À chaque jour ouvrable, et pour les prochaines semaines, Mathias Brunet offrira une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Flames de Calgary.

SITUATION ACTUELLE

Les réinitialisations ne sont pas faciles à réussir. Les Flames ont tenté l’opération il y a environ huit ans, mais malgré quelques bonnes saisons régulières récemment, ils ont remporté une seule ronde de séries éliminatoires, en 2015 sous Bob Hartley. Ils ont été exclus des séries six fois et s’accrochaient à une mince avance d’un point sur les Canucks de Vancouver, avec un match de moins à disputer, lors de l’interruption des activités.

Les Flames étaient sur le déclin lors du congédiement du directeur général Darryl Sutter en décembre 2010. Ils venaient de rater les séries la saison précédente et le groupe était tiré par des joueurs de plus de 30 ans, Jarome Iginla, Alex Tanguay, Olli Jokinen, Brendan Morrison, Robyn Regehr, Cory Sarich et Mikka Kiprusoff. Les deux vedettes de l’équipe, Iginla et Kiprusoff, avaient encore une très grande valeur malgré leurs 33 ans.

Mais le successeur de Sutter, Jay Feaster, ne croyait pas à la reconstruction. Il a tenté de maintenir les Flames compétitifs en s’accrochant à ses vétérans. Quand il s’est finalement résolu à échanger Iginla, Regehr et Bouwmeester, trois ans plus tard, leur valeur avait nettement baissé. Kiprusoff avait eu le temps de prendre sa retraite.

Lorsque le DG actuel, Brad Treliving, a été embauché pour remplacer Feaster en 2014, après un bref passage intérimaire de Brian Burke, des espoirs prometteurs comme Sean Monahan et Johnny Gaudreau commençaient à poindre. Les Flames ont commencé à être plus compétitifs. Mais on a voulu courir avant d’apprendre à marcher et on a sacrifié plusieurs choix de première et deuxième ronde pour accélérer le processus. Les Flames n’avaient pas de choix de première ronde en 2015, pas de choix parmi les trois premières rondes en 2018 et pas de choix de deuxième ronde en 2019. On comprend un peu mieux désormais pourquoi cette équipe semble incapable de consolider ses acquis et demeurer parmi les clubs de tête d’année en année.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Les Flames de Calgary ont longtemps été parmi les pires cancres en matière de repêchage. Pourtant, ils ont gardé depuis 2001 le même directeur du recrutement, Todd Button, promu cette année-là par son frère Craig, un brillant analyste télé, mais un mauvais directeur général. Entre 2004 et 2012, un seul de ses choix de première ronde, Mikael Backlund, s’est accroché dans la LNH. Au cours de cette période de neuf ans, seulement quatre des 55 joueurs repêchés ont eu un impact pour les Flames : Johnny Gaudreau (4e ronde en 2011), Micheal Ferland (5e ronde en 2010), T. J. Brodie (4e ronde en 2008) et Backlund. Cette période d’insuccès a grandement nui à la régénération des Flames il y a dix ans.

Heureusement, les choses se sont améliorées depuis. Button a pu repêcher plus tôt depuis 2013 et il n’a pas raté son coup avec Sean Monahan au sixième rang en 2013 et Matthew Tkachuk au même rang en 2016. Monahan est vite devenu le premier centre de l’équipe avec Bob Hartley et Tkachuk a connu une saison de 77 points l’an dernier à 21 ans. Mais Button est encore capable de se tromper. Le choix de Sam Bennett, repêché au quatrième rang en 2014, a fait mal. Mais Bennett venait de connaître une saison de 91 points en 57 matchs à son année de repêchage à Kingston dans la Ligue junior de l’Ontario. Une grave blessure à l’épaule subie à sa première année professionnelle en 2014 lui a fait perdre plusieurs mois et a peut-être nui à son développement. À sa quatrième saison dans la LNH, à 23 ans, Bennett n’a jamais amassé plus de 36 points. Les trois autres fois, la marque des 30 points n’a pas été atteinte. William Nylander, Nikolaj Ehlers, Jakub Vrana et Dylan Larkin ont été repêchés quelques rangs après lui.

Meilleur coup

Johnny Gaudreau, ailier, 4e ronde, 104e au total, 2011

Gaudreau est devenu une grande vedette dans la LNH. Il a amassé 99 points l’an dernier et vient désormais au troisième rang chez les meilleurs pointeurs de la cuvée 2011 derrière Nikita Kucherov et Gabriel Landeskog, mais il a disputé moins de matchs qu’eux.

Pire coup

Greg Nemisz, centre, première ronde, 25e au total en 2008.

On aurait pu aussi choisir Sam Bennett, évidemment. Nemisz a été repêché avec le choix offert par le Canadien pour obtenir Alex Tanguay. Il a joué 15 matchs dans la LNH. Le joueur repêché un rang plus tard, John Carlson, devrait remporter le trophée Norris cette année.

Meilleur espoir

Jakob Pelletier, première ronde, 26e au total, en 2019.

Pelletier a sans doute été boudé par certains clubs en raison de sa petite taille. Il a obtenu 82 points en 57 matchs cette saison avec les puissants Wildcats de Moncton, dans la Ligue junior majeure du Québec.

