Il n’y a pas que le Canadien dans la vie ! Comme on le sait, le Tricolore affrontera les Penguins de Pittsburgh lors de la ronde qualificative du tournoi éliminatoire de la LNH. Ici, nos journalistes Mathias Brunet et Guillaume Lefrançois analysent plutôt les sept autres duels, qui permettront de connaître le portrait exact des séries.

Rangers-Hurricanes

Le 24 février, les Rangers échangent le défenseur Brady Skjei contre un choix de premier tour. Cette même journée, les Hurricanes ajoutent deux défenseurs capables de jouer 20 minutes. Un de ces défenseurs : Brady Skjei ! Disons qu’on ne s’attendait pas à de telles retrouvailles… La défense des Hurricanes fera peur. La pause a permis à Dougie Hamilton de guérir. Lui et Jaccob Slavin forment un duo sensationnel et sous-évalué. Avec Skjei, Sami Vatanen et Joel Edmundson derrière eux, on n’a pas vu une telle profondeur depuis la distribution d’Ocean’s Thirteen. L’attaque n’est toutefois pas aussi bien répartie, mais on peut en dire autant des Rangers. Ces derniers traînent deux défenseurs en perte de vitesse, Marc Staal et Brendan Smith ; il sera dur de les « cacher ». Les Hurricanes ont amassé seulement deux points de plus que les Rangers en saison, mais la date limite des transactions a creusé l’écart entre les deux clubs. Si les New-Yorkais causent la surprise, ce sera devant le filet, avec Igor Shesterkin qui marchait sur l’eau en fin de saison.

Oilers-Blackhawks

PHOTO NAM Y. HUH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Patrick Kane, des Blackhawks de Chicago, et Ryan Nugent-Hopkins, des Oilers d’Edmonton

S’il y a une chose que Ken Holland semble en voie d’établir à Edmonton, c’est une certaine profondeur qui manquait cruellement ces dernières années. L’acquisition à la date limite d’Andreas Athanasiou, un marqueur de 30 buts l’an dernier, constitue un pas de plus dans cette direction. En défense, l’éclosion d’Ethan Bear donne aux Oilers deux premiers duos intéressants (Klefbom-Larsson, Nurse-Bear). Devant le filet, c’est toutefois une boîte à surprise avec le duo formé du vieillissant Mike Smith et de l’imprévisible Mikko Koskinen. Cela dit, les Blackhawks ne sont pas non plus blindés à la position de gardien. Le fragile Corey Crawford a présenté une efficacité de ,917 cette saison, mais derrière lui, c’est maintenant Malcolm Subban, qui a montré une moyenne de 3,17 et une efficacité de ,890 cette saison. Du reste, les Chicagolais sont encore jeunes et inexpérimentés, derrière Jonathan Toews, Patrick Kane, Duncan Keith et Crawford.

Panthers-Islanders

PHOTO STEVE MITCHELL, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Aaron Ekblad, des Panthers de la Floride, et Michael Dal Colle, des Islanders de New York

Seulement deux points séparaient ces deux équipes en saison. Par contre, à la date limite des transactions, Lou Lamoriello a ajouté deux morceaux importants, l’attaquant Jean-Gabriel Pageau et le défenseur Andy Greene. Pendant ce temps, les Panthers restaient tranquilles ; leur unique acquisition d’importance, Erik Haula, s’est faite au prix de Vincent Trocheck. Pour les Panthers, le facteur X demeure sans contredit Sergei Bobrovsky. Le Russe, acquis à fort prix l’été dernier, est capable d’être assez dominant pour voler une série. Il devra toutefois mieux jouer que le gardien qui a montré une efficacité de ,900 et une moyenne de 3,23 cette saison. Le duel des entraîneurs sera fascinant à suivre : derrière le banc des Panthers, Joel Quenneville, avec trois bagues de la Coupe Stanley comme entraîneur-chef, contre Barry Trotz, qui n’a pas perdu au premier tour des séries depuis 2010. Il a raté le tournoi en 2013 et en 2014, mais a atteint le deuxième tour lors des autres saisons, en plus de gagner la Coupe Stanley en 2018.

Jets-Flames

PHOTO LIAM RICHARDS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mathieu Perreault (85) et David Gustafsson (à droite), des Jets de Winnipeg, luttent avec Mark Giordano (5), des Flames de Calgary, lors de la Classique Heritage de la LNH, en octobre dernier.

On prédisait aux Jets une saison difficile après qu’ils eurent perdu de nombreux joueurs importants pour se conformer au plafond salarial. Les Flames, eux, devaient en principe rester au sommet après avoir terminé au deuxième rang du classement général la saison précédente. Mais Calgary a connu des moments difficiles, marqués par le congédiement de l’entraîneur Bill Peters, plongé dans un scandale à caractère racial. Ils ont continué de connaître une saison en dents de scie après l’arrivée de Geoff Ward et on ne sait toujours pas qui de Dave Rittich ou de Cam Talbot est le gardien numéro un. Les Jets, eux, ont profité d’extraordinaires performances de Connor Hellebuyck avant l’interruption de la saison. À compter du 6 février, Winnipeg a perdu seulement cinq matchs en temps réglementaire sur les 17 derniers. Hellebuyck a accordé huit buts à ses six derniers matchs. Winnipeg a toujours une extraordinaire force de frappe à l’attaque, avec cinq compteurs de 22 buts ou plus. Kyle Connor, 23 ans, était en route vers une saison de 44 buts. La défense n’est pas vilaine non plus malgré la perte de Jacob Trouba, Tyler Myers, Ben Chiarot et Dustin Byfuglien. Obtenu avec un choix de premier tour pour Jacob Trouba, Neil Pionk est sans doute le plus surprenant, avec 45 points et un temps d’utilisation de presque 24 minutes. La pression sera forte sur Johnny Gaudreau et Sean Monahan après leur performance très décevante en séries le printemps précédent contre St. Louis.

