Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, l’Avalanche du Colorado.

SITUATION ACTUELLE

L’attente a été longue et douloureuse, mais Joe Sakic est en voie de réussir l’une des reconstructions les plus spectaculaire de la dernière décennie. L’Avalanche a été exclu des séries six fois en sept saisons entre 2010 et 2017 et terminé parmi les deux pires clubs de la LNH trois fois au cours de cette période, mais leurs choix au repêchage de qualité commencent pour la plupart à éclore et l’équipe a participé aux séries lors des deux saisons précédentes et aurait été en voie de le faire à nouveau ce printemps. Il y a deux étapes charnières à retenir dans l’évolution de l’Avalanche ces dix dernières années. D’abord le départ avec fracas de Patrick Roy, le 8 août 2016, à trois semaines de l’ouverture du camp d’entraînement. En désespoir de cause, Sakic a fait appel à Jared Bednar, de l’organisation des Blue Jackets de Columbus. Bednar venait de remporter la Coupe Calder dans la Ligue américaine avec le club-école des Jackets. La première saison de Bednar avec l’Avalanche a constitué une catastrophe, avec seulement 22 victoires, de loin le pire rendement de l’équipe depuis le déménagement au Colorado en 1996. Mais Sakic a été patient envers son jeune entraîneur et sa décision a payé. L’Avalanche a participé aux séries lors des deux saisons suivantes. L’autre moment important demeure le départ de Matt Duchene, en novembre 2017. Le Colorado, et Nathan MacKinnon en particulier, a pris son envol après l’échange. Et Sakic a pu obtenir le gros lot des Sénateurs et des Predators dans cette transaction à trois clubs pour ce centre repêché au troisième rang en 2009 : le défenseur Samuel Girard, désormais le joueur le plus utilisé par Bednar, un choix de première ronde (le défenseur Bowen Byram, quatrième choix au total en 2019), des choix de deuxième et troisième rondes et les espoirs de second ordre Shane Bowers et Vladislav Kamenev. L’Avalanche, l’un des clubs les plus jeunes de la ligue, est tirée par une bande de joueurs de 27 ans ou moins : MacKinnon (24 ans), Mikko Rantanen (23 ans), Cale Makar (21 ans), Samuel Girard (21 ans), Gabriel Landeskog (27 ans), Andre Burakovsky (25 ans) et Ryan Graves, 24 ans. Byram et Newhook, deux choix de première ronde en 2019 âgés de moins de 20 ans, sont considérés comme des espoirs de premier plan et se joindront à ce puissant groupe ces prochaines années.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Alan Hepple est responsable du repêchage depuis le congédiement de son patron Rick Pracey en 2014. L’Avalanche du Colorado doit son succès actuel à de très bons choix au repêchage. L’organisation a aussi été favorisée par le sort. En 2013, l’équipe a remporté la loterie, est passée du deuxième au premier rang et a pu repêcher MacKinnon, sous la forte recommandation de Patrick Roy et de son adjoint André Tourigny. C’était une bonne année pour repêcher parmi les premiers (Aleksander Barkov, Jonathan Drouin et Seth Jones ont suivi), contrairement aux Oilers, par exemple, qui ont dû se contenter de Ryan Nugent-Hopkins et de Nail Yakupov avec le premier choix au total en 2011 et 2012. En 2017, l’Avalanche a perdu la loterie. Le Colorado devait repêcher premier, il a glissé au quatrième rang. Seuls ses dirigeants connaissent leur liste finale, mais auraient-ils pris le risque de choisir au premier rang un défenseur de la Ligue junior A de l’Alberta (Cale Makar) ou auraient-ils opté pour un choix plus consensuel avec Nico Hischier ou Nolan Patrick, les deux premiers joueurs repêchés ? Le choix de Mikko Rantanen au dixième rang en 2015 a constitué un coup de circuit. Rantanen a obtenu deux saisons de plus de 80 points avant cette saison et doit être considéré comme l’un des attaquants les plus redoutables de la Ligue. Pracey a fait de mauvais choix avant son départ. En 2013, il a choisi Connor Bleackley au 23e rang. Bleackley est le seul joueur repêché en première ronde de cette cuvée à ne pas avoir disputé de match dans la LNH. Il a disputé plus de matchs dans l’ECHL que dans la Ligue américaine ces dernières années. Repêché sous la direction de Hepple, le dixième choix au total en 2016, Tyson Jost, 22 ans, commençait à inquiéter, mais depuis la date limite des transactions, fin février, il semble avoir pris son envol, avec sept points en neuf matchs et un temps d’utilisation variant de 16 à 19 minutes.

Meilleur coup

Mikko Rantanen, ailier, première ronde, 10e au total en 2015.

Ce fut une grande cuvée. Connor McDavid, Jack Eichel, Mitch Marner, Ivan Provorov, Zack Werenski, Timo Meier et Rantanen sont tous devenus des joueurs de premier plan pour leurs équipes respectives. Rantanen est le meilleur compteur de cette cuvée après McDavid, Eichel, Marner et Aho.

Pire coup

Connor Bleackley, centre, première ronde, 23e au total en 2013.

L’Avalanche l’a échangé avant de lui soumettre un contrat et sa nouvelle équipe, les Coyotes de l’Arizona, n’a pas daigné s’entendre avec lui. Admissible à nouveau au repêchage en 2016, ila été choisi en cinquième ronde par les Blues de St. Louis, qui ont vite déchanté.

