Les histoires de joueurs de la LNH qui se désistent du match des Étoiles font jaser chaque année. Cette saison, Dylan Larkin a même imploré les partisans de ne pas voter pour lui !

Charles Hudon, lui, est l’unique représentant du Rocket de Laval au match des Étoiles de la Ligue américaine, disputé ce lundi. Le Québécois a déjà vécu l’expérience en 2015. Il a maintenant deux jeunes enfants. Et surtout, il souhaite s’établir de nouveau dans la LNH. Dans ces circonstances, on l’aurait compris de préférer rester à la maison.

Mais pas avec le programme qu’il s’est concocté !

C’est que la classique annuelle aura lieu à Ontario, en Californie. « La lointaine banlieue de Los Angeles n’a rien de bien sexy ! », protesterez-vous.

Peut-être, mais la ville d’Ontario a comme principal avantage d’être située à 45 minutes en voiture de Disneyland. Hudon a donc joint l’utile à l’agréable.

« Mon frère vient, les sœurs de ma femme aussi, avec les enfants de sa sœur, et ses parents. Ça va être le fun. On va aller à Disneyland ! a raconté Hudon, après la rencontre de mercredi à la Place Bell. Les enfants attendent juste ça.

« On a été à Orlando il y a deux ans, mais il faisait comme 50 degrés, c’était trop chaud. Elles vont vivre une expérience différente, et elles ne le vivront pas seulement avec nous. Elles vont le vivre avec leurs cousins, leur parrain, leur marraine, leurs grands-parents.

« Ma plus jeune [elle aura 2 ans en avril] va voir c’est quoi, l’avion. Ce n’est pas la première fois qu’elles le prennent, mais ça va être la première fois qu’elles vont le réaliser. La plus grande, toutes les semaines, elle veut partir en avion ! »

L’entraîneur-chef du Rocket, Joël Bouchard, a permis à Hudon de rester deux jours supplémentaires en Californie afin de profiter du congé avec ses proches. Hudon reviendra donc jeudi soir et pourra reprendre l’action le lendemain, sans manquer de match.

« En 2015 à Utica, c’était vraiment le fun. Ma femme, c’était la première fois qu’elle vivait un événement comme ça, donc c’est pour ça qu’elle a insisté auprès de sa famille pour venir. C’est le fun, c’est un show pour les partisans, je vais pouvoir leur parler même si je suis sur la glace. »

Tout le monde tripe, on a juste hâte d’y aller.

Charles Hudon

Pour y parvenir, Hudon devait toutefois se farcir un itinéraire costaud.

Le Rocket jouait à Binghamton samedi soir. De là, l’ailier gauche devait rouler quelque quatre heures pour gagner New York, d’où il s’envolerait pour Dallas, où il devait prendre un vol de trois heures à destination d’Ontario.

Il est par conséquent arrivé juste à temps pour le concours d’habiletés, où il a remporté le concours de tirs de précision.

En 2015, c’était au match en soi qu’il s’était illustré. Avec trois buts et une aide, il avait été nommé joueur le plus utile à son équipe.

Récompense méritée

Hudon n’a pas volé son invitation. En 34 matchs, il totalise 20 buts et 4 aides, pour 24 points. Ses 20 buts lui valent le huitième rang de la Ligue américaine, mais plusieurs joueurs devant lui ont disputé plus de matchs.

Il faut aussi remettre les choses en contexte. La saison 2018-2019 de l’Almatois – entièrement passée dans la LNH – s’était conclue de façon brutale. Il avait été laissé de côté match après match, sans exception, à compter du 19 février. Sa rencontre de fin de saison avec l’entraîneur-chef Claude Julien et le directeur général Marc Bergevin avait été rude ; il en était ressorti secoué au point qu’il avait été incapable de refouler ses émotions lors de sa mêlée de presse qui suivait.

« Il porte un A sur son chandail, et on ne met pas ça juste pour en mettre un, a rappelé Bouchard. Il n’a pas joué beaucoup l’an dernier, ç’avait été une fin d’année émotive pour lui. Mon message, c’était : tu as beaucoup de potentiel et on va travailler sur des choses ensemble, parce que tu es encore jeune et tu vas avoir une autre chance dans la Ligue nationale. »

On l’a vu encore, son talent est là. […] Il s’investit, ça se voit dans les questions qu’il pose. Il a acheté ce qu’on lui a dit et il en récolte de belles performances.

Joël Bouchard, entraîneur-chef du Rocket de Laval

Cet investissement, on le sent quand on demande à Hudon si sa participation au match des Étoiles cette année a une signification différente de sa première.

« Non, c’est la même chose. La seule chose que je me dis, c’est qu’en revenant, il faut remettre la switch pour participer aux séries. Je veux aider l’équipe à s’y rendre. Après le match, on va prendre deux jours pour relaxer et après, on va se remettre sur la job. »

Après avoir atteint la finale de la LHJMQ à sa dernière année junior, Hudon a participé à une seule série depuis son arrivée chez les pros. C’était avec les IceCaps de St. John’s en 2016-2017, et ça s’était réglé au premier tour en quatre matchs. On le comprend de penser aux séries.