Coyotes-Predators

PHOTO CHRISTOPHER HANEWINCKEL, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Juuse Saros (74) et Pekka Rinne, des Predators de Nashville

Après avoir flirté avec les abysses du classement, les Predators de Nashville ont retrouvé leur aplomb habituel avant l’interruption de la saison, avec seulement trois défaites en dix matchs. Nashville doit son succès au gardien Juuse Saros, 25 ans, le dauphin de Pekka Rinne, et le nouvel homme de confiance de John Hynes, embauché après le congédiement de Peter Laviolette. Saros a entamé neuf des dix dernières rencontres de son équipe. En Arizona, l’équipe a plongé au classement après l’acquisition de Taylor Hall. Les Coyotes, menés par Rick Tocchet, pratiquent toujours le même style de jeu conservateur et peu créatif. Ils se classaient 23es au chapitre des buts marqués dans la LNH, et 18es en supériorité numérique. Ils ont un seul marqueur de 20 buts ou plus, Conor Garland. Nashville n’est guère meilleur à ce chapitre. Seul Filip Forsberg a marqué plus de 20 buts, mais sa production de 48 points en 67 matchs est inférieure aux attentes. Les Predators sont toujours aussi atroces en supériorité numérique. Les Coyotes ont la meilleure moyenne de buts accordés par match parmi les équipes en ronde préliminaire, à égalité avec les Blue Jackets.

Wild-Canucks

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jordie Benn, des Canucks de Vancouver, Zach Parise (au centre) et Kevin Fiala (22), du Wild du Minnesota

L’acquisition de Tyler Toffoli à la date limite des échanges permet aux Canucks de compter sur deux excellents premiers trios. Toffoli se retrouve avec la jeune sensation Elias Pettersson et le surprenant J. T. Miller, Bo Horvat est au centre de Tanner Pearson et Brock Boeser. Jakob Markstrom représente une valeur sûre devant le filet. La défense des Canucks constitue son talon d’Achille, avec Tyler Myers sur la première paire et Chris Tanev sur la deuxième. Dans une formule traditionnelle, le Wild du Minnesota aurait été écarté des séries. Ils ont même échangé l’un de leurs meilleurs attaquants, Jason Zucker, à la date limite des transactions pour un choix de premier tour et un espoir. Mais ils ont trouvé un second souffle après le congédiement de l’entraîneur Bruce Boudreau et ils ont remporté sept de leurs dix derniers matchs avant l’interruption de la saison, grâce à l’efficacité de leur nouveau gardien numéro un, Alex Stalock. Le Wild a un meilleur club que sa fiche ne l’indique. À preuve, il peut compter sur un quatrième trio de luxe avec Ryan Donato, Mikko Koivu et Ryan Hartman. Alex Galchenyuk semble s’être déniché une place au centre, entre Marcus Foligno et Mats Zuccarello au sein du troisième trio. La défense demeure solide avec un top 4 constitué de Ryan Suter, Jonas Brodin, Jared Spurgeon et Matt Dumba. Le Wild n’a rien à perdre et sera un adversaire féroce pour les Canucks.

Blue Jackets-Maple Leafs

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Nick Foligno (71), des Blue Jackets de Columbus, et Auston Matthews, des Maple Leafs de Toronto

Les Blue Jackets constituaient encore l’équipe cendrillon de la saison début février lorsqu’un autre soldat, et non des moindres, est tombé au combat : le défenseur numéro un Seth Jones. L’ailier Oliver Bjorkstrand s’est blessé à une jambe lui aussi 12 jours plus tard. Columbus a subi huit revers consécutifs après la blessure à Jones et n’a jamais pu reprendre son élan des Fêtes. Jones et Bjorkstrand sont désormais en pleine forme, le gardien Elvis Merzlikins s’est bâti une confiance avant l’interruption de la saison et les Blue Jackets n’auront aucune pression contre les Maple Leafs. Toronto possède l’une des attaques les plus dévastatrices de la Ligue avec Auston Matthews, Mitch Marner, John Tavares et William Nylander, mais peu d’équipes peuvent se vanter d’avoir un top 4 défensif aussi efficace que celui des Blue Jackets avec Jones, Zach Werenski, David Savard et Ryan Murray, lui aussi en santé. Les Leafs n’ont pas gagné une ronde de séries éliminatoires depuis… 2004. La pression est forte sur ce groupe, après deux éliminations consécutives en première ronde aux mains des Bruins. Avec une masse salariale aussi gonflée et de nombreux défenseurs admissibles à l’autonomie complète à la fin de la saison, les Leafs verront peut-être leur créneau favorable de succès se rétrécir de façon inquiétante après cette année.