(Sunrise) Et dire que les Panthers n’ont pas si bien joué que ça.

Or, comme on le sait, un match contre le Canadien constitue un excellent remède pour une équipe en léthargie. En témoigne cette défaite de 4-1 du Tricolore à Sunrise.

Depuis leur revers cuisant de 4-0 à Montréal le 1er février dernier, les Panthers sont en complète déroute. À peine 5 victoires en 18 matchs. Une attaque jusque-là dévastatrice soudain incapable de marquer. Une défense et un gardien à 10 millions drôlement généreux.

Cette équipe avait beau avoir livré un bon duel aux Bruins l’avant-veille et avoir redoublé d’ardeur à l’entraînement pour resserrer le jeu défensif, les panthères qui se sont élancées sur la glace samedi soir n’avaient pas les griffes tellement affûtées. On pourrait même croire qu’elles étaient encore endormies par la longuette cérémonie consacrée à Roberto Luongo avant la rencontre.

Le résultat est tout de même allé en leur faveur. On ne sait pas si c’est le brio du jeune gardien floridien Chris Driedger qui a fait le succès des locaux, ou encore une incapacité chronique à marquer des buts qui a coulé les visiteurs. Mais le verdict est sans appel.

Quelques secondes après la sirène finale, alors que les journalistes marchaient vers le vestiaire du Tricolore, la porte de la salle de travail des dirigeants de l’équipe avait été laissée ouverte par inadvertance. Les yeux hagards de Claude Julien, Kirk Muller et Marc Bergevin résumaient tout : il est temps que ça finisse.

PHOTO STEVE MITCHELL, USA TODAY SPORTS

Artturi Lehkonen (62) et Mike Matheson (19)

Car avec une douzaine de matchs à disputer, les explications commencent à manquer.

« Il faut trouver le moyen de marquer des buts », a dit Claude Julien. C’est un euphémisme.

Jordan Weal et Max Domi ont tous les deux obtenu des échappées. L’un a tiré hors cible, l’autre a tenté une feinte à laquelle Driedger n’a pas mordu.

Malgré plus d’une minute à 5 contre 3, en fin de deuxième période, jamais le Tricolore n’a réussi à décocher un tir près du filet. Il était presque triste de voir Shea Weber et Jeff Petry s’épuiser sur des lancers frappés de la ligne bleue, dont un seul a trouvé son chemin jusqu’aux gardiens. Les tibias de MacKenzie Weeger, deux fois, et d’Erik Haula ont encaissé les autres.

La complicité entre Joel Armia et Nick Suzuki ne semble résolument pas à point. Mine de rien, Suzuki a maintenant été blanchi à ses 8 derniers matchs. Et il traîne un vilain différentiel de-7 dans l’intervalle. Ça nuance un peu la saison de rêve de ce joueur recrue qui n’avait toujours pas « frappé le mur » cette saison.

On pourrait aussi parler du trio de Max Domi qui est au neutre après avoir vécu le parfait bonheur le temps d’un soupir la semaine dernière. Ou encore de l’absence de Tomas Tatar, que Julien a toutefois refusé d’invoquer pour justifier cette panne sèche.

Bref, ça ne tourne pas rond chez le Canadien. Les mauvaises langues diront que ça n’a pas tourné souvent rondement cette saison, mais en ce moment, c’est pire que jamais.

« On ne peut pas souhaiter gagner en marquant un seul but, a renchéri Julien. J’aurais aimé voir notre équipe être un peu plus dure, aussi. Ça nous aurait aidés. » Touché.

C’est surtout dommage pour Charlie Lindgren, gonflé à bloc à l’approche de ce deuxième départ en quatre rencontres. Il a multiplié les arrêts spectaculaires, et son entraîneur a reconnu que n’eût été de lui, la troisième période ne se serait pas amorcée sur un mince retard de 1-0. De l’aveu du principal concerné, il « aurait aimé revoir » le deuxième but des Panthers. Mais quand bien même ç’aurait fini 3-1 au lieu de 4-1…

Il en reste donc 12. Douze matchs qui pourraient ressembler à un long chemin de croix si le moral continue de descendre, surtout avec le long voyage en Californie qui s’amorce à la fin de la semaine.

Douze matchs qui pourraient par contre constituer une occasion pour plusieurs d’ajouter un peu de couleur à cette fin de saison terne, pour peu qu’ils s’en donnent la peine.

Jour après jour, depuis des semaines, les joueurs répètent qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils sont des professionnels, que c’est leur boulot de se présenter pour jouer au hockey et de se donner une chance de gagner.

Ces 12 matchs ressemblent à une sacrée belle occasion de mettre des actions sur ces paroles.

