excuse valable. Aucune. Ils avaient ce match en main, ils avaient bien meilleure mine que lors du match précédent, ils ont pris l’avance tout de suite en partant… et puis, plus rien.

Entre autres désastres, ils n’ont pas été capables de marquer lors d’un avantage numérique de deux joueurs, et pas capables non plus de marquer lors d’un long avantage numérique de cinq grosses minutes.

Bref, c’est le genre de défaite dont on ne se remet pas.

« On a souvent réussi à se sortir de ces situations devant l’adversité, a expliqué l’entraîneur-chef Barry Trotz tard mercredi soir. On l’a fait souvent depuis le début des séries… mais pas cette fois. »

Et c’est bien ça, le problème. On ne sait trop si Trotz est un fan des statistiques très avancées, mais on va lui en sortir une belle : dans toute son histoire, le Lightning a une fiche de 5-0 en séries éliminatoires lorsqu’il prend une avance de 2-0. Comme l’a déjà écrit Kierkegaard : bonne chance avec ça.

Trois trios

Dans le cas du Lightning, ce qui est franchement impressionnant, c’est la façon dont ça s’est passé mercredi soir dans la bulle d’Edmonton. Deux attaquants n’ont pu terminer le match, soit Alex Killorn (qui a écopé d’une inconduite de partie pour son geste dangereux à l’endroit de Brock Nelson, geste qui pourrait lui valoir une suspension) et Brayden Point, blessé, qui a dû abdiquer lors de la deuxième période.

Autrement dit, le Lightning a fini sa soirée, soit les 20 dernières minutes du match, à seulement trois trios.

« On a fait ça souvent depuis que je suis avec le club, amorcer un match avec 11 attaquants et 7 défenseurs, a expliqué l'entraîneur-chef Jon Cooper. À mes yeux, ce n’est pas un risque… si on avait dû aller en cinquième période de prolongation, peut-être que ce serait devenu plus inquiétant ! Mais on a souvent joué à 11-7 et ça fonctionne pour nous. De perdre deux attaquants comme ça, ça n’arrive pas souvent. »

Ce qui arrive plus souvent, par contre, ce sont les buts poétiques de Nikita Kucherov, et celui de mercredi soir à la fin en fut un d’une grande beauté. « Chaque but est immense en séries, surtout celui-là, a admis l’attaquant. Il fallait composer avec un désavantage, car on devait se débrouiller sans deux attaquants. »

Nous avons été récompensés pour notre patience. Nous sommes restés fidèles à notre plan de match.

Nikita Kucherov

Et puis, ce n’est pas pour en rajouter, car ce ne serait pas nécessaire, mais qui étaient les deux défenseurs du Lightning sur la glace au moment de ce but si important ? Eh oui, Ryan McDonagh et Mikhail Sergachev, qui ont tous deux en commun le fait d’avoir été repêchés par la même équipe. Quel hasard, tout de même.

La soirée s’est donc conclue ainsi, sur ce superbe but de Kucherov, ensuite accompagné d’un aussi superbe « fist pump » de Jon Cooper, un geste de grande joie que n’aurait pas renié René Rancourt, l’une des voix les plus marquantes de notre époque.

« Vers la fin comme ça, si tu veux aller encore plus loin sur la route, tes meilleurs joueurs doivent être tes meilleurs joueurs, et on l’a encore vu », a résumé Cooper, avec un brin de philosophie dans la voix.

Ce match, c’est peut-être le genre de match qu’un Lightning plus fragile, celui d’il y a un an, disons, aurait laissé échapper. Mais pas cette fois. Et voici enfin qu’une saison, celle-ci, pourrait être la leur.

Prochain match : Lightning c. Islanders, vendredi à 20 h