(Edmonton) Les laboratoires qui ont été mandatés pour mener les tests de dépistage quotidiens de la COVID-19 dans les bulles d’Edmonton et de Toronto opèrent à partir d’une chaîne d’approvisionnement différente de celle réservée à la population en général, pour éviter toute forme de situation conflictuelle, selon la Ligue nationale de hockey.

Chaque jour, environ 1500 échantillons sont recueillis et analysés dans chaque ville. Non seulement ces échantillons viennent-ils de joueurs, du personnel des équipes et de la ligue, mais aussi d’employés de restaurants et d’hôtels qui soutiennent le tournoi éliminatoire dans chaque ville-pôle.

Avant la relance des activités de la LNH cet été, le commissaire adjoint Bill Daly avait estimé qu’entre 25 000 et 30 000 tests seraient effectués jusqu’au dernier jour de la finale de la Coupe Stanley.

Conscients que même une perception de conflit avec les tests de dépistage réservés à la population pourrait créer une forme de controverse dans chacune des deux villes-pôles, les responsables de la ligue et des laboratoires assurent qu’il n’y en a pas.

Selon le président-directeur général de DynaLife, à Edmonton, le laboratoire reçoit ses produits chimiques et son matériel de manufacturiers qui ne sont pas des fournisseurs des Services de santé de l’Alberta.

Lors d’une entrevue accordée à La Presse canadienne, Jason Pincock a fait une analogie avec les automobiles.

« Supposons que les responsables de la Santé publique ont choisi d’utiliser une flotte de véhicules venant de Chevrolet et de Ford. De notre côté, parce que nous voulons nous assurer qu’ils auront toutes les pièces nécessaires pour leurs Chevrolet et leurs Ford, nous allons acheter des Hondas et nous allons rouler avec des Hondas pour la LNH. Ça reste que ce sont des voitures. »

Le médecin hygiéniste en chef de la LNH a déclaré que les deux laboratoires obtiennent leurs tests et leur technologie de fournisseurs dont le travail n’interfère pas avec les services réservés à la population.

« Nous effectuons nos tests en faisant appel à du personnel différent, en nous servant de différents réactifs et d’une plateforme ou de matériels différents que ce qui est utilisé pour les tests menés auprès de la population », avait précisé le docteur Willem Meeuwisse, lorsque la LNH avait annoncé les détails entourant la relance de la saison 2019-2020.

DynaLife a établi un laboratoire consacré aux tests de la COVID-19 pour la LNH à son bureau du centre-ville d’Edmonton, situé à quelques rues au sud du Rogers Place et des deux hôtels réservés aux équipes.

« Ce sont des tests que nous ne faisions pas avant, a fait savoir Pincock. Nous n’avons jamais joué un rôle quelconque dans les tests de dépistage de la COVID-19 réservés à la population en général. Mais nous menons de nombreux tests de routine en soins de santé pour la population. C’est notre rôle principal. »

LifeLabs analyse les tests pour la LNH à Toronto à son bureau principal, près de l’aéroport Pearson. L’entreprise mène des tests pour la COVID-19 auprès du public et de clients commerciaux, un segment dont la LNH fait maintenant partie.

Chris Carson, vice-président senior de LifeLabs, assure que l’entreprise peut mener de front ces deux mandats.

« Nous n’aurions pas assumé (ce rôle) si nous en avions été incapables, affirme-t-il. Nous sommes très conscients qu’il faut nous assurer que nous sommes là pour le soutien du réseau de la santé publique. C’est notre priorité. »

Pincock et Carson ont tous deux indiqué que leur laboratoire a embauché du personnel – 70 à Edmonton – pour combler les besoins de la LNH en matière de tests de dépistage.

Cette demande va diminuer au fur et à mesure que des équipes seront éliminées et quitteront les villes-pôles. Le chiffre devrait baisser et atteindre zéro à Toronto en septembre.

Les finales d’association devraient commencer le 8 septembre, et la finale de la Coupe Stanley suivra au Rogers Place à Edmonton.

Des ralentissements ou des ratés dans les tests de dépistage réservés à la population pourraient inciter les Albertains à se demander pourquoi de jeunes hommes en santé se font tester à une cadence plus rapide qu’eux.

« La simple optique donnant l’impression que les tests dans le réseau public prennent plus de temps que ceux administrés aux joueurs de la LNH peut être problématique », affirme la docteure Lorian Hardcastle, une professeure agrégée à l’Université de Calgary qui se spécialise dans les lois et politiques liées à la santé.

Une équipe de la LNH recevant des services préférentiels ou additionnels du système de santé a fait les manchettes en Alberta, dans le passé.

Les joueurs des Flames de Calgary et leurs familles ont reçu des vaccins pour la grippe H1N1 en 2009 dans une clinique privée, le jour avant que la province annonce une pénurie. Une infirmière et son superviseur ont été limogés au terme d’une enquête.