Tim Shipton laisse sortir une grande respiration. Un rire suit rapidement.

Le vice-président senior des communications et des relations gouvernementales chez les Oilers d’Edmonton analyse une question portant sur le temps que l’équipe a consacré sur la candidature de la capitale albertaine à titre de ville-bulle, si jamais la ligue reprend le collier pendant l’été.

« On dirait que ça fait des mois, sinon des années », répond Shipton.

« Le temps fonctionne d’une drôle de manière en ce moment. On a consacré beaucoup de temps à cette affaire. »

Cette affaire, c’est la tentative de convaincre la LNH, en pause depuis le 12 mars à cause de la COVID-19, que leur ville est l’endroit de choix pour accueillir 12 équipes dans le cadre d’un projet visant à compléter la saison 2019-2020 et présenter la coupe Stanley.

Et la décision pourrait être complètement hors de leur contrôle.

La LNH, qui a dévoilé son plan de relance mardi, a annoncé que Vancouver et Toronto étaient les autres villes canadiennes en lice pour la présentation de matchs, tout comme Chicago, Columbus, Dallas, Las Vegas, Los Angeles, Pittsburgh et St. Paul, au Minnesota, aux États-Unis.

L’objectif de la LNH est de choisir deux villes. Cependant, l’adjoint au commissaire, Bill Daly, a affirmé que la règle imposant une quarantaine de 14 jours à toute personne entrant au Canada rendait impossible pour l’instant l’option de présenter des matchs au Canada.

La LNH se donne encore trois ou quatre semaines pour choisir les deux villes.

« Nous avons des discussions avec les différents paliers de gouvernement au Canada, a affirmé Daly. Il n’y a rien de définitif. Les pourparlers se poursuivent. »

Le premier ministre albertain, Jason Kenney, a écrit une lettre au premier ministre canadien, Justin Trudeau, mercredi, encourageant le fédéral à donner le statut de travailleurs essentiels aux athlètes professionnels et aux employés des équipes, ce qui les exempterait d’une quarantaine.

« Une telle exemption du gouvernement canadien est nécessaire pour la candidature (des Oilers), a écrit Kenney. Le gouvernement de l’Alberta croit qu’il y a des stratégies efficaces en place pour mitiger tout risque dans la province si une telle exemption est allouée. »

Il a fallu des semaines, et non des mois ou des années, pour que les Oilers préparent et soumettent des centaines de pages de documents à la LNH portant sur une multitude d’aspects, à commencer par le Rogers Place, leur domicile ultra-moderne inauguré en 2016, en passant par les sites d’entraînement, l’hébergement et le bas taux d’infection au coronavirus dans la province et dans la ville.

« Nous avons vraiment fait toutes les démarches appropriées à tous les niveaux, avec le gouvernement en particulier, sur ce qu’il y a de plus important, la santé et la sécurité », a déclaré Shipton lors d’une entrevue téléphonique.

« Nous avons mis sur pied un cadre de travail élaboré avec le gouvernement sur la façon que nous dirigerions ceci d’une manière sécuritaire. »

Les Canucks de Vancouver ont présenté une candidature semblable à celle des Oilers, dans un document mettant en valeur les avantages de Vancouver à titre de ville-bulle, incluant ses infrastructures et son climat estival tempéré, selon une source de l’équipe qui a requis l’anonymat.

« Nous voyons cela comme une initiative positive en temps de défis », a affirmé Trent Carroll, chef de l’exploitation chez les Canucks, dans un communiqué.

« Peut-être amener un peu d’espoir et une étincelle à la communauté. »

Toutefois, bien que le premier ministre de la province, John Horgan, a clairement fait part de son souhait de voir Vancouver identifiée à titre de ville-bulle, son ton était différent de celui de Kenney, mercredi.

Les commentaires de Horgan ont plutôt fait écho à ceux de la docteure Bonnie Henry, la cheffe de la Santé publique de la Colombie-Britannique, qui a indiqué que son gouvernement ne fera pas de compromis dans un territoire où on est parvenu à minimiser le nombre d’infectons.

« Nous avons des règles en place aujourd’hui et nous avons travaillé fort pour les établir, a dit Horgan. Nous n’allons pas les changer parce que la LNH a fait une annonce dans laquelle Vancouver est impliquée. Cependant, le portrait pourrait être bien différent dans deux ou quatre semaines, si nous continuons à aller vers la bonne direction.

« Nous ne voulons pas fermer la porte à la LNH. Elle ne nous a pas encore présenté un plan. […] Quand j’ai parlé au commissaire (Gary) Bettman, j’ai dit que la docteure Henry attendait impatiemment un plan. »

Un porte-parole de Maple Leaf Sports & Entertainment, propriétaire des Maple Leafs de Toronto, a d’abord refusé de commenter la candidature de l’équipe. Le président des Leafs, Brendan Shanahan, a toutefois commenté le dossier.

« La Ligue nationale de hockey choisira une ville qui offrira un environnement sécuritaire pour les joueurs de la LNH, mais aussi pour les personnes qui habitent la communauté, a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique. Nous croyons avoir créé un programme intéressant qui offrira ce type de sécurité, mais la décision appartient à la LNH. »