Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Penguins de Pittsburgh.

SITUATION ACTUELLE

Les Penguins de Pittsburgh ont la meilleure équipe de la dernière décennie. Ils constituent le seul club à n’avoir jamais été exclu des séries éliminatoires depuis 2011. Ils ont remporté douze rondes, un sommet sur un pied d’égalité avec les Bruins de Boston, et gagné deux Coupes Stanley. Et pourtant, ils ont vécu un changement de directeur général en 2014 et deux entraîneurs, Dan Bylsma et Mike Johnson, ont été congédiés au cours de cette période.

Le licenciement du directeur général Ray Shero est important. Les Penguins avaient bien remporté la Coupe Stanley en 2009, mais ils ont franchi la deuxième ronde seulement une fois en six ans depuis. On reprochait entre autres à Shero de ne pas avoir trouvé des joueurs de soutien assez efficaces pour appuyer les vedettes Sidney Crosby et Evgeni Malkin.

L’embauche de Jim Rutherford a surpris. Il laissait les Hurricanes de la Caroline dans un état lamentable. L’équipe venait de rater les séries lors des cinq saisons précédentes et la relève était maigre. Sa première décision a constitué un fiasco. Il a annoncé l’embauche de Willie Desjardins à titre d’entraîneur en chef, mais le contrat n’était vraisemblablement pas signé et Desjardins lui a fait faux bond au dernier instant pour accepter l’offre des Canucks de Vancouver. Le nouveau coach, Mike Johnson, savait désormais qu’il était le plan B…

Mais Rutherford, alors âgé dans la fin soixantaine, avait plus d’un tour dans son sac. Certaines acquisitions, impopulaires au départ, ont rapporté : Patric Horqvist pour James Neal, Phil Kessel pour un choix de première ronde et Kasperi Kapanen.

Les Penguins ont pris leur envol après le congédiement de l’entraîneur Mike Johnson et l’arrivée de Mike Sullivan en décembre 2015. Les Penguins avaient été éliminés en première ronde le printemps précédent et connaissaient un début de saison ordinaire. Pittsburgh a remporté deux Coupes consécutives après l’arrivée de Sullivan.

Rutherford a toujours résisté à la tentation de faire exploser son noyau composé Crosby, Malkin et Kris Letang. Il y a songé cet été, mais résisté à nouveau. Une décision avisée en rétrospective puisque Pittsburgh connaissait une autre très bonne saison au moment de l’interruption des activités malgré des blessures importantes.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Les Penguins ne sont pas très actifs en première ronde depuis dix ans. Ils ont cédé leurs premiers choix pour du renfort à court terme en 2013, 2015, 2016, 2017 et 2018. Sinon, leurs choix de première ronde Beau Bennett, Joe Morrow, Derrick Pouliot, Olli Maatta et Kasperi Kapanen ont tous été échangés avant l’âge de 25 ans. Sidney Crosby, repêché en 2005, est le dernier choix de première ronde encore toujours avec l’organisation (à l’exception de Samuel Poulin, repêché en 2019).

La récolte dans l’ensemble est très maigre, mais ils ont déniché quelques perles dans les rondes subséquentes, comme Jake Guentzel, 77e au total en 2013. Ou les gardiens Matt Murray, 83e choix en 2012, et Tristan Jarry, 44e choix en 2013. Ou encore Bryan Rust, 80e choix en 2010. Rust connaissait la saison de sa carrière cet hiver avec 56 points en 55 matchs. Guentzel a marqué 40 buts l’an dernier et s’acheminait vers une saison de 90 points avant de se blesser. Jarry semblait avoir ravi le poste de gardien numéro un à Murray au moment de l’interruption de la saison.

Patrik Allvin, un recruteur du Canadien de 2002 à 2006, est le nouveau directeur du recrutement amateur des Penguins depuis 2017. Avant lui, l’ancien directeur général des Sénateurs d’Ottawa, Randy Sexton, a dirigé les opérations avec plus ou moins de succès. Il a quitté l’organisation il y a trois ans pour accepter le poste d’adjoint au DG Jason Botterill à Buffalo. Allvin n’a pas bénéficié de choix de première ronde à ses deux premiers repêchages. Il a néanmoins réussi à mettre la main sur un joueur prometteur en 2018, Calen Addison, finaliste au titre de défenseur de l’année dans la Ligue junior de l’Ouest, et sacrifié dans l’échange pour Jason Zucker. Repêché en deuxième ronde la même année, Filip Hallander est aussi un espoir intéressant.

Meilleur coup

Jake Guentzel, ailier, troisième ronde, 77e au total en 2013

Dénicher un marqueur de 40 buts en troisième ronde demeure toujours un coup de circuit.

Pire coup

Derrick Pouliot, défenseur, neuvième au total en 2012.

Repêché avec le choix obtenu dans l’échange de Jordan Staal. Préféré à Jacob Trouba, Filip Forsberg, Tom Wilson, Tomas Hertl, Teuvo Teravainen, Andrei Vasilevskiy.

Meilleur espoir

Samuel Poulin, ailier, 21e au total en 2019.

Le fils de l’ancien attaquant du Canadien a amassé 77 points en 46 matchs cette saison avec le Phœnix de Sherbrooke.

