Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Blackhawks de Chicago.

SITUATION ACTUELLE

Difficile de rester dominant en cette ère de plafond salarial et de parité. Parmi les trois clubs ayant remporté au moins deux Coupes Stanley depuis dix ans, les Blackhawks de Chicago et les Kings de Los Angeles étaient en voie cette saison de rater les séries éliminatoires à nouveau. Seuls les Penguins de Pittsburgh ont su demeurer compétitifs. Los Angeles sera ainsi exclu pour la quatrième fois en six ans, Chicago pour la troisième année de suite. Les Hawks n’ont pas gagné de ronde en séries depuis leur Coupe de 2015. Depuis dix ans, le DG Stan Bowman multiplie les échanges pour tenter de se conformer au plafond salarial. Il a toujours su conserver son noyau constitué de Jonathan Toews, Patrick Kane et Duncan Keith, mais les Hawks ont subi des pertes importantes au fil des années : Dustin Byfuglien, Patrick Sharp, Brian Campbell, Andrew Ladd, Kris Versteeg, Nick Leddy, Andrew Shaw, Niklas Hjalmarsson, Teuvo Teravainen et Ryan Hartman ont tous été échangés à des fins salariales. Bowman n’est pas sans reproche et il a pêché par excès de générosité envers certains joueurs : Brent Seabrook (8 ans/55 M$), Bryan Bickell (4 ans/16 M$). Le départ d’Artemi Panarin, échangé pour Brandon Saad, a accéléré le déclin de l’équipe en 2017. Le vénérable entraîneur Joel Quenneville a payé pour cette chute au classement il y a deux ans. Le jeune coach Jeremy Colliton est au cœur d’une phase de rajeunissement à Chicago. Les résultats ne sont pas encore palpables, mais l’émergence de jeunes comme Alex DeBrincat, Dylan Strome, Kirby Dach, Adam Boqvist et Dominik Kubalik laisse entrevoir un avenir intéressant à Chicago, toujours mené par ses vedettes Toews et Kane.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Mark Kelley, 61 ans, agit à titre de directeur du recrutement amateur des Hawks depuis 2008. Il a aussi été recruteur pour les Nordiques de Québec, les Penguins et les Blackhawks pendant 20 ans, avant d’être promu avec les Hawks il y a douze ans. Kelley et son équipe ont fait quelques belles trouvailles au fil des ans, mais aussi commis des bourdes de taille. Trois des quatre premiers choix de l’équipe entre 2008 et 2011, Kyle Beach, Dylan Olsen et Mark McNeill, ont constitué des échecs retentissants. Beach, repêché au 11e rang en 2008, n’a pas disputé le moindre match dans la LNH. McNeill, 18e choix au total en 2011, en a joué seulement deux. McNeill a eu la main plus heureuse avec Phillip Danault en fin de première ronde en 2011, mais Bowman l’a bêtement échangé pour deux joueurs de location. Un seul joueur de la cuvée 2008, Ben Smith, a atteint la LNH, mais brièvement. Aucun joueur de la cuvée 2015 ne s’est encore accroché à la Ligue nationale, mais Chicago ne détenait pas de choix de première ronde. Repêché en deuxième ronde en 2016 grâce à un choix obtenu du Canadien pour Andrew Shaw, Alex DeBrincat constitue une prise de taille. Il a marqué 41 buts l’an dernier. Le premier choix de 2014, Nick Schmaltz, a permis à Bowman d’obtenir Dylan Strome des Coyotes. Kelley a pu repêché dans le top dix depuis deux ans et il ne semble pas d’être trompé avec Dach (3e au total en 2019 et déjà dans la LNH) et Boqvist (8e au total en 2018 et nouveau partenaire en défense de Duncan Keith).

Meilleur coup

Alex DeBrincat, ailier, deuxième ronde, 39e au total, 2016.

Son rendement a diminué cette année (45 points en 70 matchs) après une saison de 76 points et 41 buts l’année précédente, mais si ce repêchage était à refaire, il serait choisi parmi les dix premiers.

Pire coup

Mark McNeill, centre, première ronde, 18e au total, 2011

McNeill a disputé deux matchs en carrière dans la Ligue nationale. Il joue présentement en Autriche. McNeill a été échangé un rang devant Oscar Klefbom, le défenseur des Oilers d’Edmonton. Danault a été repêché quelques rangs plus tard avec le choix obtenu des Capitals de Washington pour Troy Brouwer, mais il n’est pas demeuré longtemps à Chicago.

Meilleur espoir

Les meilleurs jeunes joueurs de l’organisation, Dach, Boqvist et Beaudin, étaient déjà à Chicago lors de l’interruption de la saison. À surveiller, Ian Mitchell, un choix de deuxième ronde en 2017. Ce défenseur de petite taille âgé de 21 ans produit à un rythme étonnant à l’Université de Denver dans la NCAA.

