Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Sharks de San Jose.

SITUATION ACTUELLE

Même s’ils n’ont pas remporté la Coupe Stanley, les Sharks de San Jose ont l’un des clubs les plus performants de la dernière décennie. Seuls les Bruins, les Blackhawks, les Penguins, les Kings et les Rangers ont remporté plus de rondes de séries éliminatoires. Ils ont été exclus une seule fois. Seuls les Penguins, les Capitals et les Sharks ont raté les séries une fois ou moins.

Les Sharks doivent leurs succès au flair de leur directeur général Doug Wilson, toujours très actif dans tous les aspects du métier, et à de solides choix au repêchage. Mais pour une raison difficile à expliquer, les Sharks ont connu une chute vertigineuse au classement cet hiver, après avoir connu une saison de 101 points et atteint le carré d’as l’année précédente.

Les prochaines saisons suivantes pourraient être difficiles. L’équipe vieillit et la plupart des hauts choix au repêchage et des espoirs ont été sacrifiés entre autres pour obtenir le défenseur Erik Karlsson. Examinons les joueurs constituant le cœur du club il y a quelques années : Joe Pavelski est parti et Joe Thornton, 40 ans, est en fin de parcours. Patrick Marleau, 40 ans lui aussi, est revenu brièvement, avant d’être échangé aux Penguins. Brent Burns a maintenant 35 ans, Marc-Édouard Vlasic 33 ans et Logan Couture 31 ans. Le gardien Martin Jones demeure inconstant.

San Jose aura de la difficulté à se régénérer. Ils n’ont pas repêché en première ronde en 2016 ni en 2019. Leur premier choix de 2020 –le troisième au total en prévision de la loterie– est déjà cédé aux Sénateurs d’Ottawa. Leur choix de première ronde en 2017, Josh Norris, est aussi passé aux Sénateurs dans l’échange de Karlsson. Au moins, Wilson a réussi à récupérer un choix tardif de première ronde du Lightning pour Barclay Goodrow.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Tim Burke, 64 ans, est l’un des directeurs du recrutement amateur les plus respectés du milieu. Cet ancien choix de septième ronde du Canadien en 1975 (il a joué trois ans au sein du club-école du CH en Nouvelle-Écosse, avec entre autres Keith Acton, Gaston Gingras et Chris Nilan) gère les repêchages des Sharks depuis 1996. Il est en outre directeur général adjoint depuis deux ans. On lui doit des coups d’éclat au fil de sa carrière, en particulier Logan Couture, Joe Pavelski, Jonathan Cheechoo, Marc-Édouard Vlasic et Matt Carle, entre autres.

Par contre, sa moyenne au bâton est moins impressionnante qu’on pourrait le croire. Ty Wishart, Lukas Kaspar, Mike Morris, Jeff Jillson, Nick Petrecki, Marcel Goc sont autant de flops de première ronde.

Prenons maintenant sont travail depuis dix ans. Il n’avait pas de choix de première ronde en 2009 et 2011. Le premier choix de 2010, Charlie Coyle, a été échangé pour Brent Burns (avec le choix de première ronde de 2011 et Devin Setoguchi). Tomas Hertl a constitué un coup de circuit en 2012 (17e au total). Hertl a obtenu 74 points, dont 35 buts, en 77 matchs l’an dernier. Timo Meier a aussi été une belle prise. Il a amassé 66 points, dont 30 buts, la saison passée.

Par contre, les premiers choix de 2013 et 2014, Mirco Mueller et Nikolay Goldobin, n’ont pas eu de carrière. Parmi les quinze joueurs repêchés lors de ces deux années, un seul, Kevin Labanc, joue pour les Sharks ou dans la LNH. La relève est très faible à l’heure actuelle.

Meilleur coup

Tomas Hertl, centre, 17e au total en 2012.

À ce jour, Hertl est quatrième au classement des compteurs de sa cuvée derrière Filip Forsberg, Alex Galchenyuk et Teuvo Teravainen. Il devrait devancer Galchenyuk d’ici un an ou deux.

Pire coup

Mirco Mueller, défenseur, 18e au total en 2013.

Mueller n’a jamais percé la formation des Sharks et il a été échangé aux Devils quelques années après le repêchage. San Jose a offert un choix de deuxième ronde aux Red Wings pour s’avancer de deux rangs et repêcher Mueller. Detroit a repêché Anthony Mantha au 20e rang et Tyler Bertuzzi avec le choix offert à Detroit. Les deux sont membres du premier trio des Wings.