ÉCHANGES

Le premier échange de Jim Rutherford, en juin 2014, a fait sursauter. James Neal, 61 points en 59 matchs, 81 points, dont 40 buts, deux ans plus tôt, passait aux Predators de Nashville pour Patric Hornqvist, un ailier au potentiel offensif plus limité. Hornqvist n’a pas battu des records de production à Pittsburgh, mais il était le type de joueur fougueux et intense dont Pittsburgh avait besoin. Neal n’a jamais atteint ses sommets antérieurs. Il a changé d’équipe trois fois depuis.

La deuxième transaction d’importance de Rutherford a aussi suscité l’incrédulité. Il mettait la main sur Phil Kessel, un joueur de talent, certes, mais dont l’éthique de travail et l’attitude étaient souvent remises en question à Toronto. Rutherford a cédé un choix de première ronde et son meilleur espoir, Kasperi Kapanen, pour l’obtenir. Entouré de leaders comme Crosby, Kessel a connu ses meilleures années en carrière et il a été essentiel aux deux conquêtes de la Coupe.

Rutherford a réussi un autre tour de force ces dernières années. Sa défense semblait défaillante. Il l’a rebâtie en deux temps, trois mouvements. Sa nouvelle deuxième paire de défenseurs, Marcus Pettersson et John Marino, lui a coûté Daniel Sprong, toujours dans les mineures, et un choix de sixième ronde.

Marino, un droitier de 22 ans, était le défenseur le plus utilisé après Kristopher Letang cette saison. Repêché en sixième ronde par les Oilers d’Edmonton en 2015, il n’avait toujours pas signé de contrat et planifiait disputer une quatrième saison à Harvard cet hiver. Rutherford l’a obtenu pour une bouchée de pain.

L’échange pour Pettersson, en décembre 2018, n’a pas fait l’unanimité au départ. Daniel Sprong a jadis été considéré comme le meilleur espoir à l’attaque des Penguins. Mais il demeurait un marqueur plutôt unidimensionnel. Rutherford a mal paru dans les mois après l’échange. Sprong a marqué 14 buts en seulement 47 matchs à son arrivée à Anaheim. Mais le jeune homme a passé l’essentiel de la saison actuelle dans la Ligue américaine. Pettersson, lui, a signé cet hiver une prolongation de contrat de cinq ans évaluée à 20 millions.

Meilleur coup

John Marino, 22 ans, 26 points en 56 matchs, +17, temps d’utilisation supérieur à 20 minutes par match.

Pire coup

Tanner Pearson, échangé aux Canucks pour Erik Gudbanson, en février 2019. Pearson avait 45 points, dont 21 buts, lors de l’interruption de la saison. Gudbranson a joué 26 matchs à Pittsburgh, avant d’être échangé aux Ducks pour un choix de septième ronde et Andreas Martinsen, désormais en Suisse.

JOUEURS AUTONOMES

Jim Rutherford a toujours opéré avec un budget serré en raison du plafond salarial. Ça l’a empêché de faire des dépenses folles. Mais le contrat de cinq ans pour 16 M$ au défenseur Jack Johnson en 2018 ne constituait pas l’idée du siècle. Johnson était déjà sur la pente descendante à Columbus. Rutherford cherche à l’échanger depuis un an. Offrir un contrat de six ans pour 21 M$ au joueur de soutien Brandon Tanev l’été dernier a fait ricaner certains collègues, mais Tanev a prouvé son utilité cet hiver. On peut l’utiliser sur n’importe lequel des quatre trios, selon les besoins, et son leadership est important. Il a 25 points cette saison et joue presque 15 minutes par match.

Meilleur coup

Matt Cullen, un an, 800 000 $ en 2015. Un vétéran qui a prouvé son utilité en séries éliminatoires.

Pire coup

Jack Johnson, trop d’argent pour un défenseur de troisième paire.

Dix saisons (douze rondes remportées, aucune exclusion)

2010-2011 : 49-25-8, 4e Est, défaite première ronde.

2011-2012 : 51-25-6, 4e Est, défaite première ronde.

2012-2013 : 36-12-0, 1er Est, finale d’association.

2013-2014 : 51-24-7, 2e Est, deuxième ronde.

2014-2015 : 43-27-12, 8e Est, défaite première ronde.

2015-2016 : 48-26-8, 2e Est, Coupe Stanley.

2016-2017 : 50-21-11, 2e Est, Coupe Stanley.

2017-2018 : 47-29-6, 5e Est, deuxième ronde ronde.

2018-2019 : 44-26-12, 6e Est, défaite première ronde.

2019-2020 : 40-23-6, 5e Est, (Six points d’avance sur le premier club exclu des séries, les Islanders de New York)

(Demain : les Sharks de San Jose)

À LIRE

Le Canadien vient de mettre un gardien de la KHL sous contrat. Guillaume Lefrançois nous en dit davantage ce matin sur ce Vasili Demchenko. J’aime la conclusion de son texte et je partage son opinion : « Bref, Demchenko est une option de plus que le CH se donne. À moins que Marc Bergevin prenne le pari que Primeau est prêt à faire le saut, le problème de l’auxiliaire de Price demeure toutefois entier. »