Dans le détail

Un cadeau pour Huberdeau

Recopiez 100 fois : Je-ne-laisserai-plus-Jonathan-Huberdeau-seul-à-l’embouchure-du-filet. Pour se garder la tête hors de l’eau vu son talent limité, Christian Folin doit minimiser les erreurs, et il le fait relativement bien. En général. Mais sur le troisième but des Panthers, il a complètement oublié Huberdeau derrière lui, et le Québécois n’a eu qu’à pousser la rondelle derrière Charlie Lindgren après l’avoir reçue d’Erik Haula depuis le coin de la patinoire. L’attaquant pouvait difficilement espérer un plus beau cadeau, à plus forte raison quand on constate qu’il s’agissait de son premier but en 7 matchs.

Chaud sur la glace

La première période aurait pu être disputée sur du gravier que la différence n’aurait pas été marquante par rapport à la qualité pitoyable de la glace du BB & T Center. Dans le camp des Panthers, ça se traduisait en des tirs sur réception ratés, et dans celui du Canadien, en des passes à des milles du destinataire. La chose n’a pas échappé au gardien Charlie Lindgren, qui a signalé que les rondelles bondissantes et la glace ingrate étaient attribuables à une chaleur étonnamment élevée sur la surface de jeu, particulièrement en première période. N’allez toutefois pas chercher là une excuse pour les insuccès du Canadien. Car c’était la même glace pour les deux équipes, n’est-ce pas ?

Le quatrième trio en vedette

Très peu utilisée par Claude Julien jeudi à Tampa, la quatrième unité offensive du Canadien en a donné pour son argent à son entraîneur face aux Panthers. C’est en effet le trio composé de Jake Evans, Lukas Vejdemo et Dale Weise qui a généré le plus de chances de marquer (8) et de tentatives de tirs (12) à forces égales, et ce, en une dizaine de minutes de jeu. C’est aussi lui qui a inscrit le seul but du CH, à la suite d’un bel effort individuel et d’un tir précis d’Evans. « Ce trio a travaillé fort et a fait les choses qu’on demandait, a constaté Julien. Quand ils étaient en territoire offensif, la rondelle se rendait au filet. Et quand ces choses-là arrivent, tu leur donnes le temps de glace qu’ils méritent. »

Ils ont dit

Ç’a été notre plus importante infériorité numérique de l’année, par une large marge. Le moment où elle est survenue, la longueur du 5 contre 3, les tireurs dont le Canadien dispose… Nos gars ont tout donné et ça nous a placés dans une bonne position pour la suite.

Joel Quenneville, entraîneur des Panthers, à propos 5 contre 3 en 2e période

On aurait pu changer l’allure du match, transférer le momentum, mais on ne l’a pas fait. C’est dur.

Charles Hudon, à propos de la même séquence

Je ne sais pas si les gars étaient nerveux, mais on lançait de loin. On aurait pu mieux faire bouger la rondelle. Ç’aurait fait une différence.

Claude Julien, toujours sur cette occasion ratée

Quand tu as de bonnes chances, tu dois les convertir. C’est ce que les Panthers ont fait, pas nous. Je pense que le match a été chaudement disputé, mais eux ont profité de leurs chances.

Jake Evans

J’étais super emballé avant le match et je pense que je me suis bien battu pendant 60 minutes, mais je voudrais bien revoir ce 2e but. C’est malheureux.

Charlie Lindgren

On a connu une bonne séquence pendant laquelle on aurait dit que tout rentrait, mais là, ça ne rentre plus autant. Il faut retourner à la base : aller au filet, essayer de prendre les retours et marquer des buts.

Xavier Ouellet

Tu as toujours besoin d’un marqueur, mais je ne crois pas que l’absence de Tomas Tatar est la seule raison pour laquelle on ne marque pas. Il pourrait certainement nous aider, mais on doit avoir un apport des autres.

Claude Julien

En hausse

Charlie Lindgren

Faisons une fleur au gardien du Canadien. Non, il n’a pas très bien paru sur le but de Weegar, mais il a tout de même multiplié les arrêts-clés qui ont gardé ses coéquipiers dans le coup pendant une bonne partie de la rencontre.

En baisse

Jordan Weal

Ce n’est pas qu’il ait si mal joué, mais son incapacité à décocher un tir rapidement nuit à son équipe. Il ne réussit ni à tirer sur réception ni à capter une passe efficacement pour dégainer.

1

Brendan Gallagher n’a décoché qu’un seul tir au but, lui qui en réussit de 3 à 4 par rencontre depuis le début de sa carrière. C’est seulement la 5e fois cette saison que moins de 2 tirs sont inscrits à sa fiche.