Meilleur espoir

Ryan Merkley, défenseur, 21e au total en 2018.

Merkley a un formidable potentiel, 76 points en 60 matchs cet hiver à London, mais son manque de contrôle émotif en inquiètent plusieurs.

ÉCHANGES

Deux échanges pour deux défenseurs offensifs droitiers vedettes marqueront le règne de Doug Wilson. Le premier a fonctionné. En juin 2011, le DG des Sharks a offert au Wild du Minnesota son choix de première ronde de 2011, Charlie Coyle, ainsi que Devin Setoguchi pour obtenir Brent Burns. Celui-ci est devenu une superstar à San Jose et connu cinq saisons consécutives de 60 points ou plus, dont trois de 75 points ou plus. Après l’échange, la production de Setoguchi a dégringolé après une saison de 31 buts avec les Sharks à 23 ans. Coyle est devenu un bon joueur, sans plus. Le joueur repêché par le Wild avec le premier choix n’a jamais joué le moindre match dans la LNH.

L’acquisition d’Erik Karlsson en 2018 s’annonce déjà désastreuse. L’ancien défenseur des Sénateurs est trop souvent blessé. Malgré sa présence, les Sharks ont l’un des pires clubs de la Ligue nationale, tant au chapitre des points que des buts accordés.

Karlsson a coûté le meilleur espoir du club, Josh Norris, 20 ans, 60 points en 56 matchs à sa première saison dans la Ligue américaine. Le choix de première ronde pourrait se situer parmi les trois premiers, peut-être même le premier. Wilson a aussi cédé deux choix de deuxième ronde et deux joueurs réguliers, Chris Tierney et Dylan DeMelo.

Wilson n’hésite jamais à céder des choix de première ou deuxième ronde pour du renfort à court terme, mais il arrive généralement à en récupérer plusieurs.

Meilleur coup

Brent Burns pour Charlie Coyle, Devin Setoguchi et un choix de première ronde. Chuck Fletcher, DG du Wild à l’époque, peut s’en mordre les doigts.

Pire coup

Erik Karlsson pour Josh Norris, Dylan DeMelo, Chris Tierney, un choix de première ronde et deux choix de deuxième ronde. Cette transaction a non seulement vidé le club de choix et d’espoirs, mais forcé la direction à se départir (ou de ne pas retenir) de Joe Pavelski, Justin Braun et Joonas Donskoi pour se conformer au plafond salarial.

JOUEURS AUTONOMES

Doug Wilson préfère retenir ses propres joueurs que d’offrir de gros contrats à des joueurs sur le marché des joueurs autonomes. Sa dernière dépense importante remonte à 2016 lorsqu’il a offert 16 M$ pour quatre ans à Mikkel Boedker. Celui-ci a amassé 26 et 37 points à ses deux premières années avant d’être échangé aux Sénateurs en 2018 dans l’intention de se débarrasser de son contrat. Un an plus tôt, Joel Ward a reçu 9 M$ pour trois ans, mais malgré une production modeste en saison régulière, il a valu son pesant d’or en séries.

Meilleur coup

Joel Ward, 13 points en 24 matchs au printemps 2016, en route vers la finale de la Coupe Stanley. Ward affectionnait le jeu robuste et constituait un bon leader.

Pire coup

Mikkel Boedker a obtenu un tel contrat malgré deux saisons de 50 points ou plus en sept ans de carrière.

Dix saisons (neuf rondes remportées, une exclusion)

2010-2011 : 48-25-9, 2e Ouest, finale d’association.

2011-2012 : 43-29-10, 7e Ouest, défaite première ronde.

2012-2013 : 26-16-7, 6e Ouest, deuxième ronde.

2013-2014 : 51-22-9, 4e Ouest, défaite première ronde.

2014-2015 : 40-33-9, 12e Ouest, OUT.

2015-2016 : 46-30-6, 6e Ouest, finale de la Coupe Stanley.

2016-2017 : 46-29-7, 6e Ouest, défaite première ronde.

2017-2018 : 45-27-10, 6e Ouest, deuxième ronde.

2018-2019 : 46-27-9, 2e Ouest, finale d’association.

2019-2020 : 29-36-5, 15e Est, (29e au classement général, à 15 points de la dernière place donnant accès aux séries).

(Demain : les Blues de St. Louis)

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Les équipes professionnelles semblent un peu trop pressées de reprendre l’action, déplore Alexandre Pratt. Il n’a pas tout à fait tort…