Aux yeux de nombreux fans du Canadien, le printemps 2010 demeure un printemps inoubliable, et Mike Cammalleri peut très bien le comprendre parce que, à ses yeux aussi, le printemps de 2010 demeure inoubliable.

Au bout du fil, depuis sa demeure en banlieue de Toronto, l’ancien joueur du Canadien se met à rigoler quand on lui parle de 2010, un sujet qui est dans l’air ces temps-ci, en raison de la présente pause et des épisodes de nostalgie qui font du bien à la télé.

« C’est drôle parce que les réseaux de télé repassent des vieux matchs de 2010, et mes amis m’appellent pour me dire de les regarder !, commence-t-il par expliquer. L’autre soir, j’ai pu en attraper un, c’était un match de notre série contre les Capitals, et je dois dire que ça permet de rebrasser quelques bons souvenirs dans ma tête ! »

De bons souvenirs ? On n’en doute point. Par ici, le printemps de 2010 est souvent appelé le « Printemps Halak », parce que le Halak en question, Jaroslav de son prénom, avait choisi ce moment-là pour rayonner d’une telle force qu’il en a fait son nom, sa réputation, qu’il a fait de ce printemps-là le sien.

Au fil du temps, c’est le gardien slovaque qui a pris toute la place dans le tiroir de notre mémoire collective de 2010. Mais en retournant un peu consulter les chiffres de ce passé pas si lointain, on réalise à quel point ce printemps fut aussi celui de Cammalleri.

Avec ses 19 points en 19 matchs lors de ces séries-là, contre Washington, Pittsburgh et Philadelphie, c’est lui qui a été le meilleur marqueur du Canadien.

PHOTO NICK WASS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lors des séries éliminatoires du printemps 2010, Mike Cammalleri (à droite) avait été le meilleur marqueur du Canadien de Montréal, récoltant 19 points – dont 13 buts – en 19 rencontres.

« Je me souviens surtout que cette saison-là avait été faite de hauts et de bas, ajoute-t-il. Il ne faut pas oublier, nous avions conclu la saison au huitième rang dans l’Association de l’Est. Il y avait avec cette équipe plusieurs nouveaux joueurs, dont moi; nous étions tous arrivés en même temps, l’été précédent.

« Mais il y a eu des moments pendant la saison où on jouait très bien, alors au moment de commencer les séries, on ne pensait pas à créer la surprise ou quelque chose comme ça, parce que nous étions optimistes. »

On ne se voyait pas comme une équipe sans la moindre chance.

Mike Cammalleri

« Au premier tour, on allait affronter Washington. Les Capitals avaient fini la saison au premier rang dans notre association, mais ce n’est pas comme si on ne croyait pas en nos chances. La série a commencé, on a eu quelques bonds favorables de la rondelle… et puis on a eu Jaro. »

« Jaro »

Le « Jaro » en question, c’est bien sûr Halak, et encore aujourd’hui, Mike Cammalleri, un vétéran de 906 matchs et de 5 équipes en 15 ans de carrière dans la LNH, affirme n’avoir jamais rien vu de tel.

« Je n’avais jamais joué avec un gardien en état de grâce comme lui… Il ne faut pas oublier que Carey Price était là, il avait connu une bonne saison, mais il en était encore à ses premiers pas dans la ligue et il n’était pas encore le gardien qu’il allait devenir.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jaroslav Halak a brillé de tous ses feux lors des séries éliminatoires de 2010 en repoussant les puissants Capitals de Washington et les non moins dangereux Penguins de Pittsburgh lors des deux premiers tours.

« Les deux gardiens avaient d’ailleurs séparé le travail de manière égale ou presque pendant la saison, mais quand les séries ont commencé, c’est Jaro qui s’est mis à être en feu…

En tant que joueur, quand tu peux miser sur un gardien qui joue aussi bien, c’est inspirant, bien sûr, mais en plus, ça te permet un peu de jouer de manière différente, de changer les choses.

Mike Cammalleri

« Je me souviens entre autres de notre jeu en désavantage numérique au premier tour contre Washington; on laissait aux Capitals le loisir de tenter des tirs du milieu, avec Semin, et on avait décidé de complètement sortir Ovechkin de l’équation. On les forçait à choisir l’option qu’ils ne voulaient pas choisir. »

On connaît la suite : le Canadien va sortir les Capitals en sept matchs, avant d’imposer le même sort aux champions en titre lors du tour suivant, les Penguins de Pittsburgh.

« Je me souviens, plus les séries avançaient et plus on gagnait en confiance… on croyait vraiment en nos chances au moment d’affronter les Penguins. »

Fin abrupte

Mais alors, que s’est-il passé par la suite ? Autant le beau printemps de 2010 s’est amorcé sur un air de fête au Centre Bell, autant il s’est arrêté de manière abrupte au troisième tour, avec une sortie très rapide, en seulement cinq matchs, face aux Flyers de Philadelphie.

« Nous avions des gars amochés et plus aucune profondeur contre les Flyers, précise l’ancien attaquant du CH. Il y a un paquet de joueurs qui avaient dû jouer plus souvent en raison des blessures, et ça a fini par nous rattraper. »

Vous savez quoi ? Au moment de notre élimination, nous étions tous très contents de notre printemps, et nous étions tous convaincus que nous allions être capables de réussir quelque chose de spécial avec ce groupe.

Mike Cammalleri

« Je dirais même que nous avions une meilleure équipe lors de la saison suivante [2010-2011], mais nous avons perdu au premier tour des séries, en sept matchs, contre les Bruins. Et puis, ce sont eux qui ont gagné la Coupe… »

Malheureusement pour Cammalleri et le CH, la suite des choses ne fut pas si spéciale; l’équipe de 2011-2012 sera un désastre, et lui finira par retourner à Calgary… après avoir été échangé en plein match, un scénario hallucinant pour une saison encore plus hallucinante.

Cammalleri a donné ses derniers coups de patin en 2017-2018, et est, ces jours-ci, à la tête d’une entreprise de boissons énergétiques. Entre deux réunions sur Zoom, il regarde la télé quand des images du printemps de 2010 reviennent encore comme par magie.

Non, il n’a rien oublié de ce qui s’est passé il y a 10 ans.

« Les gens me demandent souvent de parler de mes souvenirs favoris du hockey, et pour moi, les séries de 2010, c’est en haut de la liste », conclut-il.