(Montréal) Les commotions cérébrales au hockey sont fréquentes mais peuvent être difficiles à diagnostiquer, surtout dans le feu de l’action. C’est pourquoi des chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont développé une nouvelle technique — rapide et facile — qui pourrait servir à détecter la commotion d’un joueur avant que la partie de hockey ne soit terminée.

L’équipe de chercheurs était dirigée par le Dr J. Scott Delaney, urgentologue et spécialiste de médecine sportive au CUSM.

La méthode qu’ils ont développée est un test d’équilibre spécifique aux hockeyeurs.

Ils ont créé un système de notation des erreurs d’équilibre, un test que les joueurs de hockey peuvent effectuer avec leurs patins et sans retirer leur équipement (à l’exception du casque et des gants) debout sur la bande de caoutchouc noire que l’on trouve dans les couloirs et les vestiaires de la plupart des arénas.

Trois positions sont exécutées, patins aux pieds, alors que le joueur tente de la maintenir les yeux fermés.

« Actuellement, le test d’évaluation de l’équilibre est l’un des examens physiques les plus importants après une éventuelle commotion cérébrale, et le plus susceptible de détecter des anomalies, mais il doit être effectué pieds nus, en short et en t-shirt. Il n’est pas adapté à la réalité des joueurs de hockey », a expliqué le Dr Delaney, qui est également médecin d’équipe pour l’Impact de Montréal, les Alouettes de Montréal, McGill Football, les équipes de soccer masculine et féminine de McGill ainsi que pour le Cirque du Soleil

La sécurité et la fiabilité de ce nouveau test ont été évaluées dans une étude récemment publiée dans le Clinical Journal of Sport Medicine, à laquelle ont pris part 80 joueurs de hockey universitaire, hommes et femmes, de l’Université McGill et de l’Université Concordia. D’autres recherches sont en cours pour démontrer la validité du test en tant qu’outil de diagnostic des commotions cérébrales.

Pour le Dr Delaney, ce nouveau test peut résoudre de nombreuses difficultés, dont le fait que certains symptômes des commotions cérébrales peuvent apparaître bien après le coup reçu, et qu’un examen physique ne permet pas de les détecter. Sans compter que des joueurs qui veulent finir la partie et ne pas être retirés de la glace peuvent minimiser leurs symptômes.

« J’avais peur que peut-être des athlètes de hockey soient retournés jouer après une évaluation de commotion qui n’était peut-être pas complète », a-t-il confié au sujet de son intérêt à entreprendre cette recherche.

« On entend des cas d’athlètes retournés jouer et, deux jours plus tard, on apprend qu’ils ont une commotion », déplore-t-il.

Les symptômes des commotions sont divers et peuvent comprendre, entre autres, des étourdissements, de la confusion, des maux de tête, une vision trouble, une sensation de nervosité, de flottement ou de tristesse, de la fatigue et des troubles de l’équilibre.

Pourquoi l’équilibre a-t-il été utilisé comme facteur diagnostic par l’équipe du CUSM ? Parce qu’il peut être objectivement observé et sollicite plusieurs fonctions du cerveau, a expliqué le Dr Delaney.

Il souligne qu’il est important que les joueurs soient retirés du jeu dès qu’ils ont subi une commotion, qui est une lésion au cerveau : le prochain coup n’aura pas besoin d’être aussi fort pour causer une seconde commotion et le temps de guérison sera aussi plus long.

Mais les joueurs étaient parfois réticents à subir le test standard : enlever tout l’équipement, se soumettre à l’examen, et tout remettre prenait beaucoup de temps. Du temps qu’ils préfèrent passer sur la glace pour compter des buts. Avec le test développé par Dr Delaney et son équipe, « ce sera plus facile de les convaincre de se soumettre au test », dit-il.

Peter Smith, entraîneur de l’équipe de hockey féminine de l’Université McGill, se réjouit de la simplicité du test. Il s’en est déjà servi avec ses joueuses : il est plus efficace que la méthode utilisée auparavant. Et pour cette raison, les hockeyeuses n’hésiteront pas à le faire, estime l’entraîneur.

« Cela va les aider à conserver leur cerveau en santé. »

Dr Delaney espère que le test sera éventuellement utilisé par Hockey Québec et Hockey Canada, pour être utile aux jeunes joueurs. La LNH a beaucoup de ressources, dit-il, mais avec les jeunes de 10-12 ans, par exemple, « c’est là qu’on va voir la différence ».

Selon Santé Canada, les commotions sont la blessure la plus commune chez les garçons de 5 à 14 ans qui jouent au hockey.