ÉCHANGES

Stan Bowman est un directeur général très actif. Il réussit parfois des coups de génie, se trompe aussi de façon lamentable à l’occasion. L’échange de Panarin à Columbus a fait très mal. Bowman voulait récupérer l’ancien ailier de Jonathan Toews, Brandon Saad, et économiser sur sa masse salariale à plus long terme. Mais Saad demeure le joueur qu’il est : un ailier costaud capable d’amasser entre 45 et 50 points par saison. Panarin est désormais un joueur de presque 90 à 100 points. Bowman a aussi gaspillé de bons jeunes joueurs. Nick Leddy a été perdu en 2014 pour une bande de joueurs marginaux. Son contrat n’était pourtant pas exorbitant. Le gardien Antti Raanta a été échangé pour un joueur de Ligue américaine en 2015. Teuvo Teravainen a été sacrifié pour alléger la masse salariale (offert aux Hurricanes de la Caroline afin de se débarrasser du contrat de Bryan Bickell. Teravainen, 25 ans, est devenu un joueur de 75 points ou plus avec les Hurricanes. Phillip Danault a été échangé bêtement au Canadien pour les joueurs de location Dale Weise et Tomas Fleischmann en 2016. On y a ajouté un choix de deuxième ronde. Un autre exemple de manque de patience envers un jeune joueur. Le jeune défenseur Henri Jokiharju, 20 ans, un choix de première ronde comme Teravainen et Danault, a été échangé l’été dernier pour un autre joueur repêché en première ronde, l’attaquant Alex Nylander, 22 ans. Celui-ci a seulement 26 points en 62 matchs cette saison. Par contre, l’acquisition de l’attaquant Dominik Kubalik en juin 2019 demeure un vol. Il a été obtenu des Kings de Los Angeles pour un choix de cinquième ronde. Kubalik avait 30 buts en 68 matchs au moment de l’interruption des activités. L’arrivée de Kubalik ne suffit pas à calmer l’ardeur des fans et des médias qui réclament le départ du DG des Blackhawks…

Meilleur coup

Dominik Kubalik, un marqueur de plus de 30 buts cette saison, obtenu des Kings pour un choix de cinquième ronde. Kubalik était un choix de septième ronde des Kings en 2013 et il jouait en Suisse au moment de la transaction. Il avait 57 points en 50 matchs à Ambri-Piotta, mais il ne semblait pas vouloir signer de contrat avec les Kings et ne s’était pas présenté à leurs récents camps d’entraînement.

Pire coup

Il y en a eu plusieurs. Mais aucun n’a fait autant mal que le départ d’Artemi Panarin, même si Chicago n’aurait probablement pas pu se le payer deux ans plus tard. Au moins, Chicago a obtenu un joueur en retour, ce qui n’est pas le cas avec les transactions de Teravainen et Danault.

JOUEURS AUTONOMES

Contrairement à son prédécesseur Dale Tallon, Stan Bowman se lance rarement dans les folles dépenses estivales. Il aurait difficilement pu le faire de toute façon puisqu’il est toujours coincé par le plafond salarial. Sa plus folle dépense des dernières années ? L’embauche du gardien Robin Lehner l’été dernier à cinq millions… mais pour un an seulement. Il avait usé de la même stratégie avec Cam Ward en 2018 en lui offrant trois millions pour un an. Il a accordé un seul contrat de plus de deux ans, à Ryan Carpenter en 2019, mais pour un million par année. Artemi Panarin pouvait être considéré comme autonome en 2015 puisqu’il jouait dans la KHL et n’avait jamais été repêché et il a opté pour Chicago, devant le Canadien, entre autres, en acceptant un contrat de deux ans pour sept millions, bonis inclus. Le défenseur Erik Gustavsson était aussi considéré autonome après avoir été largué par les Oilers en 2015 et il a donné une grosse saison aux Hawks l’an dernier (60 points pour la modique somme de 1,2 M$).

Meilleur coup

Artemi Panarin, signé en 2015 après une course en enchères avec quelques équipes, dont le CH. L’erreur aura été de ne pas le retenir après deux ans.

Pire coup

Pas beaucoup de mauvais coups quand on est aussi prudent, mais donner trois millions pour un an au gardien Cam Ward n’a pas donné de très bons résultats.

Dix saisons (dix rondes remportées, deux exclusions)

2010-2011 : 44-29-9, 8e Ouest, défaite première ronde.

2011-2012 : 45-26-11, 6e Ouest, défaite première ronde.

2012-2013 : 36-7-5, 1er Ouest, Coupe Stanley.

2013-2014 : 46-21-15, 5e Ouest, finale d’association.

2014-2015 : 48-28-6, 4e Ouest, Coupe Stanley.

2015-2016 : 47-26-9, 3e Ouest, défaite première ronde.

2016-2017 : 50-23-9, 1er Ouest, défaite première ronde.

2017-2018 : 33-39-10, 13e Ouest, OUT.

2018-2019 : 36-34-12, 10e Ouest, OUT.

2019-2020 : 38-25-5, 12e Ouest, (à six points de la dernière place donnant accès aux séries).

(Demain : l’Avalanche du Colorado)

À LIRE

La saison de la KHL a pris fin et les rumeurs d’une entente entre le Canadien et son espoir Alexander Romanov vont bon train. Guillaume Lefrançois a parlé à l’agent du jeune homme. Romanov se joindra sans doute au CH d’ici la prochaine saison, mais une signature serait surprenante avant le 1er mai, date où il sera libéré de son contrat avec le CSKA Moscou.