La Ligue canadienne de hockey a eu besoin de quelques jours pour réagir à la demande d’action collective intentée par deux anciens joueurs, Daniel Carcillo et Garrett Taylor.

Dans un communiqué publié vendredi, la LCH, qui regroupe la Ligue de hockey de l’Ouest, la Ligue de hockey de l’Ontario et la Ligue de hockey junior majeur du Québec, s’est dite « engagée pour le bien-être et la sécurité de plus de 1400 jeunes hommes qui évoluent dans notre ligue ».

La Ligue ajoute qu’elle n’a aucune tolérance pour les histoires d’abus, de harcèlement et d’intimidation, notamment rapportées dans les détails troublants de l’action collective. Rappelons par ailleurs qu’aucune de ces allégations n’a été prouvée en cour.

« Nous sommes grandement troublés par les allégations qui ont été révélées récemment dans l’action collective, a dit la LCH par communiqué. Nous ne croyons pas que ces déclarations illustrent l’expérience de premier plan que nos joueurs vivent dans la LCH d’aujourd’hui. Dans tous les cas, nous prenons ces affirmations très au sérieux puisque la protection de nos joueurs a toujours été et sera toujours notre principale préoccupation. »

Du même souffle, le Bureau des directeurs a annoncé la mise en place d’un Comité d’analyse indépendant, qui aura le mandat de réviser les politiques existantes de chacune des ligues en ce qui a trait « aux initiations, aux abus, au harcèlement ainsi qu’à l’intimidation ». Le comité se penchera aussi sur les allégations qui contreviennent aux normes en vigueur et pour lesquelles les victimes ont préféré de ne pas dénoncer. La LCH espère avoir complété cette analyse avant le début de la saison 2020-2021.

« Nous voulons rappeler aux joueurs la présence de formations offertes sur la conduite des joueurs ainsi que la sécurité et nous les encourageons à utiliser les outils en place pour dénoncer les initiations, les abus, le harcèlement ainsi que l’intimidation. Les procédures actuellement en place pour augmenter la dénonciation sans crainte de représailles incluent notamment d’alerter votre entraîneur, votre directeur-gérant, votre policier parrain, votre agent de liaison, votre membre ou gouverneur ou les employés de votre ligue.

En ce qui a trait aux allégations qui relèvent de conduite criminelle, nous encourageons tous ceux qui ont été impliqués à dénoncer le tout à la police. »

La poursuite de Carcillo

Sur Twitter, Carcillo a souligné avoir déposé la demande d’action collective « au nom des joueurs mineurs qui ont souffert d’intimidation, d’agressions sexuelles et physiques ainsi que de traumatismes psychologiques en jouant au hockey junior majeur. J’étais l’un de ces jeunes quand je jouais dans l’OHL. Je sais qu’il en existe bien d’autres comme moi. »

Plusieurs faits troublants sont allégués dans le document de 46 pages, que La Presse a obtenu. Dans les douches du vestiaire d’une équipe, des joueurs recrues auraient été obligés de rester assis, nus, pendant que les autres joueurs crachaient et urinaient sur eux. Au moins une fois, Jeff Perry, entraîneur-chef du Sting de Sarnia lors du passage de Carcillo avec l’équipe, aurait été témoin d’un incident et aurait simplement ri.

Il est aussi allégué que des recrues recevaient des coups de bâton de hockey sur leurs fesses dénudées. Les sévices étaient tels qu’ils étaient incapables de s’asseoir en classe. Les dirigeants de l’équipe ont été alertés, mais n’ont pas réagi.

Autre accusation troublante : les joueurs de première année auraient été entassés à quatre dans un bac roulant normalement utilisé pour le transport des vêtements sales. Les joueurs plus âgés poussaient ensuite le bac à toute vitesse contre un mur, ce qui faisait perdre connaissance à certains joueurs.

Il est aussi rapporté que des insultes de nature sexiste, raciste et homophobe ont été proférées envers les recrues, et ce, quotidiennement. La dénonciation de ces actes, avance-t-on, a engendré des conséquences négatives pour ceux qui ont parlé, qu’il s’agisse d’une transaction ou d’un temps de jeu réduit pendant les matchs.

Plus tôt cette semaine, l’ancien de la LNH Dan Frische, coéquipier de Carcillo à l’époque du Sting de Sarnia, en a ajouté dans une entrevue avec The Athletic.

« Je n’ai rien lu de faux. J’étais dans cet environnement toxique. Je devais subir toutes ces absurdités réservées aux recrues, toutes ces choses dégoûtantes. Le pire, c’est que des gens savaient ce qui se passait et auraient pu tout arrêter.

« Ils nous plaçaient dans la toilette d’un autobus, nus, six à huit recrues à la fois, pour 45 minutes. Ils plaçaient une pièce de monnaie et on devait se battre pour aller la chercher si on voulait en sortir. C’était comme ça, fois après fois. »