(Laval) Pour des gars qui revenaient d’un voyage catastrophique de cinq défaites en autant de matchs, les joueurs du Rocket de Laval semblaient étonnamment détendus, mardi, pendant leur entraînement matinal.

L’ambiance bon enfant qui régnait sur la glace de la Place Bell tranchait passablement avec la position de l’équipe au classement. Voilà en effet les représentants de l’île Jésus au septième rang (sur huit) de la division Nord de la Ligue américaine, à 4 points des Marlies de Toronto, détenteurs du dernier rang donnant accès aux séries éliminatoires.

La situation est bien moins dramatique que celle du Canadien. Mais avec seulement 3 victoires au cours des 15 dernières rencontres, la pente à remonter semble soudain plus abrupte.

Certains signes pourraient provoquer de l’inquiétude. L’avantage numérique en panne depuis le rappel de Xavier Ouellet chez le Canadien. Les performances en dents de scie des gardiens de but. Le retrait de deux vétérans de la formation en vue d’un match névralgique.

Mais visiblement, on refuse de céder à la panique.

« On reste positifs, a dit Ryan Poehling à La Presse. Oui c’était un voyage éreintant, et on n’a pas fini sur une bonne note. Mais comme équipe, on a bien aimé notre jeu. Si on peut retrouver notre erre d’aller, marquer des buts et gagner un match ou deux, le reste va suivre. On sait combien le succès peut être contagieux. »

Renvoyé dans la Ligue américaine lundi après avoir disputé six matchs avec le Canadien, Jake Evans a dit avoir apprécié d’être accueilli dans la bonne humeur malgré la mauvaise séquence que traverse l’équipe.

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Jake Evans

« C’était bien de voir les gars afficher cette énergie positive, a-t-il dit. Si on veut revenir dans la course, il faut retrouver notre confiance. »

Pendant qu’il savourait la chance qui lui était offerte de se démarquer dans la LNH, Evans a gardé un oeil sur les performances du Rocket. Et ce qu’il a vu ne l’inquiète pas, malgré l’absence de victoires. « L’effort est là », a-t-il assuré.

Nombreux mouvements

L’arrivée récente de Poehling et le retour d’Evans, même si les deux joueurs sont des rouages importants de l’attaque du Rocket, illustrent l’instabilité qui a régné au sein de cette équipe depuis le début de l’hiver.

En défense, Christian Folin vient d’être rétrogradé après avoir passé quelques semaines à Montréal. Cale Fleury croyait bien passer la saison avec le grand club, mais voilà qu’il est un membre du Rocket depuis le 31 décembre dernier.

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Cale Fleury

Le capitaine Xavier Ouellet a fait le chemin inverse le 6 février. Avec l’échange de Marco Scandella, on peut présumer que le Québécois passera encore un bon moment dans la métropole.

En attaque, c’est encore plus spectaculaire. Evans, meilleur marqueur des fusées, revient dans le giron de l’équipe après deux semaines « en haut ». Poehling a rejoint le Rocket pendant son long voyage. Jesperi Kotkaniemi, qui n’avait jamais joué dans la Ligue américaine auparavant, y a été cédé par le Tricolore le 1er février.

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Jesperi Kotkaniemi

Lukas Vejdemo a passé trois semaines à Montréal au détour de la nouvelle année. Dale Weise, dont on ne croyait plus aux chances de jouer dans la LNH, n’a plus quitté le Canadien depuis son rappel du 1er janvier. Riley Barber et Matthew Peca ont eux aussi eu une audition de l’autre côté de la rivière des Prairies.

En ajoutant à cela les blessures et les aléas du quotidien d’une équipe de hockey, on est loin des conditions optimales pour créer une chimie.

Ce qui fait dire à l’entraîneur-chef Joël Bouchard que son équipe est en « camp d’entraînement ».

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Joël Bouchard

« Beaucoup de joueurs ont changé de position et remplissent un rôle auxquels ils ne sont pas habitués, a-t-il fait remarquer. Je pense que j’ai 7 ou 8 centres naturels ; certains doivent donc jouer à l’aile. On manque de cohésion, c’est un peu normal. On doit composer avec tout ce changement de personnel en février, quand les autres équipes sont rodées. »

Par contre, le vétéran Karl Alzner estime que le récent voyage, même difficile, a contribué à souder ses coéquipiers. « On va voir comment ça va se traduire dans la prochaine poussée », a-t-il précisé.

Mécontents

Pour certains membres de l’organisation, l’épreuve est un peu plus difficile. Parlez-en à Riley Barber et Phil Varone.

Les vétérans de 26 et 29 ans ont regardé le dernier match du Rocket à Providence depuis les estrades. Bouchard n’a pas voulu s’étendre sur les motifs qui ont justifié sa décision. Le mot « attitude » a tout de même résonné au cours de la conversation. Aucun des deux n’a été rendu disponible pour rencontrer les médias après l’entraînement de mardi. Ils seront toutefois de retour en uniforme ce mercredi soir.

Il a aussi été question de la situation des gardiens de but. Après une alternance systématique entre Primeau et Keith Kinkaid pendant une bonne partie de la saison, on a confié le filet à Primeau au cours des trois derniers matchs – avec un succès mitigé, puisque le jeune homme a maintenant perdu ses six derniers départs. Kinkaid a même été relégué à la galerie de presse, puisque Michael McNiven est maintenant dans l’entourage de l’équipe.

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Cayden Primeau

De Kinkaid, Bouchard a vanté la résilience et l’ardeur au travail. L’Américain de 30 ans a pris part à des séances d’entraînement individuelles avec le responsable des gardiens chez le Rocket, Marco Marciano. Et il renouera avec l’action mercredi soir à domicile. « Ç’a été émotif pour lui, a dit Bouchard. Mais il n’a rien dit, il comprend. On a un plan pour lui. »

Avec cette formation en « rodage », la course vers les séries éliminatoires est en quelque sorte reléguée au second plan pour le Rocket. Les joueurs y tiennent, leurs entraîneurs aussi. Et comme il reste encore plusieurs matchs intra-division à disputer, les chances de réduire l’écart avec les équipes de tête demeurent bien réelles.

Mais Joël Bouchard préfère voir ses hommes réapprendre à gagner avant de penser à l’étape suivante. Mine de rien, le Rocket se retrouve avec une formation très jeune. Et ce sont justement les joueurs les plus verts qui se retrouvent au premier plan de la relance du club.

« Les séries, ce sera le résultat de notre façon de jouer, a dit l’entraîneur-chef. Quand on jouera de la bonne façon, la chimie va s’installer et l’esprit d’équipe va s’organiser. Les gars vont progresser. Et là, ils vont aligner des victoires. »

Il faudrait tout de même ne pas trop tarder, pourrions-nous ajouter.