Meilleur espoir

Difficile de trancher entre le défenseur Bowen Byram et le centre Alex Newhook, tous deux repêchés en première ronde en 2019. Byram a connu un début de saison difficile après son renvoi dans les rangs juniors en début de saison, mais il s’est replacé et obtenu 24 points en 12 matchs avec les Giants de Vancouver en février. Newhook, repêché au 16e rang, a amassé 42 points en seulement 34 matchs à Boston College, mais on vient sagement de choisir de le laisser dans la NCAA une année supplémentaire, comme dans le cas de Cole Caufield à Montréal.

ÉCHANGES

Joe Sakic a un flair extraordinaire, ou il est bien entouré, ou un peu des deux. La plupart de ses transactions lui coûtent peu et rapportent beaucoup, comme celle de Matt Duchene. Il a aussi payé des choix de deuxième et troisième rondes l’été dernier pour Andrei Burakovsky afin de soulager les Capitals de Washington, étouffés par le plafond. Burakovsky, 25 ans, est le troisième compteur de l’équipe avec 45 points en 58 matchs. Échangé en février 2018 pour Chris Bigras, Ryan Graves, 24 ans, est devenu un membre important du top quatre défensif. Il a 26 points en 62 matchs cette saison et une fiche de +40. Bigras n’a jamais joué dans la LNH depuis la transaction et les Rangers ne l’ont pas retenu l’été dernier. Son gardien numéro un Phillip Grubauer lui a coûté un choix de deuxième ronde. Par contre, l’échange de Ryan O’Reilly en 2015 n’a pas rapporté autant que prévu. Mikhail Grigorenko est rentré en Russie après quelques saisons décevantes. Le géant Nikita Zadorov est un défenseur régulier, mais dans un rôle plus limité. Idem pour l’attaquant J. T. Compher, un joueur d’une trentaine de points par saison. La dernière transaction d’importance de Sakic a contribué à combler un vide au centre avec l’arrivée de Nazem Kadri pour Alex Kerfoot et du défenseur Tyson Barrie. Celui-ci aura droit à l’autonomie complète le 1er juillet et Makar l’a vite fait oublier. Kadri avait 36 points en 51 matchs.

Meilleur coup

L’échange de Matt Duchene, qui a rapporté deux pièces de taille en défense, Samuel Girard et un quatrième choix au total en 2019 devenu Bowen Byram. Selon une majorité d’observateurs, Byram pourrait devenir un partenaire éventuel pour Cale Makar.

Pire coup

Carl Soderberg a été échangé pour Kevin Connauton l’été dernier afin d’ouvrir un poste à un jeune centre, à donner à l’Avalanche de la profondeur en défense et à alléger la masse salariale. Il ne s’agit pas d’une transaction catastrophique, mais Connauton a passé presque tout l’hiver dans la Ligue américaine et Soderberg, qui avait donné à l’Avalanche 49 points l’an dernier, en a 35 en 70 pour les Coyotes cette saison.

JOUEURS AUTONOMES

Joe Sakic n’est pas un grand fervent du marché des joueurs autonomes. Depuis l’embauche de Jarome Iginla en 2014, il préfère les embauches opportunes, mais moins spectaculaires. Ian Cole est un défenseur fiable au Colorado. Sakic lui a offert 12,75 M$ pour trois ans en juillet 2018. Il a 26 points et une fiche de +21 cette saison. Joonas Donskoi est un ailier fougueux. Il a reçu 15,6 M$ pour quatre ans l’été dernier. Il a 36 points cet hiver et joue plus de 16 minutes par rencontre. Sakic a aussi pris un risque peu coûteux avec le jeune Valeri Nichushkin, rejeté par les Stars en lui offrant 850 000 $ pour un an. Après un départ timide, seulement un point à ses 16 premiers matchs en début de saison, Nichushkin a amassé 26 points, dont 13 buts, en 49 matchs.

Meilleur coup

Valeri Nichushkin n’a presque rien coûté à Joe Sakic et ce géant de 6 pieds 4 pouces commençait à éclore à 25 ans. Dans le pire des scénarios, Sakic lui aura versé un salaire inférieur à un million pour un an.

Pire coup (Greg Sherman)

Pierre-Alexandre Parenteau, 16 M$/4 ans le 1er juillet 2012. Le rendement de Parenteau a décliné après une bonne saison, sa relation n’était pas harmonieuse avec Patrick Roy, dit-on, et en 2014, il a été échangé au Canadien par Joe Sakic, le successeur de Sherman, pour Daniel Brière.

Dix saisons (une ronde remportée, six exclusions)

2010-2011 : 30-44-8, 14e Ouest, OUT.

2011-2012 : 41-35-6, 11e Ouest, OUT.

2012-2013 : 16-25-7, 15e Ouest, OUT.

2013-2014 : 52-22-8, 2e Ouest, défaite première ronde.

2014-2015 : 39-31-12, 11e Ouest, OUT.

2015-2016 : 39-39-4, 9e Ouest, OUT.

2016-2017 : 22-56-4, 14e Ouest, OUT.

2017-2018 : 43-30-9, 8e Ouest, défaite première ronde.

2018-2019 : 38-30-14, 8e Ouest, deuxième ronde.

2019-2020 : 42-20-8, 2e Ouest, (14 points d’avance sur le dernier club exclu des séries).

(Lundi : les Coyotes de l’Arizona)

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