Dans les années 90 et 2000, disputer plus de 70 matchs n’était pas réellement un exploit pour un gardien de but de la LNH. Dans les années 2010, c’était déjà bien plus rare. Et dans la décennie 2020, la chose fait carrément figure d’anachronisme.

Jusqu’ici cette saison, Connor Hellebuyck est apparu dans 35 des 42 matchs des Jets de Winnipeg. Il revendique 18 de leurs 22 victoires. S’il maintient cette cadence, il flirtera avec la fameuse barre des 70 rencontres, un seuil quasi inimaginable dans la LNH d’aujourd’hui, où la tendance est à l’allégement de la tâche des gardiens partants.

Depuis le début de la saison 2017-2018, personne n’a joué plus de minutes que l’Américain de 26 ans – il en revendique un peu moins de 9600. Au cours de la présente campagne, seuls Carey Price (tiens tiens !) et Frederik Andersen ont passé plus de temps sur la glace que lui. C’est toutefois le portier des Jets qui a reçu le plus de rondelles (1076).

Vu leurs récents insuccès — seulement 3 victoires à leurs 10 derniers matchs —, les Jets n’ont pas la saison dont ils rêvaient. Cela n’empêche pas qu’Hellebuyck se retrouve au cinquième rang de la ligue pour le nombre de victoires et qu’il se retrouve septième pour le pourcentage d’arrêts chez les gardiens ayant disputé 20 matchs et plus.

Son travail suscite l’admiration de ses coéquipiers, à commencer par Josh Morrissey, pilier de la défense des Jets.

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Josh Morrissey

« Il a été ni plus ni moins que spectaculaire », a-t-il souligné dimanche au Centre Bell après l’entraînement de son équipe.

À la veille d’un affrontement contre Carey Price et le Canadien, Morrissey trouvait tout indiqués les comparatifs entre le vétéran du Canadien et son propre gardien.

« Quand Price est à son meilleur, il est tellement calme que rien ne semble pouvoir l’ébranler. Quand "Helly" est devant le filet, c’est la même chose. Il a une présence imposante qui calme notre défense. Il a été notre grande vedette cette saison, et son invitation au Match des étoiles est entièrement méritée. »

Rythme à trouver

Hellebuyck, lui, ne se formalise pas de cette charge de travail.

« Je suis dans une très bonne routine, a-t-il dit. Je me pratique beaucoup, ce qui m’aide évidemment à m’améliorer, mais je prends aussi les matinées pour me reposer. C’est un équilibre à trouver, je gère bien mon énergie. Pendant des séries de victoires, ça devient très facile. »

Il affirme que pour lui, trouver son rythme et le maintenir est primordial. Il se soucie peu de la tendance en vigueur qui préconise une meilleure division du travail entre un partant et son adjoint.

« Des gars comme moi préfèrent un rythme élevé, d’autres pas. C’est différent pour chaque gardien », dit-il.

Les mauvaises langues diront que l’absence d’un auxiliaire fiable complexifie le scénario d’un partage des tâches plus équitables, mais n’allons pas là. Mentionnons seulement qu’avec seulement 4 victoires en 12 présences devant le filet des Jets, Laurent Brossoit n’a pas donné la tâche facile à son entraîneur Paul Maurice jusqu’ici.

Ce dernier mentionne par ailleurs qu’il n’était pas prévu qu’Hellebuyck voie autant d’action cette saison.

« Et il ne se rendra pas à 70 matchs », a-t-il assuré.

Quelle est la cible, dans ce cas ? « Moins que ça », a-t-il répondu, pince sans rire.

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L’entraîneur-chef des Jets, Paul Maurice

Plus sérieusement, Maurice, à n’en point douter l’un des entraîneurs les plus loquaces du circuit, a précisé qu’Hellebuyck « va toujours se battre pour jouer plus ». Ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, mais il importe pour le personnel d’entraîneurs de l’aider à s’épargner et à trouver le rythme qui lui convient.

« On travaille avec lui pour qu’il devienne, physiquement et mentalement, un gardien de but dominant, a ajouté Paul Maurice. Mais il ne jouera pas tous les matchs. »

Après une défaite frustrante au Minnesota et presque deux jours de repos, on peut tout de même s’attendre à ce qu’il affronte le Canadien lundi.