Tenter une reconstruction ne signifie pas pour autant des jours meilleurs cinq ans plus tard.

Avec cette autre défaite jeudi soir contre le Canadien, les Sabres rateront les séries éliminatoires pour une… neuvième année consécutive. Une 11e exclusion lors des 13 dernières saisons.

La colère est palpable à Buffalo ces jours-ci. On peut comprendre les fans. Non seulement les résultats ne sont pas au rendez-vous, mais le spectacle est lamentable.

Les Sabres ont pourtant repêché trois fois parmi les deux premiers entre 2014 et 2018. Ils ont obtenu sept choix dans le top 10 lors des sept derniers repêchages. Ils en auront un huitième en juin.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer leurs problèmes. Ils ont longtemps cherché un gardien de qualité ; ils ont cherché à reconstruire tout en cherchant à gagner trop rapidement ; ils n’ont pas toujours fait les bons choix. En bref, ils sont mal dirigés.

L’arrivée du DG Tim Murray en janvier 2014 n’a pas aidé. Murray a pourtant bien commencé le travail en obtenant un choix de première ronde, deux choix de deuxième et un choix de troisième pour Ryan Miller, Steve Ott et Matt Moulson.

Mais au lieu d’entamer une vraie reconstruction, il a tôt fait d’envoyer deux choix de deuxième ronde aux Kings de Los Angeles pour Hudson Fasching, un espoir de la NCAA âgé de 20 ans, et Nicolas Deslauriers.

Murray a continué de prendre les moyens pour connaître du succès à court terme. Les Sabres n’étaient pourtant pas prêts. Il a ensuite cédé un choix de deuxième ronde pour Josh Gorges. Il a embauché Brian Gionta sur le marché des joueurs autonomes.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Brian Gionta et Josh Gorges

Dans l’année suivante, il a cédé un choix de première ronde pour obtenir le gardien des Sénateurs Robin Lehner. Il a échangé Nikita Zadorov, Mikhail Grigorenko, J.T. Compher et un choix de deuxième ronde pour obtenir Ryan O’Reilly et Jamie McGinn.

Il a pris un autre raccourci en février 2015 en cédant un autre choix de première ronde, Joel Armia, Brendan Lemieux et Tyler Myers pour obtenir Evander Kane et Zack Bogosian.

Les transactions n’étaient pas mauvaises en soi, mais elles contribuaient à mettre de la pression sur un club dont les fondations n’étaient pas encore solides.

Entre 2014, date de l’arrivée de Tim Murray, et le début de la saison 2016, presque tous les membres de l’équipe avaient été déracinés. Restait seulement Tyler Ennis, dans un rôle désormais secondaire, Zemgus Girgensons, Marcus Foligno et Rasmus Ristolainen, qui en 2014 faisait la navette entre la Ligue américaine et la LNH. On ne peut espérer du succès en collectionnant les joueurs à droite et à gauche. Le contrat de 42 millions pour sept ans offert à Kyle Okposo a sans doute provoqué son arrêt de mort.

Deux ans et demi plus tard, Tim Murray était congédié. L’arrivée en mai 2017 de son successeur Jason Botterill, un jeune DG apparemment rempli de promesses, a semé de l’espoir, mais bientôt trois ans plus tard, la désillusion est de retour.

Botterill a lui aussi voulu prendre des raccourcis. Jeff Skinner lui a donné 40 buts l’an dernier dans une transaction nettement à son avantage, mais lui offrir 72 millions pour huit ans l’été dernier ne constituait pas l’idée du siècle. L’embauche du gardien Carter Hutton n’a pas donné les résultats escomptés.

PHOTO TIMOTHY T. LUDWIG, USA TODAY SPORTS

Jeff Skinner

Il a cédé un choix de première ronde pour Brandan Montour, mais celui-ci semble avoir trouvé son élément et il aide les Sabres. Il s'agissait du choix des Sharks au 29e rang obtenu pour Evander Kane. Par contre, le choix de deuxième ronde pour Colin Miller ne rapporte pas comme espéré.

Mais peu importe ces décisions, vos décisions le jour du repêchage vous font gagner ou perdre.

Les Sabres repêchaient mal avant l’arrivée de Murray et Botterill. Ils comptaient deux choix de première ronde en 2012. Ils ont opté pour Mikhail Grigorenko (12e) et Nikita Zadorov (14e). Tom Wilson, Teuvo Teravainen, Tomas Hertl, Andrei Vasilevskiy et Brady Skjei étaient encore disponibles.

Avec le deuxième choix total en 2014, ils ont choisi Sam Reinhart. Pas un vilain joueur, au contraire, 65 points l’an dernier, en route vers 68 points cette saison, mais un certain Leon Draisaitl a été repêché un rang plus tard.

Jack Eichel faisait consensus au deuxième rang derrière Connor McDavid en 2015. Il a obtenu 82 points l’an dernier et il en a déjà 64 en seulement 50 matchs cette année. Il devra éventuellement prouver qu’il peut tirer ce club.

Alexander Nylander n’a pas constitué le meilleur des choix au huitième rang, devant Mikhail Sergachev, entre autres, l’année suivante. Au moins, Botterill a récupéré un bon défenseur Henri Jokiharju en l’échangeant à Chicago cet été.

On espère encore voir le centre Casey Mittelstadt, huitième choix au total en 2017, débloquer. On a pris la décision douloureuse de le renvoyer dans les mineures récemment. On va lui donner le temps.

PHOTO KIM KLEMENT, USA TODAY SPORTS

Casey Mittelstadt

Nick Suzuki, repêché au 13e rang cette année-là, semble désormais indélogeable au poste de deuxième centre chez le Canadien, mais il constitue une exception. Il est l’un des sept joueurs de cette cuvée avec Nico Hischier, Miro Heiskanen, Cale Makar, Elias Pettersson, Martin Necas et Robert Thomas à avoir un impact important sur son club cet hiver. Suzuki a un point de moins seulement qu’Hischier, premier choix au total, mais en sept matchs de plus.

Les plus optimistes à Buffalo peuvent toujours se consoler à l’idée de voir le septième choix au total en 2019, le centre Dylan Cozens, de joindre l’équipe l’an prochain. Premier choix au total en 2018, Rasmus Dahlin représente déjà une valeur sûre en défense. Qui sait si Buffalo ne gagnera pas l’un des trois prix de la loterie ?

Mais de l’espoir, on en promet aux fans depuis 2008…

À lire

Guillaume Lefrançois vise juste dans son analyse du match de jeudi soir. On peut se demander pourquoi rayer Jesperi Kotkaniemi de la formation dans un contexte où les chances de participer aux séries (malgré les victoires récentes) sont presque nulles. Au moins, on a renvoyé Cale Fleury dans les mineures vendredi matin. On devrait faire la même chose avec Kotkaniemi et Poehling.