Willie O’Ree aimerait que le hockey soit plus accueillant pour les personnes de couleur.

Le premier homme noir à avoir joué dans la LNH, en 1958, s’est dit ébranlé par la mort de George Floyd, un noir de 46 ans, lors de son arrestation par des policiers blancs et par les manifestations violentes qui ont éclaté à travers les États-Unis.

« J’ai 84 ans et je ne pensais pas voir des choses comme ce qui se passe présentement. », a dit O’Ree lors d’un entretien avec La Presse canadienne.

Tout ça remonte à l’époque de l’esclavage. C’est très décourageant à voir.

Willie O’Ree

THE ASSOCIATED PRESS

L'ailier gauche Willie O'Ree, premier joueur noir de la LNH, pose pour le photographe durant l'échauffement avant un match contre les Rangers de New York au Madison Square Garden, le 23 novembre 1960. Il avait alors 25 ans.

George Floyd, 46 ans, est mort le 25 mai quand Derek Chauvin, un policier blanc de Minneapolis, a enfoncé son genou sur le cou pendant près de neuf minutes.

Indignation et manifestations

La vidéo de l’incident a enflammé les réseaux sociaux et a provoqué de manifestations, et parfois des confrontations avec la police, aux États-Unis.

L’agent Chauvin a été accusé de meurtre au deuxième degré et d’homicide involontaire, tandis que trois autres policiers qui ont assisté à la scène ont été accusés mercredi d’avoir aidé et encouragé un meurtre au deuxième degré.

PHOTO TIJANA MARTIN, PRESSE CANADIENNE

Willie O'Ree lors d'une entrevue le 1er mai 2019.

« C’est un véritable drame que chaque fois qu’un homme noir sans défense est tué, il ne se passe rien à ce moment-là », a dit O’Ree.

C’est comme si vous étiez là aujourd’hui, puis parti le lendemain. Votre vie vous est enlevée.

Willie O’Ree

O’Ree, qui est originaire de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, est devenu le premier joueur de couleur dans la LNH, disputant un premier match avec les Bruins de Boston le 18 janvier 1958. Il a joué 45 matchs avec les Bruins dans la LNH.

Habitant maintenant à San Diego, O’Ree est un ambassadeur pour la diversité dans la LNH depuis plus de deux décennies. O’Ree est aussi le directeur du développement des jeunes de la LNH sous la bannière « Le hockey est pour tout le monde ».

Le racisme, ça ne va pas disparaître du jour au lendemain. Je l’ai vécu quand je jouais.

Willie O’Ree

« Beaucoup de garçons ou de filles avec qui j’ai des contacts grâce au programme Le hockey est pour tout le monde ont aussi été la cible de propos racistes sur la glace, sur le banc ou dans le vestiaire. Je trouve ça épouvantable qu’il y a des gens qui ne peuvent pas juger une personne pour qui elle est et oublier la couleur de sa peau. »

PHOTO ARCHIVES DE LA PRESSE

Comme Jackie Robinson, qui passa par les Royaux de Montréal avant d'accéder au baseball majeur, Willie O'Ree joua avec les As de Québec de 1956 à 1959 avant d'accéder à la LNH.

Les révélations de l’ancien joueur de la LNH Akim Aliu en novembre dernier concernant des remarques racistes de son entraîneur alors qu’il jouait dans la Ligue américaine ont forcé le monde du hockey à réévaluer sa manière d’inclure la diversité. L’entraîneur accusé par Aliu, Bill Peters, était alors devenu entraîneur-chef des Flames de Calgary. Il a démissionné dans la foulée de cette affaire et dirige maintenant une équipe russe de la Ligue continentale.

Bergeron, Weber, Gallagher et d’autres s’impliquent

Les joueurs de la LNH hésitent habituellement à commenter les enjeux sociopolitiques sur les réseaux sociaux, mais plusieurs ont réagi aux récents évènements.

Des joueurs comme Shea Weber, Brendan Gallagher, Connor McDavid et Gabriel Landeskog ont écrit sur les réseaux sociaux au sujet des manières de venir à bout du privilège blanc.

L’attaquant des Bruins de Boston Patrice Bergeron a écrit que « le silence n’est plus une option ».

« En tant que joueurs de hockey, nous avons tendance à faire tranquillement notre travail sans vouloir faire de vagues », a dit Bergeron. « Mais le meurtre de George Floyd et les manifestations qui ont suivi m’ont fait comprendre que le fait de ne pas aborder le sujet, de ne pas utiliser la plateforme que j’ai en tant qu’athlète professionnel, je permets au racisme de rester présent. »

Le capitaine des Jets de Winnipeg Blake Wheeler a affirmé lors d’une conférence téléphonique mardi que « nous devons être autant impliqués que les athlètes noirs. Ça ne peut pas être seulement leur combat. J’aurais aimé que ça ne me prenne pas autant de temps à m’impliquer de manière plus significative. »

O’Ree a dit qu’il espérait que ces paroles seraient suivies de gestes significatifs de la part des joueurs de la LNH quand la ligue reprendra ses activités après la pandémie de la COVID-19.

« Peut-être qu’ils commencent à comprendre ce qui se passe, pas seulement pour les joueurs noirs, mais pour les joueurs de couleur », a conclu O’Ree.