(Brossard) Si Marco Scandella, Nate Thompson, Nick Cousins, Matthew Peca et même Ilya Kovalchuk, dans une moindre mesure, ne sont plus avec le Canadien, c’est qu’ils n’appartenaient pas au « noyau » de l’équipe destiné à boucler la présente saison et à entamer la prochaine.

Car c’est bel et bien avec ce noyau que Marc Bergevin compte vivre et mourir. Ou, moins dramatiquement : gagner ou perdre.

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Le directeur général du Tricolore s’est exprimé pendant quelque 40 minutes lundi après-midi, après que fut conclue la période des transactions dans la LNH.

Visiblement fatigué, et offrant des réponses décousues, parfois contradictoires, Bergevin s’est prêté patiemment au barrage de questions des journalistes sur ses décisions des derniers jours ainsi que sur les attentes qu’il nourrit à l’égard de l’organisation qu’il dirige.

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Nate Thompson

Le DG sortait d’une journée chargée. En matinée, il a cédé Nate Thompson aux Flyers de Philadelphie en retour d’un choix de 5e ronde en 2021. Puis il a envoyé Matthew Peca aux Sénateurs d’Ottawa contre un joueur des ligues mineures et un choix de 7e ronde en 2020. Enfin, à la toute dernière minute, il a refilé Nick Cousins aux Knights de Vegas pour un 4e choix en 2021.

La veille en soirée, il avait échangé Ilya Kovalchuk aux Capitals de Washington en retour d’un 3e choix en 2020. Et mardi dernier, c’est Marco Scandella qui passait aux Blues de St. Louis moyennant des choix de 2e et 4e tour (conditionnel) en 2020.

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Ilya Kovalchuk rencontre les médias après avoir été échangé

Le cas de Kovalchuk est particulier, car Bergevin souhaitait lui donner l’occasion de gagner la Coupe Stanley dès cette saison. Mais pour les quatre autres, il a essentiellement parlé de joueurs remplaçables qui ne figuraient pas dans les plans de l’organisation à long terme.

Préalablement, Cousins avait reçu une nouvelle offre de contrat, mais pas Thompson. Et il y a eu des « discussions » avec Scandella et Kovalchuk. Tous ont finalement été transigés.

« Notre noyau n’a pas changé, et les gars qui vont nous aider à continuer à nous battre pour les séries et à avancer l’année prochaine sont encore dans l’équipe », a insisté Bergevin.

« C’est certain qu’il y a une déception » par rapport à la situation actuelle de l’équipe, a-t-il convenu, « mais ça ne change pas la direction dans laquelle on s’en va ».

Direction

C’est sur la nature de cette « direction », justement, que Bergevin a offert ses réponses les moins encourageantes.

Selon lui, les « équipes d’élite » de la LNH, dont il fait son modèle, « se sont bâties par le repêchage ».

Or, non seulement le DG présente un bulletin mitigé à ce chapitre depuis son embauche en 2012, mais il a en outre choisi de conserver ses deux joueurs ayant la plus grande valeur sur le marché des transactions, Tomas Tatar et Jeff Petry, qui lui auraient sans doute permis de mettre la main sur des choix de repêchage alléchants.

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Tomas Tatar

À ses yeux, échanger ces actifs contre des choix n’avait « pas de sens », puisque cette avenue n’offre « aucune garantie » et que les deux joueurs sont sous contrat pour une autre saison. « On essaie de mettre une bonne équipe sur la glace l’an prochain, et ces gars sont bons pour nous », a résumé Bergevin.

Pour améliorer son équipe, il y aurait donc le marché des joueurs autonomes, mais celui-ci « devient de plus en plus mince », a-t-il indiqué.

Il reste donc la perspective d’une « transaction hockey » (un joueur contre un autre), qui est plus facile à réaliser à l’approche du repêchage du mois de juin, selon lui. Autrement, il reste l’attente patiente, dans l’espoir que les jeunes joueurs prometteurs de l’organisation mûrissent et acceptent des rôles plus importants.

Changements

Il n’empêche que des changements deviendront peut-être inévitables. Tatar et Petry, de même que Phillip Danault, Brendan Gallagher et Joel Armia, deviendront tous joueurs autonomes sans compensation au cours de l’été 2021. Max Domi sera quant à lui joueur autonome avec compensation dès cet été.

La prochaine année sera donc cruciale pour des éléments-clés du fameux « noyau », qui forceront sans doute l’équipe à faire des choix difficiles.

« On a des joueurs très durs à remplacer, a avoué Bergevin. En juillet, je vais regarder s’ils sont intéressés à prolonger leur contrat. S’ils ne le sont pas, soit on y va pour une année de plus, soit on fait des changements. »

Toutefois, à court terme, il persiste et signe : « On sent qu’on est encore compétitifs », a-t-il dit de son équipe, même si le Tricolore est en voie de rater les séries éliminatoires pour une troisième saison de suite et une quatrième en cinq ans.

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Depuis le début de la présente saison, les blessures, surtout chez les attaquants, ont certainement coûté des victoires. Mais selon Bergevin, c’est l’inconstance des hommes de Claude Julien, et encore davantage leurs insuccès à domicile, qui les ont privés d’un meilleur sort.

Le Canadien a en effet peiné contre des équipes plus faibles que lui — exemple facile : les quatre défaites contre les Red Wings de Detroit —, et il fait partie des pires formations du circuit pour conserver une avance. Il arrive également au 30e rang sur 31 équipes pour sa fiche à la maison.

Bergevin estime qu’il revient aux joueurs de corriger ces lacunes.

« Ultimement, on est tous responsables, je le comprends, a-t-il dit. Mais les entraîneurs ont abordé le problème. Les joueurs doivent prendre leurs responsabilités, surtout à la maison. »

« C’est la même équipe » qui présente le 13e dossier sur la route, a-t-il fait remarquer. « Comme groupe, ils doivent être meilleurs. »