(Longueuil) La Ligue de hockey junior majeur du Québec n’aura pas besoin d’un respirateur artificiel pour survivre à la pandémie de la COVID-19. Mais elle pourrait bien avoir besoin de l’aide des instances gouvernementales.

Ainsi, au lendemain de la décision de la Ligue canadienne de hockey d’annoncer l’annulation des séries éliminatoires de ses trois circuits affiliés et du tournoi de la Coupe Memorial, le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau a tenté de se faire rassurant sur l’avenir de sa ligue.

Bien qu’il n’ait pas caché que « pour l’année 2019-20, il va y avoir un impact financier », Courteau a indiqué qu’il était très confiant de diriger une ligue qui comptera encore 18 équipes la saison prochaine. Un point de vue que partage Jacques Tanguay, le propriétaire des Remparts de Québec.

« Je ne suis pas inquiet pour le nombre d’équipes qui traverseront la crise actuelle, a dit Tanguay. Il restera toujours des hommes d’affaires passionnés par le sport. Il y aura une relève. »

Et ce, même si aucune assurance ne couvre les pertes de revenus des diverses équipes de la LHJMQ, puisqu’il s’agirait, selon Courteau, d’un « acte de Dieu ».

« Pour l’instant, personne n’a exprimé de crainte en ce sens-là. Ce qu’il faut prendre en considération, c’est que nous sommes chanceux dans notre malchance, a expliqué Courteau en conférence téléphonique mardi matin. Le virus est arrivé au moment où 93 % de notre calendrier était complété, et au 5 avril, 10 de nos 18 équipes ne sont généralement plus en opération après la première ronde des séries éliminatoires.

“Il va y avoir des impacts financiers. Mais ce sera à regarder pour les étapes à venir, les années à venir, a-t-il poursuivi. Comment on va se restructurer, dans ce contexte-là ? Et comment on va opérer ? La saison 2019-20 va entraîner des pertes financières aux équipes, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais ce sera le modèle d’opération pour les années à venir qu’il sera important de déterminer. »

En ce sens, il a indiqué qu’afin de limiter les dégâts, la ligue devra d’abord analyser les divers programmes d’aide financière des gouvernements provinciaux – la LHJMQ compte des équipes dans quatre provinces –, et possiblement y souscrire.

« Le gros du travail, présentement, consiste à réduire les dépenses, afin de minimiser les pertes qui peuvent se produire, que ce soit au niveau des équipes et de la ligue, a évoqué l’homme âgé de 62 ans. Mais le gouvernement a annoncé la mise en place de divers programmes, et ce sera définitivement un des éléments qu’on va regarder, en plus des autres possibilités. »

« Les impacts majeurs pour les équipes ne pourront certainement pas être déterminés avant au moins un an, a renchéri Tanguay. Ce sera un impact financier, comme pour toutes les PME et les autres entreprises au pays. L’autre impact, ce sera de priver la population de son sport favori. Mais ç’a été une décision beaucoup plus facile à prendre que dans la plupart des autres entreprises du pays, qui sont contraintes de mettre à pied temporairement des employés fidèles. »

Quant à savoir s’il avait étudié, avec ses homologues des Ligues de hockey junior de l’Ontario (OHL) et de l’Ouest (WHL), la possibilité de reporter les activités au mois de juin ou juillet, Courteau a rappelé que la réalité des clubs junior n’est pas la même que celle de la LNH, par exemple.

« Premièrement, nous sommes une ligue amateure-étudiante, et nous ne connaissons toujours pas les dates de reprise des institutions scolaires. Deuxièmement, contrairement à la LNH, nous ne sommes pas propriétaires de nos amphithéâtres ; donc nous n’avons aucun contrôle sur les opérations des arénas », a-t-il déclaré.

« De plus, nous n’avons aucune garantie de l’état dans lequel se présenteront les joueurs à leur équipe lors de la reprise des activités. Et il n’y avait également aucune garantie que nous allions pouvoir reprendre nos activités devant des spectateurs, et nos équipes ne sont pas en mesure de présenter des matchs dans des arénas vides. C’est impossible de penser à ça », a-t-il souligné, en ajoutant qu’il n’avait toujours pas étudié l’enjeu du personnel sportif.

On ignore donc si des compensations seront offertes aux équipes qui ont liquidé beaucoup de choix de repêchage à la date limite des transactions en prévision de leur parcours printanier, et si la LHJMQ envisage de donner une exemption aux joueurs de 20 ans qui ne sont pas nécessairement engagés au hockey universitaire l’automne prochain.

Courteau a cependant réitéré que la Coupe Memorial poursuivra sa rotation habituelle, même s’il n’y aura pas d’arrêt à Kelowna, en Colombie-Britannique, au mois de mai. L’OHL accueillera donc le tournoi en 2021, suivie de la LHJMQ en 2022.

Entre-temps, la LHJMQ a indiqué que les annonces de lundi lui ont permis d’acheter du temps, de manière à planifier la suite des choses. D’ailleurs, le circuit Courteau avait annoncé la semaine dernière que son repêchage annuel se tiendra exceptionnellement en ligne cette année, en raison de la pandémie de la COVID-19. Sherbrooke devait accueillir les assises et la séance de repêchage de la LHJMQ, du 3 au 6 juin.

« Tout va être regardé. On va avoir du temps pour penser aux divers scénarios, on va avoir beaucoup de communications avec nos homologues de l’OHL et de la WHL. On discutera aussi avec le bureau de la LCH, et on aura l’occasion, lorsque le moment sera venu, de discuter avec nos propriétaires de la saison prochaine », a-t-il résumé.