Bien qu’ils savaient sa condition précaire, les anciens coéquipiers d'Henri Richard chez le Canadien de Montréal sont tous attristés par son décès survenu dans la nuit de jeudi à vendredi.

Voici quelques-unes de leurs réactions :

« Je n’ai que de bons mots pour Henri, qui a été un coéquipier pendant huit saisons, mais surtout un ami depuis. Bien évidemment, son record de 11 Coupes Stanley ne sera jamais battu. Bien qu’il ait joué dans l’ombre de son frère et des grandes vedettes qui ont marqué son passage chez le Canadien — qui sont toutes au Temple de la renommée, soit dit en passant — il a trouvé le moyen de laisser sa marque, a déclaré Serge Savard, lui-même intronisé au Panthéon en 1986.

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PHOTO FOURNIE PAR MARK GRECZMIEL

Henri Richard (16) et Serge Savard (18) pendant un match contre les Seals d'Oakland à la fin des années 60.

« La dernière conversation que j’ai eue avec lui remonte à trois ou quatre ans, dans le Salon des Anciens, au Centre Bell, a poursuivi Savard. Il était encore capable de tenir une conversation, mais ne se rappelait plus de votre nom. Il ne pouvait d’ailleurs plus se rendre seul au Centre Bell : il ne pouvait plus conduire sa voiture.

« Il y a quelques semaines, je devais aller le visiter en compagnie de son épouse, mais elle m’a rappelé peu de temps avant pour me dire que ce ne serait pas une bonne idée.

« Il était souvent dans nos pensées, notamment le 29 février, jour de son anniversaire qu’on aimait bien lui rappeler qui n’arrivait qu’aux quatre ans. […] C’est un gars qui entendait à rire : parfois, pour le taquiner, nous le présentions comme le petit frère de Maurice. Ça le faisait toujours sourire. »

Yvan Cournoyer, qui a lui-même gagné 10 Coupes Stanley, s’est rappelé de la prestance de Richard.

« Henri était un peu comme moi : pas tellement grand ! Avec sa détermination, il a prouvé qu’il était capable de jouer dans la LNH, a-t-il raconté. Plusieurs comparaient Henri et son frère ou les mettaient en compétition. Mais Maurice était Maurice, Henri était Henri. Chacun avait son style et Henri a prouvé qu’il était un excellent joueur de hockey.

« Il a été mon coéquipier, mais ensuite, il a été mon ami pour la vie. On jouait souvent au golf ensemble. »

PHOTO PAUL HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE

Yvan Cournoyer et Henri Richard lors du défilé de la Coupe Stanley en 1971.

Comme dans le cas de Serge Savard, la conjointe d’Henri Richard, Lise, a déconseillé à Cournoyer d’aller voir son ami dans ses derniers moments.

« La dernière fois que j’ai voulu aller le voir, j’ai téléphoné à son épouse Lise et elle m’a dit : "Ne viens pas le voir. Tu n’aimerais pas le voir dans l’état dans lequel il est".

« Je savais qu’on était sur la fin : j’ai rencontré sa fille il y a une semaine au Centre Bell et elle m’avait dit qu’il n’en avait pas pour longtemps. Réjean (Houle) m’a rejoint ce matin pour me dire qu’il était décédé à 2 h cette nuit. »

Cournoyer affirme que sans le leadership de Jean Béliveau et de Henri Richard, il n’aurait pas connu la même carrière.

« Lui et Jean Béliveau m’ont montré comment gagner, a-t-il déclaré sur les ondes de RDS. Lorsque je suis arrivé, je n’avais que 20 ans et Jean était le capitaine. Henri allait lui succéder. C’est grâce à eux si j’ai gagné la Coupe Stanley 10 fois. »