ÉCHANGES

Jay Feaster a tout de même obtenu des choix de première ronde quand il s’est finalement résolu à échanger Jarome Iginla et Jay Bouwmeester en 2013. Mais son directeur du recrutement ne l’a pas aidé à bien paraître. C’était une cuvée faible, on en convient, mais le joueur repêché avec le choix obtenu pour Bouwmeester, Émile Poirier (21e au total), a joué un seul match dans la LNH, et celui acquis dans l’échange d’Iginla, Morgan Klimchuk, un seul.

Treliving a été un DG très actif au chapitre des échanges. Il a voulu renforcer sa défense en cédant deux choix de première ronde et quatre choix de deuxième pour Dougie Hamilton et Travis Hamonic en 2015 et 2017. Mathew Barzal, Kyle Connor, Thomas Chabot et Brock Boeser auraient été disponibles en 2015 s’il avait été patient. Noah Dobson a été repêché par les Islanders avec le choix de première ronde obtenu pour Hamonic, un défenseur dont le rendement a périclité depuis son départ de Long Island. Hamilton, lui, a été échangé à nouveau l’an dernier avec Micheal Ferland et Adam Fox pour Elias Lindholm et Noah Hanifin des Hurricanes de la Caroline. Lindholm est devenu l’ailier tant espéré pour Gaudreau et Monahan. Il a amassé 77 points, dont 27 buts, l’an dernier, et a 29 buts à sa fiche cet hiver. Hamilton connaissait la meilleure saison offensive de sa carrière avec 40 points en 47 matchs avec les Hurricanes avant de se blesser. Fox et Ferland ne sont déjà plus en Caroline.

Meilleur coup (Jay Feaster)

Dennis Wideman pour Jordan Henry et un choix de cinquième ronde en 2013, échange réalisé en juin 2012. Ce défenseur a joué cinq ans pour les Flames et il a même connu une saison de 56 points en 2014-2015. Mais le généreux contrat offert par la suite n’était pas une très bonne idée.

Pire coup (Brad Treliving)

Un choix de première ronde et deux choix de deuxième ronde pour le défenseur Travis Hamonic.

Les Islanders ont repêché Noah Dobson, le centre Ruslan Ishkarov (présentement dans la NCAA) et le défenseur Samuel Bolduc avec les choix obtenus pour Hamonic. Dobson demeure un espoir de premier plan.

JOUEURS AUTONOMES

Les Flames n’ont jamais hésité à offrir de gros contrats sur le marché des joueurs autonomes. La stratégie n’a pas été très payante, comme c’est le cas pour la majorité des clubs trop gourmands le 1er juillet. On a souvent tenté de remplacer le gardien Miikka Kiprusoff avec des joueurs autonomes en raison de l’incapacité de l’équipe à repêcher des gardiens d’avenir. On a tenté le coup ces dernières années avec Jonas Hiller, Brian Elliott, Chad Johnson, Mike Smith et Cam Talbot, sans jamais retrouver la stabilité des années Kiprusoff. Les grosses embauches comme celles de Mason Raymond (trois ans, 9,3 M$), Troy Brouwer (quatre ans, 18 M$) et James Neal (cinq ans, 28,7 M$) ont constitué de retentissants flops. On a racheté les contrats de Raymond et Brouwer et Neal a été échangé aux Oilers l’été dernier pour Milan Lucic, un autre joueur improductif au contrat monstrueux. Lucic a 20 points, dont 8 buts, en 68 matchs cette saison. Il lui reste encore quatre ans de contrat à une moyenne salariale de 5,2 M$ (les Oilers payent 750 000 $ par année).

Meilleur coup (Brad Treliving)

Michael Frolik, cinq ans, 21,5 M$ en juillet 2015. Frolik a rendu de bons services aux Flames pendant presque cinq ans avant d’être échangé à titre de joueur de location à la date limite des échanges. En santé, il pouvait amasser une quarantaine de points par saison tout en étant l’un des quatre ou cinq attaquants les plus utilisés de son club.

Pire coup (Brad Treliving)

L’embauche de James Neal a fait mal. Il a obtenu 19 points en 63 matchs à sa seule saison à Calgary, avant d’être échangé pour Lucic. Si on ajoute au salaire de Lucic les 1,5 M$ du contrat de Brouwer pour les deux prochaines saisons, c’est 6,7 M$ sur la masse pour des joueurs improductifs.

Dix saisons (une ronde remportée, six exclusions)

2010-2011 : 40-32-10, 10e Ouest, OUT.

2011-2012 : 37-29-16, 9e Ouest, OUT.

2012-2013 : 19-25-4, 13e Ouest, OUT.

2013-2014 : 35-40-7, 13e Ouest, OUT.

2014-2015 : 45-30-7, 8e Ouest, deuxième ronde.

2015-2016 : 35-40-7, 12e Ouest, OUT.

2016-2017 : 45-33-4, 7e Ouest, défaite première ronde.

2017-2018 : 37-25-10, 11e Ouest, OUT.

2018-2019 : 50-25-7, 1er Ouest, défaite première ronde.

2019-2020 : 36-27-7, 7e Ouest, (seraient qualifiés par la peau des dents).

(Mardi : les Hurricanes de la Caroline)

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