La communauté italo-montréalaise sera fière de voir Marco Scandella pour une première fois dans l’uniforme du Canadien samedi soir au Centre Bell. Mais dans le camp adverse, il y a un joueur qui générera un sentiment de fierté jusqu’à la mère patrie.

Ce joueur, c’est Thomas Di Pauli. Rappelé par les Penguins de Pittsburgh samedi matin, le jeune homme de 25 ans disputera son premier match dans la Ligue nationale.

Sa particularité : Di Pauli est né en Italie et c’est là qu’il a joué son hockey mineur jusqu’à l’âge de 12 ans. Selon la LNH, il deviendra seulement le 13e joueur né dans ce pays à disputer un match dans la grande ligue.

« J’ai reçu beaucoup d’appels et de messages de mes amis là-bas quand on a su que j’étais rappelé. Je veux les rendre fiers, car ils ont fait beaucoup pour moi en tant que personne et en tant que joueur », a déclaré Di Pauli, rencontré samedi matin au Centre Bell.

Pour saisir l’ampleur de son exploit, il faut rappeler ce que représente l’Italie sur la scène du hockey. Selon les données de la Fédération internationale de hockey sur glace, quelque 5200 joueurs et joueuses de tous les niveaux y ont joué en 2018-2019 ; c’est 12 fois moins que la Finlande (64 000), et 120 fois moins qu’au Canada (620 000). En fait, le bassin de joueurs y est comparable à celui du Danemark.

Cela dit, l’attaquant a grandi dans le nord du pays, non loin des frontières de la Suisse et de l’Autriche.

« Mon père nous a inscrits, mon frère et moi, à Caldaro, dans le nord de l’Italie, près de Bolzano. J’ai commencé à jouer à 3 ans. Bien des gens l’ignorent, mais il y a du très bon hockey dans le nord de l’Italie, a souligné Di Pauli. À 12 ans, j’ai commencé à penser plus sérieusement à vivre mon rêve de jouer au hockey collégial et professionnel, donc ma famille a déménagé aux États-Unis. »

La famille a mis le cap sur la région de Chicago, où il a joué au sein des équipes bantam, puis U16, avant de se joindre au programme de développement américain, puis à l’Université Notre Dame.

Mais c’est justement parce qu’il croyait en son rêve que la famille s’est expatriée. Car oui, même dans un pays pas réputé pour produire des joueurs de la LNH, il gardait espoir.

« Le hockey n’est pas aussi gros là-bas, mais tu dois bien commencer quelque part, n’est-ce pas ? Si je compare avec mes premières années, le hockey a vraiment progressé là-bas. Je pense que le succès viendra. Mais quand tu restes debout jusqu’à 1 h 30 du matin en raison du décalage horaire — je m’en souviens, je le faisais pour regarder Sidney Crosby jouer — tu rêves à la LNH. »

Sur la patinoire, il faut surtout s’attendre à beaucoup d’énergie. Di Pauli, qui compte 12 points en 22 matchs dans la Ligue américaine cette saison, devrait patiner au sein du quatrième trio. « Il amène beaucoup de vitesse, d’énergie, il est hargneux en échec-avant, il est responsable défensivement », a résumé de l’entraîneur-chef des Penguins, Mike Sullivan.

Il pourra aussi lancer quelques invectives à Scandella en italien, langue qu’il maîtrise couramment, tout comme l’allemand, la langue première dans son village. Di Pauli parle aussi un anglais parfait, et l’espagnol. Pas mal.

Passeport oublié !

Matt Murray obtiendra le départ devant le filet des Penguins. Son auxiliaire sera un certain Emil Larmi, fraîchement rappelé de l’ECHL. Pourquoi donc ? C’est le temps de sortir le maïs soufflé.

L’autre gardien des Penguins, Tristan Jarry, n’a pas fait le voyage à Montréal, parce que l’équipe joue de nouveau dimanche, à 17 h, à Pittsburgh, et il sera le gardien partant. Sullivan a voulu lui épargner l’aller-retour.

C’était donc Casey DeSmith, le gardien numéro 1 dans la Ligue américaine, qui devait être rappelé pour occuper le rôle d’auxiliaire. Sauf que DeSmith a égaré son passeport et n’a donc pas pu être rappelé, ce que les Penguins ont expliqué dans le communiqué annonçant le rappel de Larmi…

« Non, je n’ai jamais entendu une telle histoire, a admis Sullivan. On l’a appris vendredi soir. C’est dommage, mais c’est une erreur de bonne foi. Casey a vécu beaucoup de choses ces derniers mois, il s’est marié, a déménagé, il a été renvoyé à Wilkes-Barre. On ne s’y attendait pas, mais on doit composer avec la situation. »

La bourde de DeSmith ne lui coûtera rien financièrement, puisque son contrat de 1,25 million de dollars par saison est à un volet ; dans la LNH comme dans la Ligue américaine, il touche son plein salaire. C’est plus l’orgueil que le porte-feuille qui est touché.

Formation probable des Penguins

Galchenyuk-Malkin-Rust
Simon-McCann-Hornqvist
Aston-Reese-Blueger-Tanev
Kahun-Blandisi-Di Pauli

Johnson-Letang
Pettersson-Marino
Riikola-Ruhwedel

Murray