En temps normal, les joueurs de la Ligue nationale de hockey se présentent aux camps d’entraînement en septembre après avoir passé leur été à s’entraîner et à se soumettre à des séances de patinage.

Selon les cas, le calendrier préparatoire pourra être plus léger ou occupé — les vétérans vont souvent disputer la moitié des matchs — dans le cadre d’un lent processus de préparation en prévision de la saison régulière.

Les séries éliminatoires et la Coupe Stanley représentent l’objectif ultime. Dans les deux cas, le parcours pour s’y rendre est éloigné.

Inévitablement, au début, il y a de la rouille et ces matchs en octobre peuvent être laborieux. Surtout ceux avant le moment où les entraîneurs parviennent à mettre en place leur système et déceler les tendances.

Ainsi, dans une saison comme aucune autre, à quoi va ressembler le hockey après un intervalle de 143 jours entre la présentation de matchs importants lorsque reprendra la saison de la LNH le 1er août, après l’interruption causée par la pandémie et après un sprint chaotique pour se préparer ?

« Amusant à regarder », a lancé John Tavares, des Maple Leafs de Toronto.

« L’intensité va être élevée. Nous allons probablement voir des matchs qui seront fous. »

« Rapide et imprévisible », croit, de son côté, le défenseur John Carlson, des Capitals de Washington.

PHOTO GEOFF BURKE, USA TODAY SPORTS

John Carlson

La plupart des joueurs ont remisé leurs patins pendant deux mois ou davantage après la suspension des activités de la LNH, le 12 mars, en raison de l’éclosion du coronavirus.

« Tout le monde a eu une opportunité de s’éloigner, de réfléchir, de se reposer, et [les joueurs] se sentent probablement bien mieux mentalement et physiquement après une pause aussi longue », a fait remarquer Tavares.

« Nous savons à quel point il y a de la rapidité et du talent dans notre ligue, dans l’ensemble. La marge d’erreur est mince et dès le départ, l’enjeu sera élevé. »

En avril, cependant, Brad Marchand, des Bruins de Boston, craignait que l’on assiste à une relance « vraiment, vraiment affreuse ». En mai, Patrik Laine, des Jets de Winnipeg, a utilisé le qualificatif « terrible » pour décrire l’allure du retour au jeu, à ses yeux, après un si long congé. Quelques jours après le début du camp d’entraînement, Laine n’avait pas changé d’avis.

Mais dans l’ensemble, les joueurs ne croient pas qu’il faudra beaucoup de temps aux 24 équipes impliquées dans la relance pour retrouver leur synchronisme.

« Il s’agit d’une ligue où vous devez vous préparer », a rappelé le centre Elias Lindholm, des Flames de Calgary.

« Et si vous ne le faites pas, vous allez vous retrouver à l’extérieur de la ligue assez rapidement. Je pense que les joueurs ont bien entamé leur préparation. Je ne crois pas qu’il faudra beaucoup de temps sur la patinoire pour revenir. »

Mike Sullivan, l’entraîneur-chef des Penguins de Pittsburgh, est d’accord pour dire que des individus qui sont considérés comme les meilleurs dans leur domaine n’auront pas beaucoup de difficultés à retrouver leurs repères, surtout quand on considère l’importance de l’enjeu.

« Ce sont des gars qui sont fiers. Plusieurs d’entre eux voient l’opportunité qui se présente à eux. Ce désir et cette motivation de gagner une Coupe Stanley vont forcer ces joueurs à s’ajuster rapidement », estime Sullivan.

« Je suis convaincu d’une chose : la compétition sera féroce, a-t-il ajouté. Une fois que le calendrier aura recommencé et que les joueurs auront participé à un nombre accru de matchs, la qualité de l’exécution va continuer de s’améliorer. »

Le défenseur Christopher Tanev, des Canucks de Vancouver, est certain de quelque chose d’autre : le fait de jouer devant des gradins déserts aura une influence sur l’allure des matchs.

« Les changements d’allure aux matchs seront très différents », prédit Tanev.

« Surtout quand vous ne pourrez pas profiter des amateurs qui vous encouragent, ou si vous êtes à l’étranger, que l’aréna s’enflamme et que l’autre équipe peut profiter d’un nouvel élan pendant cinq ou sept minutes. »

Kyle Dubas, le directeur général des Maple Leafs, ne cache pas être intrigué par le caractère unique de la situation entourant ce retour au jeu.

« Il s’agit d’une relance au mois d’août après une interruption en mars, donc une pause de presque cinq mois pour tout le monde entre les matchs, et une seule rencontre préparatoire. Je n’ai vraiment aucune idée de ce à quoi ça va ressembler. »

Le centre Auston Matthews, des Maple Leafs, ignore également ce qu’il va arriver après une aussi longue trêve. Toutefois, il dit avoir hâte.

« Selon ce que je lis, beaucoup de gens pensent que ce sera la Coupe Stanley la plus difficile à gagner parce que tout le monde sera frais et dispos. Je ne suis pas convaincu que des gens savent exactement à quoi s’attendre. Une fois que la première mise en jeu aura eu lieu, les joueurs vont batailler pour la Coupe Stanley, et c’est tout ce qui importe. »

— La journaliste Donna Spencer de Canadian Press a contribué à cet article.